Le dernier hiver

Nous sommes en 2035 et la Terre est bien malade. Le soleil a disparu, remplacé par un Crépuscule glacé et rouge qui ronge la vie. Un Hiver impitoyable s’est installé, rongeant les terres et figeant les océans. La température est descendue à 31° au dessous de zéro. Une armée de pins, la Malesève, sorte d’entité monstrueuse et dévoreuse, gagne chaque jour du terrain, en détruisant tout sur son passage. Les villes tombent en ruines et les humains survivants ont bien du mal à lutter contre l’invasion et le chaos.
Johan vit à Aurillac. Il veut rejoindre à tout prix la jeune fille qu’il aime, Léa, partie se réfugier à Bergerac avec ses parents. Avec son frère Théo, soldat aguerri, son ami Khalid, un optimiste philosophe, et Fanie, son amie d’enfance, il part.
Ensemble, les quatre héros vont vivre une aventure humaine extraordinaire. Le chemin est bien long entre Aurillac et Bergerac. Voyageant sur des motoneiges inconfortables et lentes, ils doivent affronter des conditions extrêmes, repousser les attaques perfides de la Malesève, errer dans des villages abandonnés où rôdent d’étranges entités polymorphes, et combattre leurs propres démons. Ils croisent en route des communautés où règnent la peur, l’autoritarisme, la violence et le machisme.
Que sont les hommes devenus ? L’amour, la solidarité, la confiance ont-ils encore quelque valeur dans ce monde hostile et glacé ?
Jean-Luc Marcastel , pour son entrée dans la collection Black Moon, signe là un roman époustouflant, que l’on ne peut abandonner qu’une fois la lecture terminée. Ici, pas de vampires ou de loups-garous. Les monstres, ce sont la nature devenue folle, et les hommes qui la subissent et tentent de la combattre avec de pauvres moyens.
Ce roman raconte la fin d’un monde, le nôtre. L’auteur s’intéresse à cette agonie en créant un univers particulièrement hostile, où les traces d’humanité disparaissent progressivement, où les survivants font des choix radicaux. Plutôt que de s’aider à survivre, ces humains mettent en place des communautés autoritaires, dictatoriales, racistes, machistes et fanatiques. Les femmes y sont enfermées et soumises à la loi des mâles dominants. Quant à la forêt, l’impitoyable Malesève, elle prend sa revanche et gagne le combat peu à peu. Dans cette noirceur, il y a quatre lumières qui forment une oasis en mouvement. Ce sont Johan, Théo, Khalid et Fanie. Ces quatre personnages très denses ont de multiples facettes faites d’ombres et de clarté, et ils portent en eux de douloureux secrets et traumatismes. Mais ils avancent ensemble, prennent soin les uns des autres, se respectent et s’aiment. Ils sont l’espoir et peut-être le renouveau, et l’on s’accroche à eux pour y retrouver de la chaleur.
Un texte très fort, qui explore magistralement la face sombre de l’humain, mais qui est aussi porteur d’espoir. Il incite à la réflexion, poussant le lecteur à s’interroger sur la place et le rôle de chacun dans notre société, afin d’éviter les écueils et les impasses que nous pourrions nous-mêmes créer, si nous n’y prenons pas garde.