Chat Noir (T. 1). Le secret de la tour Montfrayeur

Il s'appelle Chat-Noir, et oscille dans le cœur de la population entre le bandit au grand cœur et l'affreux meurtrier. La ville de Deux Brumes vit au rythme des annonces du seigneur : récompense, anoblissement... tout est bon pour faire arrêter – et écarteler – le ténébreux Chat-Noir. Sasha a d'autres préoccupations : fils d'un forgeron aisé, il est repoussé par la belle Phélina, pauvre mais aristocrate jusqu'au bout des ongles. Attraper Chat-Noir et devenir un duc ou un marquis semble une solution séduisante à l'amoureux transi.
Aussitôt dit, aussitôt fait : Sasha sait habiter non loin de la cachette du voleur, et le tue nuitamment d'un coup d'arbalète. Las, le secret de l'identité de Chat-Noir l'oblige non seulement à se taire, mais à reprendre son rôle. Absolument pas préparé, Sasha doit s'entraîner avec le chat Mama Pouss (les félins, ça sait grimper partout) en même temps qu'un drôle de moine, commanditaire de Chat-Noir, l'amène à mettre la griffe sur les sombres desseins du seigneur des lieux...

Ré-joui-ssant. En quelques termes choisis et quelques situations bien pensées, l'auteur campe un Moyen-Age parfaitement situé entre fiction et réalité. Il laisse alors ses quelques personnages, peu nombreux mais savoureux, prendre leur place : le narrateur Sasha en héros qui se découvre, son ami Cagouille faire-valoir futé, la jolie Phélina machiavélique, la solide sœur Bathilde qui réconforte, etc. L'intrigue est pleine de mystères comme il se doit, l'un poussant l'autre : dès lors que nous savons qui est Chat-Noir, ce n'est que le début de nouvelles aventures. L'écriture et le déroulement sont classiques, ou plutôt intemporels, donnant l'impression de se glisser dans un monde familier et lointain, juste pour le plaisir.
Le tome deux est évidemment conseillé : qui sont ces rats à qui on prépare des petites armes et des petits costumes ? Qui est le mystérieux « moine » que suit Chat-Noir ? Les pistes sont lancés, le lecteur complètement accroché à cet univers à la fois sombre et souriant. La qualité simple, la sincérité attentive de ce premier tome le range d'emblée dans la catégorie des bons, très bons romans pour les 10/12 ans. Et on donnerait beaucoup pour savoir qui se cache derrière le pseudonyme Yann Darko...