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Date de publication
Age-cible

Chevalier B.

Sélection des rédacteurs
Roman
à partir de 13 ans
: 2848651652
9.00
euros

L'avis de Ricochet

Dans la campagne auxerroise, Barnabé Bouton rêve de l’inaccessible belle du village, Rosa. Pour plaire à l’élue de son cœur, poussé par le chromo de Saint-Michel au-dessus de son lit, il se transforme en chevalier des temps modernes. La nuit, chevauchant sa mobylette, il libère des volailles d’une usine, décime un champ de maïs transgénique, sauve des veaux de l’abattoir. La police le repère, l’arrête. Sorti de prison, il apprend le départ de Rosa pour les lumières de Paris. Barnabé ronge son frein quelques années, puis va chercher Rosa et revient avec… le nourrisson de la jeune fille. Excellent père, il élève P’tit Noyau dans le respect et l’amour de la nature. Alors, l’enfant supportera-t-il le retour brutal à Paris avec sa mère ?

Cette belle histoire oppose évidemment un milieu rural peut-être à la limite de l’archaïque mais stable, à Paris, le miroir aux alouettes, la grande ville mère de tous les vices. Le personnage éponyme Barnabé y rajoute sa façon de voir le monde, estimant plus profondément que le « sauvage », qui se réveille la nuit, vaut davantage de considération que l’homme. Seulement entouré de sa vache Espoir, de P’tit Noyau, l’enfant innocent, et éventuellement de la présence taiseuse de son grand-père, il est heureux. Personnage extrêmement attachant, doux et obstiné, Barnabé est bien un vrai chevalier qui sauve l’orphelin (l’enfant de Rosa) et l’opprimé (les animaux qu’il libère).Son prénom même l’encourage à la générosité et l’écoute des autres : étymologiquement, il signifie « fils de la consolation ». On pourrait le trouver un peu simplet dans sa course après Rosa, mais le narrateur externe, en suivant ses réflexions par un processus quasi-constant de discours indirect libre, nous introduit dans son univers que l’on découvre cohérent, pétri de justice et de poésie (« Barnabé tord le cou en passant aux petits dragons du désespoir envoyés en mission spéciale dans son mental démoli par l’absence de Rosa. », p. 103) : le jeune homme se bâtit sur des valeurs tout à fait personnelles. On appréciera encore Chevalier B pour sa superbe écriture toujours proche de l’oral ou de la pensée (selon le principe de la collection). Que ce soient avec les paysans parlant par proverbes censés expliquer la vie, le grand-père qui exprime beaucoup en très peu de mots, Barnabé avec son imaginaire foisonnant, la langue sonne juste, attendrit et entraîne le lecteur. Les passages de récit intègrent directement exclamations et onomatopées dans de longues phrases rythmées : « Le vieux marmonne quelque chose qui ne trouve pas le chemin de ses lèvres mais son silence n’entame pas l’enthousiasme de Barnabé qui cric crac croque dans la tablette de vraie vie qui se prépare. » (p. 95). La fin douce finit de nous rendre proches ce héros hors-normes et sa province rurale, à laquelle il donne l’occasion, une fois n’est pas coutume, d’occuper le devant de la scène.

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