La chasse au loup

Deux petites souris en bas de couverture interpellent le lecteur. L’une dit « vite, ouvre ce livre ! », et l’autre qui regarde un troupeau de cochons ajoute « les cochons ont besoin de toi ! » Pourquoi ? C’est ce que nous découvrons dans l’histoire. Un grand méchant loup se cache dans le livre, nous devons l’attraper, disent-ils, et les souris de commenter « il veut les manger ! » « quel goinfre ! »

Le récit est construit selon ce double point de vue : l’histoire vécue par les cochons et qui suit le schéma des trois petits cochons dans la maison de paille, de bois, de briques, et le commentaire, comme au théâtre, des deux souris friponnes. A ce jeu narratif s’ajoute un attrait bien physique : des fenêtres dans la page qui dissimulent potentiellement le loup. Les cochons s’interrogent et interrogent le lecteur sur le mode comique. On lui demande de ne pas faire de bruit, alors que le troupeau mène grand tapage, de regarder derrière la fenêtre mais c’est une brebis. Ah non, c’est le loup déguisé en brebis. C’est mené tambour battant. Tous les animaux sont volontaires et inefficaces. Ils laissent passer le loup déguisé en vache. Le suspense est à son comble, les cachettes sont décevantes jusqu’au moment où, aplati sous le lit : le loup ! Retournement de situation, on le croyait pris, erreur.

C’est construit comme un film d’animation, les péripéties nombreuses tiennent le lecteur en haleine. Tous les éléments narratifs sont connus, le loup et les cochons sont des archétypes de cette lutte incessante qui les oppose dans les contes. Les dessins donnent la même impression, rapidité, nervosité et regards qui se superposent. Les enfants prendront un plaisir fou à cette course poursuite où l‘auteur Sally Grindley et l’illustrateur Peter Utton lui donnent un beau rôle de découvreur de méchant et même de justicier.