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Date de publication
Age-cible

Les Giètes

Sélection des rédacteurs
Roman
à partir de 15 ans

L'avis de Ricochet

Dans son studio d’une maison médicalisée, un vieil homme retrouve son journal, témoignage de sa vie de militant communiste et d’amateur de Flaubert. Il le reprend, écrivant ce que nous lisons aujourd’hui. Entre ses souvenirs et un présent rythmé par les visites de son petit-fils, le narrateur n’a rien perdu de l’esprit critique de sa jeunesse…

Les giètes, comme nous l’explique le narrateur page 100, ce sont les jours « au-delà » de la période de gestation estimée pour une vache (un régionalisme ?). Et le vieux monsieur rit, un peu amer, de faire « des giètes sur la mort ». Voilà bien résumé le ton du roman de Fabrice Vigne. Mais il ne faudrait pas croire que notre septuagénaire se complaît dans le repli sur soi : bien au contraire, il observe son environnement et c’est envers celui-ci qu’il a à dire. Le plus souvent à redire, en fait. Rien ne lui échappe ; son regard est féroce, sur les autres habitants de la maison, sa nouvelle voisine très pieuse, le maire démagogue (une scène d’anthologie avec les enfants des crèches, pp. 79-82). Au fil de sa pensée et des menus événements de la maison, il revient finalement assez peu sur son passé personnel, préférant disserter sur le communisme ou la correspondance de Flaubert, osant des comparaisons et des rapprochements audacieux. Dans un second degré fin, il apparaît que ce collectionneur de notices nécrologiques n’est pas seul à juger les comportements des autres : l’auteur se moque du moqueur, en pointant la plume sur ses habitudes inconscientes de vieil homme. C’est une personne solitaire, habillée dès le matin pour une invitation à midi, vivant autour des visites de son petit-fils, curieux de sa vie sentimentale. Chez le lecteur, la tendresse triste affleure… vite oubliée au prochain trait de plume acéré de notre héros ordinaire. Fabrice Vigne a su se glisser habilement dans la trame des photographies qui lui ont été confiées : c’est en effet le principe de la nouvelle collection Photoroman de Thierry Magnier. Pour entourer les morceaux de vie quotidienne de la grand-mère russe d’Anne Rehbinder, il a choisi la voie du personnage artiste-photographe (le petit-fils). Des photos brutes, sans visages, comme volées, que « pépé » n’aime pas trop mais qui disent bien toute l’ambiguïté de la vieillesse. Les Giètes rendra triste, apitoyé ou bien heureux selon l’âge à lequel on le lira, mais jamais indifférent. Laissons le mot de la fin à « Maximilien Bertram, sain de corps et d’esprit, si on ne cherche pas la petite bête. » (p. 44)

L'avis des internautes

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le 03/24/2007 19:42

Quelle fraîcheur, magistralement beau... Un texte qui sonne si juste !!

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