Sauvage

Un bébé dans la forêt est pris en charge par des animaux attentionnés. Devenue petite fille à la chevelure emmêlée, elle suit les ours de la rivière, joue avec les renardeaux, bref jouit d’une existence joyeuse et désordonnée. Puis des chasseurs l’attrapent dans un piège et la conduisent vers la civilisation. Adoptée par un psychiatre, habillée, lavée, la fillette ne change pourtant rien à son comportement. Triste, exaspérée, la sauvageonne opère alors un brusque retour à la nature, après avoir saccagé tout un appartement derrière elle. Accompagnée du chat et du chien du psychiatre (débarrassés de leur collerette de dentelle), elle gambade à nouveau dans la forêt.

Dans une nature luxuriante où la chevelure tressée de feuilles de l’héroïne se confond avec les parterres de fleurs ou les lianes des arbres, dans un écosystème bien pensé où chacun vit en harmonie avec l’autre, l’album épris de liberté n’a aucun mal à développer ses « morales » : les voies humaines sont toutes différentes, la culture sans la nature est un chemin sans issue, pour vivre heureux, vivons caché… Le texte minimal et percutant, souvent soutenu dans sa compréhension par les images, les superbes illustrations pleine page peuplées d’animaux souriants, coquins, et d’hommes chagrins, font de cet ouvrage un petit chef d’œuvre d’humour et de profondeur. Comme notre petite sauvageonne, ouvrons grand des yeux ronds sur ce qui nous entoure : « Elle était à sa place, et la vie était belle ».