L'étrange zoo de Lavardens

Prenez Thierry Dedieu, de vieilles photographies et/ou cartes postales, des fusains, et attendez un peu. Il en sort Le zoo de Lavardens, histoire folle d'un vicomte endetté du début du XXe siècle. Pour refaire sa fortune, il monte un zoo. Une brochette de perruches et quelques ours plus tard, l'argent rentre. Le vicomte se lie d'amitié avec ses animaux et les invite chez lui. Le raffut engendré n'est pas du goût de la belle-mère et elle obtient que chacun s'habille pour venir jouer aux cartes ou boire le thé. La ménagerie prend goût à son nouveau statut, qui pourtant la perturbe. Une réorganisation s'impose : les animaux resteront nus, mais masqués. Et c'est ainsi que chamodile, tortafe et ratonzelle enchantent les visiteurs du fameux zoo de Lavardens...

Avec ses grandes illustrations très travaillées – des photomontages repris au fusain dans des tons sépia -, l'album impressionne d'abord : sommes-nous dans une foire aux monstres telle que les années 1900 les aimait ? Puis nous découvrons monsieur le vicomte (avec des petits airs de l'auteur lui-même) et d'une part son amour certain des bêtes, d'autre part sa fantasque belle-mère prête elle aussi à tout pour sauver le domaine. Nous rions alors, sincèrement épatés de l'imagination de l'auteur, de sa façon de lui faire tenir la route dans un récit très sérieux, de la magnifier par une esthétique toujours renouvelée malgré une multiplicité d'albums. Du sabot sous le rideau à l'album souvenir en passant par les pages de garde chamarrées, on se croirait revenus cent ans en arrière, lorsqu'on découvrait vraiment le kangourou pour la première fois. Bravo !