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Age-cible

Je reviens de mourir

Roman
à partir de 14 ans
: 2848652039
8.50
euros

L'avis de Ricochet

Si cette collection s’adresse aux adolescents de plus de 14 ans, ce roman ne devrait pas en faire partie. Très dure, l’histoire de « Je reviens de mourir » est intéressante, mais violente dans ses mots, ses faits et ses images. Pas d’espoir en vue pour les personnages. Rien que du néant. « Au commencement était le vide », écrit Antoine Dole. A l’arrivée, on n’a malheureusement que la mort. « Il était une seule fois. Pas le droit de se planter. Une seule vie dans le barillet pour viser un destin », écrit encore l’auteur. Difficile de dire ça. Car il y a toujours une seconde chance, parfois même une troisième, et d’autres encore.

L'avis des internautes

Les avis exprimés ci-dessous n'engagent que leurs auteurs
le 07/09/2008 12:09

Réponse de Pascale Pineau :

Proposer de nouvelles voix, d’accord. Prendre en compte la culture multimédia de notre époque, d’accord. Proposer aux jeunes des romans inventifs, modernes, de qualité, qui bousculent. Encore d’accord. Qu’un adolescent veuille découvrir un roman de la collection Exprim’, pourquoi pas ! Un grand ado est capable d’aller d’un rayon à l’autre dans une librairie ou une bibliothèque. Heureusement, il est libre de choisir ses lectures. Quant à placer « Je reviens de mourir » dans le secteur jeunesse, c’est autre chose. Peut-être est-ce de la censure, mais alors à quoi sert la loi de 1949 ? Pourquoi conserver deux secteurs : celui de la littérature générale et celui de la littérature jeunesse ? N’y a-t-il pas en jeu une question d’éthique, d’engagement et de responsabilité ? Pourquoi jouer avec la loi (qui ne figure pas sur le livre d’Antoine Dole) mais vouloir quand même placer ce livre dans le secteur jeunesse ?
Un roman se distingue par son style, sa voix, sa vision du monde. Invitée à porter un regard sur « Je reviens de mourir », je me suis interrogée sur tout cela. Seulement le positionnement de l’auteur, la structure du récit, les limites de ce texte un peu brut (sans grande pluralité de voix, de réflexions et de questionnements) m’a incité – et m’incite toujours – à penser qu’il a sa place en librairie, mais pas spécialement en jeunesse. Et si un roman s’adresse à tout le monde, pourquoi les éditions Sarbacane précisent que la collection Exprim’ est une collection de romans urbains des 15-25 ans ? Finalement, nous sommes d’accord (à peu de chose près), la question ne serait en fait que commerciale, concernerait le choix du réseau de vente approprié...

le 06/25/2008 06:56

Réponse de l'éditeur :

Smells Like Teen Spirit

Que signifie le mot « jeunesse » ? C’est, selon nous, la question qui doit présider à toute démarche éditoriale effectuée dans ce secteur.
À ce titre, il nous a semblé urgent et important, suite au débat amorcé sur les « romans ado » dans le numéro 50 de la revue Citrouille, de repréciser ici notre position, les idées et les convictions qui nous ont amenés à lancer la collection EXPRIM’, et à défendre tous les titres qui y sont parus.
Le roman d’Antoine Dole, Je reviens de mourir, ayant fait l’objet d’une polémique particulièrement vive, nous tenons aussi à expliquer pourquoi nous sommes fiers de l’avoir publié, et convaincus qu’il mérite sa place sur les tables des librairies jeunesse.

