Chips personnel !

Mira, est « divorcée d’amitié », elle est rejetée par ses amies parce qu’elle a dit... ? On ne saura pas ce qui l’a exclue. Elle souffre de sa différence, elle aime les cornichons à la confiture, c’est une preuve. Cette situation la meurtrit profondément. Dans sa solitude, elle parle dans la forêt, avec la pluie, avec les bocaux, son cartable ou le calendrier périmé. .. Étrange, en effet ! De son côté, Maboule, un garçon tout aussi solitaire initie un jeu qui prive de parole celui à qui on a crié la parole magique « chips ». Comme il sait ce que les autres vont dire, il leur coupe le sifflet ; il leur cloue le bec ! Pourtant, ce Maboule, en fait il s’appelle Bruce, ne parvient pas à dominer Mira qui sort de son cocon au terme de quatre saisons. C’est une pièce complexe sur la parole qui inclut, exclut, sur les solidarités, inimitiés qui traversent les groupes d’enfants. « Personne n’est pareil », même les bocaux de pruneaux se voudraient pêches ou cerises. L’alternance des questionnements aigus monologués et de moments incongrus avec les objets, imprime à cette pièce une dimension musicale tragi-comique qui allège la tension éprouvée par Mira. Relations aux autres et apprentissages varient avec le temps qui passe : Mira vit le pire et le meilleur dans la solitude ou la rencontre et Maboule-Bruce reste avec des questions insolubles. Karine Serres écrit pour les enfants une pièce existentielle comme un jeu d’enfant : pourquoi ? pour quoi ? disent-ils sans arrêt. Impressionnant, on aimerait voir les interprétations qu’en ferait une mise en scène.