La messagère de l’au-delà

Le destin d’Anne Green, pendue en 1650 pour infanticide puis "ressuscitée", a de quoi captiver le lecteur. A travers l’histoire vraie de cette jeune femme, c’est toute une époque qu’à su retranscrire Mary Hooper, celle de l’Angleterre puritaine du 17° siècle où les injustices sociales s’ajoutent à celle faite aux femmes. Elle nous donne également à comprendre la médecine d’un autre temps, encore très inféodée à la religion, où le corps et l’âme n’ont pas délimité leurs frontières.
La forme du récit est très efficace : tandis que l’on découvre, chapitre par chapitre et par Anne elle-même, ce qui l’a conduit à la potence, on assiste en parallèle à ce qui devait être un cours d’anatomie et qui se transforme en une longue et difficile réanimation. Passionnant, édifiant, difficile parfois, un roman historique comme on en souhaiterait davantage. (Croq'livre)

Seconde critique :
Dans l’Angleterre puritaine de 1650, la jeune Anne Green est pendue pour avoir prétendument commis un meurtre sur son nouveau-né. En réalité, cette naïve jeune servante a été abusée par le petit-fils de son maître, et a fait une fausse couche. Des médecins d’Oxford s’apprêtent à disséquer pour la science son cadavre, lorsqu’un jeune étudiant bègue, Robert, remarque d’infimes signes de vie chez Anne…
Mary Hooper s’est inspirée d’une histoire vraie pour écrire ce roman au succès assuré. Dans la première partie, les chapitres alternent entre une narration omnisciente autour de la table de dissection, centrée sur le sensible Robert (Anne lui fait penser à sa mère disparue trop tôt), et un récit par la jeune fille qui se croit morte de ses mésaventures passées chez les Reade. Ce faisant, avec des coupes bien placées, Mary Hooper entretient l’intérêt du lecteur : que va-t-il se passer ? Que s’est-il passé ? La deuxième et courte partie marque le réveil d’Anne, sa convalescence et la guérison de Robert. L’histoire au départ tragique finit donc bien, mais deux siècles plus tard, Tess d’Urberville (Thomas Hardy, 1891) ne pourra pas en dire autant : de la domination du masculin et/ou de la richesse sur la femme… La Messagère de l’au-delà est aussi un témoignage documenté sur la vie quotidienne au XVIIème siècle dans les campagnes anglaises, et pose encore clairement la question des difficiles progrès de la science face à des préjugés tenaces et une religion aveugle. Riche et captivant, bien écrit, ce roman se lit d’une traite ! (Sophie Pilaire)