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Date de publication
Age-cible

Peau de clown

Roman
à partir de 15 ans
: 9782874230264
7.00
euros

L'avis de Ricochet

Kamel et Rémi, seize ans, sont inséparables. Ils partagent tout : les joies, les peurs, les fous rires, les filles, les rêves… Le rêve de s’envoler pour le Kenya. Pour l’argent facile, ils commencent à braquer des voitures, volant et revendant les autoradios. Mais le 8 août 1995, à 23h26, leur vie bascule : un homme armé les surprend et tire sur Rémi qui tombe, mort. Réflexe de douleur et d’amitié, Kamel tire à son tour et abat l’homme. Puis la cavale commence. Grâce aux gens du quartier, ravis de dénoncer et de passer pour des héros, Navarro identifie rapidement le coupable. Kamel fuit, à la limite de la folie, et trouve refuge dans les branches d’un arbre. Enfin, il en descend pour rejoindre un campement installé à côté. Piotr, homme de cirque, sa femme Helena, et toute la troupe, jusqu’au lion Nestor, l’accueillent. Doucement, tacitement, Kamel prend sa place. Au fil des années, il met au point un numéro de funambule. Là, entre ciel et terre, déchiré entre sa culpabilité et son rêve d’une vie nouvelle, il s’approche un peu Rémi… jusqu’au saut final.

Peau de clown, paru en 2002 aux éditions Memor (collection Couleurs) est aujourd’hui réédité chez Mijade. Il avait été sélectionné pour le prix Ado-Livres du roman-miroir 2003. Alors que le graphisme enfantin de la précédente collection desservait le roman, il profite aujourd’hui d’un visuel plus « ados », et trouve sa place dans une collection de romans de plus en plus riche et audacieuse.
L’écriture de Nicolas Keszei, incisive, travaillée, porte ce roman au-delà du genre « pour ados ». Bien qu’il donne la parole à Kamel, il ne tombe pas dans la facilité du « parler jeune ». Le style est plein de poésie et de force, on y sent la rage contre le destin. « Agenouillé, humilié, fauché dans ma candeur, je pleure comme un gosse. Je pleure ce gosse qui ne sera plus. Je pleure mon meilleur ami, ce presque frère apporté par le ciel, emporté par l’homme. Je l’embrasse à m’en étouffer. Ma sueur dans son sang est la pire des larmes. » (p.24)
Le récit est construit en deux parties : mort/cavale – renaissance/mort. Même au cirque, sa nouvelle famille, le parcours de Kamel est entouré par la mort : celle de Grégor, le fils trapéziste perdu que Piotr et Helena croient remplacer, et celle de Rémi, impossible à oublier. L’auteur n’essaye pas de nous faire croire à un « on efface tout et on recommence » trop facile.
Le jeu des narrateurs est original : la parole est alternativement donnée à Kamel, Piotr et Nestor. Leurs voix mêlées tissent un destin tragique.
La parole du lion, l’univers du cirque donnent au roman des airs de conte, équilibré par le contexte très réaliste des premières pages. Grâce à ce mélange des genres savamment dosé, on lit un roman d’apprentissage sans que le message ne soit appuyé par de grands discours.
Un beau roman plein d’émotions, porté par une écriture forte. A découvrir ou redécouvrir.

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