Cheval d'orage (T. 1). Un champion sans prix

Casey habite un quartier pauvre de Londres avec son père, repris de justice qui tente de joindre les deux bouts. Passionnée de cheval, la jeune fille fréquente un club en aidant à soigner les animaux. Un jour, par hasard, elle sauve un cheval en piteux état destiné à la boucherie : son père le monnaie un unique dollar américain. Elle le soigne avec une amie âgée, ancienne cavalière de talent.
Contre toute attente, le cheval, rebaptisé Ciel d'orage, se découvre un animal racé, un possible champion. Casey, sans un sou en poche, entreprend de s'entraîner pour participer à des compétitions nationales. Même si un mystérieux sponsor apparaît pour l'aider, elle n'est pas au bout de ses peines dans ce petit monde d'un entre soi vaniteux...

Certes, mieux vaut aimer les chevaux avant de se lancer dans ce premier tome d'une trilogie, mais l'énergie de l'héroïne, fille fragile mais qui ne cesse de se battre, suffit à emporter la mise. Suivie par un narrateur externe en même temps que ses quelques proches, elle fait irrésistiblement penser à un personnage de Ken Loach, entre pauvreté résignée et fureur de vivre. Le cheval, autre figure à part entière du roman et qu'on humanise facilement, se comporte à l'avenant : s'il semble renaître de ses blessures pour prendre une revanche sur les hommes qui lui ont fait du mal, il n'en demeure pas moins confiant et fidèle.
Evidemment, l'histoire est presque trop belle pour être vraie, de celles qu'on aime à lire dans les journaux (« le cheval à un dollar qui gagne tous les prix »). Il y a aussi la petite amourette avec le fils du maréchal-ferrant... Cependant, le parcours sera suffisamment douloureux pour que le lecteur en retienne la substance, le profond dynamisme mêlé à une réalité sociologique dure. Rythme fort, langage maîtrisé, psychologie recherchée et folles aventures : Ciel d'orage et Casey conquièrent notre cœur sans mièvrerie, jusqu'au bout de la course !

Un film à voir : « Le géant égoïste » de Clio Barnard (2013)