Charles Dickens

Le petit Charles Dickens naît en 1812 dans le sud de l’Angleterre, de parents très sociables mais rattrapés par des dettes qui les poussent à déménager à Londres. Dès 12 ans, Charles apprend à se débrouiller seul. Il apprend la sténographie par se propres moyens, et devient reporter des séances du Parlement. Parallèlement, il vend ses premiers récits de fictions à des journaux. Bientôt, à 20 ans, c’est la gloire. Il épouse la fille d’un rédacteur en chef, et se dépense sans compter. Increvable, il cumule les activités, s’attelle à ses premiers romans, pour lesquels il puise dans sa propre vie, ses expériences. Il marche beaucoup, dans les rues ou la campagne, pour calmer sa nervosité et dompter son énergie. Philanthrope, il dépense tout son argent pour les autres, et se retrouve bientôt obligé à des conférences aux Etats-Unis, en Europe (il est désormais connu mondialement). Les lectures publiques de ses romans – c’est un orateur hors pair – vont souvent renflouer ses finances. Il quittera sa femme, sous-estimant le scandale afférent et aura un second foyer en France avec une jeune actrice. Il décèdera d’épuisement, et des coliques néphrétiques qui le terrassent depuis l’enfance, en 1870.

Marie-Aude Murail adopte une écriture « à la Dickens » pour parler de cet auteur, et le procédé est particulièrement réussi. Le ton est vif, beaucoup de passages sont dialogués. Une complicité permanente du narrateur avec le lecteur relance la lecture régulièrement. Voici par exemple une intrusion malicieuse du narrateur, digne de Dickens : « Les enfants sensibles et inquiets laissent souvent traîner une oreille, surtout quand les adultes baissent la voix » (p. 17). Un livre ludique à lire donc, même si la vie racontée est finalement assez triste (pauvreté, surmenage, morts des proches…) !

En fait, un narrateur externe, qui ne pénètre jamais dans les pensées de Dickens, nous rendent ce dernier un peu éloigné de nous. Marie-Aude Murail construit une espèce de théâtralité (c’était certes son choix) qui atténue une part des émotions. L’Angleterre de l’époque était tout sauf facile à vivre, Dickens a suffisamment souffert, mais il apparaît ici comme un forcené qui ne cesse de s’agiter, une espèce de marionnette à la volonté herculéenne, et moins comme un homme sensible…

L’auteur a choisi peut-être de faire passer cet aspect important de la personnalité de Dickens par les résumés et les extraits de ses romans, nombreux et à apprécier. Le livre est émaillé de private jokes pour les connaisseurs, et devraient inciter le jeune lecteur à se pencher sur l’œuvre présentée ainsi.

Le récit est divisé en chapitres titrés comme ceux de l’illustre auteur anglais (« Où Charles Dickens (Que Dieu lui pardonne tous ses défauts !) devient notre héros »…). On se laisse prendre par le ton et l’écriture dynamiques, mais la biographie à strictement parler perd en clarté, le lecteur a du mal à séparer les périodes de la vie de Dickens. Peut-être aurait-il fallu une petite chronologie récapitulative à la fin ? Il n’empêche que cet ouvrage à la langue savoureuse est un plaisir à conseiller !