Espèces de monstres !

Cela part d'abord des photographies d'Olivier Thiébaut, magicien du bricolage, virtuose de la récupération flamboyante. Ses animaux empaillés et ses couronnes dorées attirent irrésistiblement l'œil... Il nous offre ici une galerie de monstres, décrits sur l'autre page en quelques vers par un François David qui dépasse très vite le cadre des apparences. Les monstres du duo peuvent en effet être des métaphores, comme ce « Monstre fumeux » constitué des émanations de gaz en ville. L'accent est résolument écologiste, et de page en page nous découvrons les sacs plastique ou le goudron dans la mer, le béton qui cache la vue... « Le monstrueux progrès » se tempère toutefois, mauvais seulement lorsqu'Einstein devient Frankenstein.
Et puis, il y a les autres monstres, rigolos mais pas trop, à contempler dans les détails du montage photographié. Il est évident que le duo a travaillé de concert, car le texte du « Monstre encyclopédique » ne se comprend qu'au regard de son illustration. L'ensemble est brillant, mais aussi ardu et quand même pessimiste quant à la nature humaine, cette perfide... J'ai aimé la fin en forme d'ouverture, « Chacun son monstre » : « Nous avons tous un monstre / rien qu'à nous et qui nous épouvante : Terrible lorsqu'il surgit / nous aimerions nous tapir dans un trou / de souris ». Un album esthétique et singulier à faire réfléchir dès 11 ans.