Qui suis-je ?

Avec l’album Qui suis-je, Philip Bunting récidive sur les thématiques existentielles, articulant connaissance et philosophie, déjà exprimées dans D’où je viens ? A une époque où la question de l’identité est sans cesse soulevée, un éclairage un peu distancié par l’humour peut aider les enfants à comprendre les débats.

L’auteur-illustrateur adopte une démarche rigoureuse qui part d’une signature sociale, le prénom, pour aller, étape par étape, au plus intime et insaisissable : la pensée, l’âme. Chaque double page ouverte par une question sur la page de gauche, ôte une « pellicule » d’humanité et explore une caractéristique de l’espèce humaine. Ainsi « est-ce que je suis mon prénom ? » précède « est-ce que je suis mon genre ? », « ma couleur ? », « ma peau ? », « mes muscles ? », « mes os ? » etc. Cette question à la première personne implique le lecteur, et le développement qui suit l’interrogation répond à la deuxième personne par un discours mi- professoral, mi- humoristique construit en deux temps : d’abord la prise en compte de la singularité avant de poursuivre sur l’universalité de l’espèce humaine, des émotions. Ainsi, à la question « est-ce que je suis l’endroit d’où je viens ? » la réponse est « L’endroit d’où tu viens peut te faire préférer les sushis aux spaghettis … » et la conclusion « L’endroit d’où tu viens est la Terre ».

Sur la page de droite, une illustration pleine page présente une silhouette qui, selon le thème traité (« les affaires que je possède », « les organes », etc.), est environnée, encerclée par des détails significatifs, et/ou une multitude d’objets possédés.

Philip Bunting partage avec le lecteur cette clé de l’album « Nous sommes tous une seule conscience qui se vit subjectivement » (Bill Hicks) et toute sa démonstration est une mise en images de la singularité de chacun avec humour et fantaisie, pour atteindre l’unicité et l’universalité du monde, tout en respectant la liberté individuelle, selon une conception morale très positive et assez classique de la philosophie occidentale.