La Disparition d’Anastasia Cayne

Anastasia Cayne vient juste d’arriver avec sa famille dans une petite ville américaine que l’aura de mystère qui l’entoure séduit déjà le narrateur. Ils vont sortir ensemble, et le garçon n’en finit pas de faire le tour de la personnalité d’Anastasia, jeune fille cultivée qui écrit des nécrologies fictives, envoie constamment des courriers posant des questions bizarres, des petits objets à transmettre ensuite à d’autres… Mais un jour, Anastasia disparaît, dans une mise en scène élaborée. Le narrateur va mener une enquête à partir de messages codés d’Anastasia dont il s’imagine qu’ils sont des clés pour la retrouver.
Flirtant avec les frontières du lugubre, un nouveau genre est né. Dans la lignée d’Anne Cassidy (L’Affaire Jennifer Jones, Judy portée disparue) ou de Sean Olin (Qui veut tuer Britney ?), le premier roman de Gregory Galloway joue la carte du drame humain mystérieux. Au centre de l’histoire, une jeune adolescente pas comme les autres, déséquilibrée ou/et brillante, dont la vie subit une modification brusque et tragique. Elle est ou non victime, narratrice ou bien suivie par un regard extérieur (souvent le garçon amoureux). Dans tous les cas, le lecteur referme le livre sans avoir reçu de réponses claires, mais en ayant beaucoup supposé. Dans La Disparition d’Anastasia Cayne, le narrateur est le petit ami, un garçon qui nous présente sa famille, son environnement par le menu mais dont on ne sait même pas le prénom, comme pour mieux laisser la place aux faits. Si le lecteur ne s’attache pas vraiment à ce héros, sa présence et ses actions l’orientent (avec habileté de la part de l’auteur) : nous vivons les mêmes états d’âme et tergiversations que lui. De fausse piste en fausse piste, les questions se multiplient, et on accueille la fin avec un certain soulagement intellectuel ! Tout est question d’atmosphère dans ce roman inquiétant et passionnant pour bons lecteurs. A savoir si l’auteur saura renouveler son style ?