Une femme erre à la tombée de la nuit. Elle cherche son enfant. Il y a beaucoup de tristesse et comme un vent de folie dans cette histoire mystérieuse. De cette femme, on sait peu de choses, qu'elle est à la fois jolie (son visage est agréable) et inquiétante (elle n'a pas de pieds mais des sabots de chèvre). Qui est donc cette femme solitaire qui fait peur aux villageois ? C'est peut-être une diablesse mais c'est surtout une mère qui pleure la disparition de son enfant. Elle se souvient de scènes passées, de son petit enfant cajolé, d'une maison éclairée et paisible. Puisque toutes ces choses ont existé, peut-être reviendront-elles... Lorsque les habitants décident de chasser une petite fille de leur village, parce qu'elle boite et que ses petits pieds mal formés pourraient bien "tourner en sabots", la diablesse retrouve les gestes d'une mère aimante et la chaleur d'un foyer accueillant. Son errance est terminée. Marie NDiaye va à l'essentiel, donne peu d'informations sur les personnages pour leur donner plus de force et une présence intemporelle. On devine la solitude de cette femme, la peur des villageois, la puissance de la rumeur. Les illustrations de Nadja nous entraînent dans le monde du rêve, d'un ailleurs étrange où apparaissent des silhouettes fantomatiques. Pas de noir profond, mais du bleu et blanc avec des carrés de lumière qui ouvrent le chemin. "Elle poussa la porte, entra dans la pièce où brillait une belle lampe jaune"...

Pascale Pineau

Présentation par l'éditeur

Tip-tap, tip-tap… Quel est ce bruit dans la nuit ? C’est la diablesse qui va de maison en maison, à la recherche de son enfant perdu. À la vue de ses petits sabots noirs, les gens lui claquent la porte au nez, éteignent les lumières jusqu’à ce qu’elle se soit éloignée. Tip-tap, tiptap… La diablesse cherche sans se lasser. Elle se souvient qu’autrefois elle avait un enfant, une maison avec de la lumière et aussi des pieds fins de femme ordinaire. Comment a-t-elle tout perdu ? Elle ne sait plus…