Que signifie le mot « jeunesse » ? En fait, cette question s’est imposée à nous en même temps que les trois premiers romans de la collection EXPRIM’, dont nous avions jeté les bases au cours d’un passionnant débat d’idées sur la modernité de la littérature, l’explosion des cultures urbaines, la nécessité de remettre la question du langage au cœur des problématiques éditoriales, et l’ambition de proposer de nouvelles voix à ceux que nous allions appeler les « nouveaux lecteurs ».
Nous venions de découvrir le manuscrit de Treizième Avenir, de Sébastien Joanniez, lors d’une réjouissante lecture scénique donnée devant un parterre de jeunes et d’adultes captivés ; un hasard providentiel nous avait permis, au détour d’un coup de fil passé au label Desh Music, de rencontrer Sarcelles-Dakar, d’Insa Sané. La fille du papillon d’Anne Mulpas nous était arrivé par la poste, épousant comme par magie toutes les problématiques que nous avions soulevées : rapport ludique et créatif au langage, refus des codes du roman-miroir, jeux d’écriture, de structure et de typographie… La collection EXPRIM’ naissait sur ces trois axes, conjuguant veine urbaine, héritage surréaliste et métissage truculent du genre romanesque, de la poésie, du théâtre, du slam, du cinéma, de la musique et de la BD.
Il était clair que nous avions affaire à une nouvelle génération d’auteurs, nés avec la culture multimédia et désireux de nourrir la littérature d’autres modes d’expression artistique, tout en l’inscrivant dans son époque. À notre idée, il allait ainsi de soi que ces trois romans étaient animés d’une « jeunesse » littéraire et que, par conséquent, ils toucheraient en priorité les jeunes, lecteurs de demain, lecteurs curieux et désireux d’être déroutés. Et pourtant, ces romans n’avaient pas été écrits ni spécifiquement formatés « pour eux ».
C’est alors que nous avons réfléchi à l’acception de ce mot : « jeunesse ». Pourquoi, lorsqu’il est accolé au mot « livre », dans l’expression « livre jeunesse », ce mot renvoie-t-il uniquement à l’âge du lectorat, alors que partout ailleurs il est synonyme de renouveau, d’énergie, de désir, de curiosité ? Par exemple dans la rue, où la jeunesse « emmerde le Front National » ; dans les concerts, où elle veille tard ; sous la plume d’écrivains comme Dos Passos, où elle est « un regard en alerte, des sens aux affûts, des oreilles aux aguets » ?
Peut-on se satisfaire du fait que les jeunes, passé l’âge du « roman ado » traditionnel, peinent à trouver des romans qui les excitent ou les remuent autant qu’un film, une série TV ou un CD ? Peut-être, avons-nous alors songé, faut-il prendre le problème par l’autre bout : au lieu de proposer des romans « pour jeunes », censés les séduire par le choix des thématiques abordées, osons ces romans dont la modernité et l’inventivité entrera en résonance avec la jeunesse, des romans rapides, pleins d’audace, détonants, subversifs.
Nous savons que cette nouvelle acception du mot jeunesse, ne se référant plus spécifiquement à l’âge du lectorat mais plutôt à un état d’esprit, vient chahuter les frontières actuelles de ce secteur : un adulte curieux de nouvelles formes littéraires sera tout aussi intéressé de découvrir les romans EXPRIM’ qu’un grand adolescent ou un jeune adulte. La loi 1949, au vu de cette acception du mot, devient du même coup hors cadre.
Certains prescripteurs préféreraient nous envoyer dans le secteur adulte plutôt que de nous accueillir dans un secteur jeunesse repensé. À les entendre, nous aurions « peur » de nous risquer en adulte. D’ailleurs, ajoutent-ils, les adolescents qui le souhaitent pourront toujours trouver nos romans dans le secteur adulte.
Mais ce constat n’est-il pas triste ? Le réseau jeunesse ne devrait-il pas être justement, plus que tout autre, le territoire des nouvelles générations ? Est-ce que ce n’est pas justement là que les choses devraient bouger ? Passé quinze ans, un lecteur n’a certes pas besoin d’être « tenu par la main », et il n’est pas question de « garder un œil » sur la jeunesse. En revanche, ne peut-on pas ouvrir un territoire, une zone libre où les jeunes pourront trouver tout un panorama de propositions romanesques excitantes ?
Si on pense le contraire, il faut accepter de reconnaître que les grands ados « ne vont pas en jeunesse », et se dire qu’ils iront se « débrouiller en adulte » tout en sachant que ce n’est pas le cas. Et qu’entre le dernier Nothomb et le prochain Angot, ils pourront bien avoir le sentiment que la littérature est un lieu rigide, sans lien avec le bouillonnement culturel de notre époque. De leur époque.
Car enfin, cette nécessaire évolution du réseau jeunesse répond bien à une attente de la part des lecteurs ! Et d’ailleurs, elle correspond bien à un discours de plus en plus récurrent dans les salons, les bibliothèques et les librairies : d’autres éditeurs, comme le Rouergue, Le Navire en pleine ville ou Thierry Magnier, l’appellent aussi de leurs vœux. Comme nous, ils plaident pour l’apparition de nouveaux rayons (« jeunes adultes », « passerelle », « nouvelles littératures ») qui, accueillant toutes formes de propositions romanesques innovantes, passionneront les jeunes.
De livre en livre, au fil des salons et des rencontres en bibliothèque ou en lycée, notre vision de notre lectorat s’est affiné ; notre discours éditorial aussi. Si nous avons dû parfois – par souci d’être compris (et sans doute à tort !) – recourir à l’expression « 15-25 » pour définir ce lectorat qui souhaitait découvrir du nouveau en littérature, nous n’avons jamais perdu de vue l’idée selon laquelle la jeunesse à laquelle nous faisons référence ne se découpe pas en tranches d’âge, mais se pense comme l’état d’esprit d’un nouveau courant littéraire, celui de ses auteurs et ses lecteurs.
Ainsi, quand le mot « jeunesse » – à ne pas confondre avec le mot « enfance » – signifiera dans la librairie ce qu’il signifie partout ailleurs, trouvera-t-on normal de découvrir, en jeunesse, un roman de Bret Easton Ellis aux côtés des opus d’Antoine Dole, Marcus Malte, Insa Sané ou Guillaume Guéraud. Alors, la littérature jeunesse ressemblera à la jeunesse : elle sera déroutante, énergique, subversive.

