Trois petits cadeaux

Un couple qui se sépare, ce sont pour ses enfants un présent qui s’écroule et un avenir à reconstruire. Pour ne pas rompre le dialogue qui la lie à sa fille, une maman rédige, dans le train qui la ramène d’un voyage professionnel, une lettre à son intention. Elle y évoque leur tendre relation, mais aussi un passé fragile et douloureux, durant lequel la petite subissait l’ambiance pesante de la mésentente parentale. Ses mots trop longtemps contenus sont empreints de tristesse, mais ils sont aussi porteurs d’espoir d’un lendemain serein :

« Je ne savais pas t’expliquer nos problèmes de grandes personnes. Du coup, je te disais Je t’aime mille fois par jour. Et ton papa t’offrait de nouveaux jouets à chaque fois qu’il te voyait. Heureusement, aujourd’hui, tout va mieux. On arrive même à se faire un peu des blagues, des fois. »

Avec délicatesse, l’album traduit le malaise d’une mère face à la souffrance de son enfant. Si la rupture des adultes a permis au climat familial de s’adoucir, le traumatisme qu’elle a engendré chez la fillette est palpable et non minimisé : « Je sais que parfois tu es triste. Même si tu ne dis rien. […] Je sais que parfois tu es en colère. »

Malgré leur différend, l’amour que les parents portent à leur enfant reste, quant à lui, parfaitement intact. Cette évidence que les adultes peinent, dans certains cas, à formuler est amenée à hauteur des jeunes lecteurs par l’album et les trois petits cadeaux qu’il contient. Les illustrations naïves et tendres de l’auteure, qu’elles soient colorées ou sous forme de croquis en noir et blanc, transcrivent avec justesse les émotions évoquées par le texte, ainsi que celles qu’on ne parvient pas toujours à exprimer.