Blanche et l’Oeil du grand khan

L’épisode de la Commune terminé, Blanche est revenue à Paris. Elle est amoureuse d’Alphonse, futur ingénieur. La jeune femme n’a pas perdu son goût du mystère, et reprend contact très rapidement avec son oncle le commissaire Gaston Loiseau. La voilà bientôt sur les traces d’une bague, l’œil du grand khan, objet de convoitises du cartel criminel de l’Hydre, du roi des miséreux de Paris, et… d’Adolphe Thiers. Elle recoupe plus ou moins l’enquête de son oncle, évite mille dangers dans tous les recoins de Paris. La justice triomphera, et la bague rejoindra le fond de la Seine.
Comme dans le premier tome, l’intrigue policière est très aboutie, complexe sans tomber dans l’invraisemblance. Blanche est toujours aussi attachante, partagée entre son amour pour Alphonse et celui de l’enquête. Les sentiments personnels de l’héroïne sont cette fois-ci davantage exploités, et Blanche prend corps, avec quelques descriptions de son apparence physique. Elle est devenue femme, songe à se marier (« Blanche Paichain ou Blanche Petit née Paichain ? se demanda-t-elle avec sérieux. », p. 303). Les autres personnages sont également plus étoffés : un commissaire qui s’oppose au pouvoir hypocrite, un amoureux transi, une mère-poule inquiète… L’exposition de leurs faiblesses les rend d’autant plus humains. Le Paris des années 1870 est largement crédible, on plonge dans les différentes sphères de la criminalité qui avait toute les chances de se présenter ainsi à l’époque (organisation systématique par activités, us et coutumes spécifiques…). Parallèlement, le mariage de la sœur de Blanche, avec un déjeuner au bord de l’eau, est extrêmement savoureux, et rappelle irrésistiblement Renoir père et fils. Que dire encore d’un Gaston Loiseau piquant une tête dans la Seine… Cet ouvrage réussi n’est pas une simple suite mais une variation subtile : Hervé Jubert ne tire pas les ficelles d’une série, il réalise un vrai travail d’écriture.