C’est dans cet état d’esprit que nous avons publié Je reviens de mourir d’Antoine Dole. Un roman que nous avons choisi selon des critères littéraires. Un roman éblouissant du point de vue de l’écriture, les allitérations rugueuses venant, tout comme les ruptures de rythme et les déconstructions syntaxiques, forer une problématique contemporaine, celle de l’incommunicabilité et du dysfonctionnement des relations sociales, amoureuses, sexuelles. C’est d’ailleurs sur des critères littéraires, et non moraux, que nous aurions aimé voir critiquer ce roman.
Reste qu’il nous faut répondre à la double- accusation de « roman misogyne » et de « roman voyeur ».
La misogynie d’abord. Est-ce que Je reviens de mourir, sous prétexte qu’il met en scène, à travers une histoire, une situation de violence entre les sexes, « véhicule » une vision misogyne ?
En ce cas, allons jusqu’au bout des choses : lorsque Flaubert présente son Emma comme une inconséquente, incapable de faire la part entre le réel et la fiction – croyant tant aux romances des « mauvais livres » qu’elle veut les vivre à son tour –, l’écrivain abaisse-t-il l’image des femmes ? Et lorsqu’il la fait agoniser sur plusieurs dizaines de pages, prenant un malin plaisir à torturer son personnage, ne serait-il pas un brin misogyne et complaisant ?
Réponse : NON. Un écrivain de roman fait parfois subir mille et une violences à ses personnages, soit pour dénoncer cette violence, soit simplement pour la décrire, soit pour avouer la fascination qu’elle lui inspire, soit pour d’autres raisons encore. Le fait de montrer une situation de violence, d’humiliation ou de déchéance physique ou morale ne revient pas à la cautionner.
Vient ensuite l’accusation de voyeurisme. Celle-ci est censée étayer la première : la différence entre Flaubert et Dole, ce serait le regard porté sur l’héroïne ; Antoine Dole serait voyeur, Flaubert non. Car Flaubert, lui, serait dans l’empathie, il s’identifierait à son héroïne. La preuve, il a écrit : Madame Bovary, c’est moi. LA citation.
Mais enfin, qui peut sincèrement croire Flaubert capable d’énoncer un poncif tel que « Je m’identifie à mon héroïne » ? En lisant ses correspondances, en relisant son œuvre de près, on verra que Flaubert marque sans cesse une immense distance avec Emma, et ce afin de condamner, non pas ses agissements moraux, mais son attitude de lectrice – celle qui l’amène à s’identifier aux héroïnes des « mauvais livres ». Cette distance est d’ailleurs l’argument qui épargna à Flaubert, en 1857… la censure.
Distance. C’est la clef de voûte de cette question. Antoine Dole est écrivain et, de ce fait, tout comme Flaubert, il marque une distance avec son héroïne. À la différence du témoignage (ou récit, ou « document »), qui est fondé sur l’empathie, le roman se définit par la distance que met l’auteur entre son sujet et lui – la fameuse distance romanesque.
Cette distance, ce n’est pas celle du voyeur – terme qui découle d’une vision moraliste de la littérature – mais celle du « voyant », au sens où l’entendait Rimbaud. En tant qu’écrivain, Antoine Dole se soucie surtout d’écrire et, via la fiction, de livrer une vision du réel. Devient « voyeur », alors, le lecteur qui ne peut voir… sans se donner l’impression de voir ce qu’il ne devrait pas.

