Lucio, l'allumeur de réverbères

New-York, quartier de Little Italy, années 1900. La mère de Lucio est morte, son père malade, et il faut trouver un moyen de nourrir la famille - Lucio a huit sœurs aux prénoms remplis de soleil. Alors Lucio cherche, encore et encore, mais personne ne veut employer un si jeune garçon. Jusqu'au jour où il croise l'allumeur de réverbères, qui lui propose de le remplacer le temps d'un voyage en Italie. A cette époque, il fallait en effet allumer manuellement les lampadaires, munis de bougie. Lucio est tout fier, puis tout surpris de la réaction mitigée de son père. Ce dernier avait imaginé pour son fils des études, une bonne situation... Lucio, sans se décourager, va prouver à son père l'utilité de son travail : éclairer la ville, c'est la protéger, et aussi éclairer l'avenir...

L'auteure Elisa Bartone a puisé dans ses souvenirs familiaux pour raconter cette histoire de l'immigration américaine, qui comporte son petit drame mais vaut surtout pour son caractère documentaire exceptionnel. Ted Lewin y a apposé de magnifiques aquarelles très souvent en clair-obscur – l'objectif, c'est de faire de la lumière, n'est-ce pas. A la façon de photographies, les personnages nous regardent, ou bien semblent figés, tout autour de Lucio qu'ils observent. Les détails nous renseignent sur la vie difficile de ces hommes et ces femmes brusquement déracinés, reproduisant ce qu'ils connaissent, tentant de faire leur chemin et de « réussir ». L'effet grave, émouvant, qui en ressort s'accorde à la perfection avec le texte. Et l'ouvrage de recevoir, à titre mérité, la fameuse Caldecott Medal des bibliothécaires américains.