Dis bonjour à Zorro !

Mister Bud a ses petites habitudes de chien gâté, et sa journée s'organise selon des horaires et des activités immuables : réveil, repas, promenade, sieste, retrouvailles avec son humain parti travailler... Un soir, celui-ci (ou plutôt celle-ci : on ne verra que ses bras et ses jambes, mais leur finesse rappelle celles d'une femme) revient avec... un chiot, prénommé Zorro. Pas de la même race, en plus. Stupéfaction et horreur se succèdent dans le tête de Mister Bud. Et pendant quelque temps, les deux chiens se snobent au mieux, se bagarrent au pire. Jusqu'au jour où, tiens tiens, ils se rendent compte qu'ils ont exactement le même emploi du temps. Leur amitié se scelle dans leur amour des choses bien ordonnées ! Il est entendu que la maîtresse n'a plus qu'à suivre ce rythme canin...

Sans prétentions, hilarant de second degré, Dis bonjour à Zorro ! fonctionne sur un mode minimaliste qu'on devine propre au dessinateur de presse qu'est Carter Goodrich. Il a collaboré pour le New Yorker, et on retrouve dans ses illustrations la même vision acérée des choses que possède la revue. Il y a très peu voire pas de texte, et l'essentiel du contenu passe par l'image, cadrée à la perfection, outrée juste ce qu'il faut, expressive par-dessus tout. Un message ? Evidemment, on peut parler d'apprentissage de la vie en société. Mais est-ce bien le propos ? On aime ces petits personnages – le gros molosse au cœur tendre et le petit carlin surexcité -, on rit de leur candeur affectueuse, on se moque de leurs petites habitudes, et, bien sûr, on se retrouve quelque part dans ce maître judicieusement anonyme. Un album adorablement piquant + un dessin particulier à découvrir absolument = un coup de cœur très instinctif.