Nous pensons que lire le mot « Putain » ne revient pas à l’entendre ou à le prononcer ; que lire une scène de viol, ce n’est pas la même chose que la vivre. Il nous semble que la magie de la lecture tient justement à ce que, exigeant du lecteur un effort intellectuel, elle lui permet de ressentir les situations tout en conservant une distance. Celle qui est inhérente à la fiction.
Dès lors, si la violence entre les sexes existe – et n’est donc pas « fantasmagorique » –, nous ne comprenons pas pourquoi la littérature ne pourrait pas s’en emparer ; les jeunes, que cette violence concerne, nous semblent capables de faire la part entre fiction et réel. Nous ne pensons pas non plus qu’un livre puisse « donner aux lecteurs l’horizon du suicide ». Ou alors, il faudrait croire qu’un adolescent lisant L’étranger d’Albert Camus risquerait de tuer le premier Arabe qu’il croiserait… l’auteur n’ayant pas ajouté la mention Don’t do it at home.
À nos yeux, Camus n’apprend pas à son lecteur à tuer, pas plus qu’Antoine Dole ne lui apprend à se suicider. En tant qu’écrivains, leurs questionnements ne sont pas moraux, mais littéraires. Lire n’apprend pas « à vivre » – pas dans ce sens-là.

Frédéric Lavabre directeur des Editions Sarbacane, Emmanuelle Beulque directrice éditoriale, Tibo Bérard, directeur de collection eXprim’

le 04/29/2008 13:00

J'ai lu ce livre parce qu'il fait polémique. Publié dans la collection eXprim' de l'éditeur Jeunesse Sarbacane, il est, si l'on en croit la collection, destiné aux 15-20 ans. Beaucoup de professionnels du livre (libraires, bibliothécaires, documentalistes de collèges ou de lycées) ne comprennent pas ce que ce roman fait dans une collection jeunesse. Ce livre est dur, très cru, sans espoir, violent, extrêmement explicite dans toutes ses scènes de prostitution, et pourtant pas si mal fait. Car il parle aussi d'une réalité, peut-être pas si fréquente, mais qui existe. Mais est-ce vraiment à donner à lire à des adolescents ?
Après échange avec des collègues, nous ne le prêterons pas aux moins de 16 ans.

le 04/18/2008 23:30

Ce roman fait partie de cette collection car il s'adresse justement à des ados de plus de 14 ans... et aussi aux adultes, jeunes ou non, c'est une évidence. Et il arrive que l'écriture transcende, comme c'est ici le cas, le néant qui habite les personnages.

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