Champignon Bonaparte

Ouvrage coédité avec Patrick Couratin

« A force d’embêter tout le monde, on finit par se retrouver tout seul ». Voici le nouvel album de Gilles Bachelet qui, après le Singe de Buffon et l’éléphant déguisé en chat, s’attaque cette fois-ci au champignon et à la campagne napoléonienne. On pourrait croire qu’il n’y a aucun rapport. On aurait raison, mais c’est peut-être cela qui est réjouissant. Car dans ce nouvel album, on rit beaucoup tant des dissonances entre l’image et le texte, que des détails qui fourmillent à chaque page. La vision du monde de Gilles Bachelet est étonnante : il donne tout à la fois une leçon d’histoire, de biensaiance et de franche rigolade. Car de toute évidence, l’illustrateur aime jouer avec les images, les détourner, les recomposer. On s’arrêtera sur ces grands tableaux double pages : là une chambre d’enfant (vers la Corse) où s’amoncelle des jouets, ici le sacre de Champignon Bonaparte, version David ou encore la campagne de Russie, version poupée russe. Entre ces « fresques », l’illustrateur dédouble son propos : un texte très sobre, presque documentaire, et une succession d’images qui, bien entendu, contredit le propos à toutes situations nouvelles. Il ne faudrait pas oublier la citation : celle bien réelle et celle fictive, propre au travail de Bachelet. Bref, du travail d’orfèvre pour un album joyeux et divertissant.