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Date de publication
Age-cible

Une aventure au royaume de Porcelaine

Sélection des rédacteurs
Album
à partir de 4 ans
: 9791095135531
18.00
euros

L'avis de Ricochet

Dans cet album carré, le format avantageux flatte le propos artistique, et lui permet de se déployer à son aise pour l’enchantement du lecteur. L’art de Katerina Illnerova, une toute jeune autrice dont c’est le premier titre publié[1], nous réserve bien des surprises. Dès la couverture de l’album, il s’agit pour elle de capter le regard du lecteur, et l’hypnotiser à coups de charmes illustrés, pleins d’humour ! Inspirée par une porcelaine chinoise qu’elle chérit[2], l’artiste égrène les motifs sur un ensemble de théières, bols, vases, plats, assiettes, tasses, motifs comme on en retrouve parfois sur les pièces des services de vaisselle d’autrefois : l’occasion pour un enfant de se raconter quelques histoires en patientant tout au long du repas ! Avec des motifs qui se complètent d’une pièce à l’autre, Katerina Illnerova nous entraîne ainsi dans un conte à construire au fil de l’image. Nul texte n’interfère avec celle-ci, le lecteur est libre d’écrire sa petite musique, guidé par une artiste féconde et malicieuse.

La première double-page figure un paysage aux motifs poétiques traditionnels, ondulations bleues des vagues, branches fleuries de feuilles bleues elles aussi, volutes merveilleuses et magiques entre nuages et fumée. Un petit personnage dans une tonalité brun-rouge, est présenté de dos, assis dans sa barque, pêchant. Un souffle de vent taquin emporte son chapeau et le voilà parti à sa poursuite : l’aventure commence, comme dans un film muet, burlesque et trépidant.

Sur un fond où le gris et le noir figurent les plans verticaux et horizontaux, se détachent les contours blancs ou beiges marqués des reliefs de profondeur, des pièces d’une vaisselle fantastique et parée des couleurs d’une palette à dominante bleu, déclinée en camaïeu, pièces alignées semble-t-il sur une étagère où se devine aussi l’ombre portée de chacune d’entre elles : une manière futée d’entremêler réalité et fiction dans la représentation.

Et puis l’animation s’en mêle : le pêcheur emporté par son élan entraîne l’assiette qui, comme si elle roulait, fait dégringoler son motif de guirlande fleurie qui s’enchevêtre sur le bonhomme précipité par le mouvement. Après avoir bien ri, le temps que le bonhomme reprenne ses esprits, nous le suivons dans un dédale d’éléments de vaisselle variés, tous délicatement ornés. L’idée de suite qui facilite l’élaboration d’un récit se traduit dans la répartition d’un motif à la manière d’un puzzle : ainsi le dragon est-il découpé sur trois vases alignés en trois morceaux qui s’assemblent, et déroule-t-il ainsi sa majesté et sa puissance. Le pêcheur escalade-t-il une pile de tasses fleuries à l’équilibre précaire ? Sa silhouette s’échelonne de tasse en tasse comme s’il grimpait une échelle… Plus loin, le cheminement du voyageur est suggéré par un alignement de bols à riz illustrés de montagnes, sur le fond noir de la double page parsemé de nuages-volutes : l’expression parfaite du voyage à pied, lent et parfois difficile !

Chaque double-page est l’occasion de s’émerveiller sur l’ingéniosité de l’artiste et sur sa technique pleine de poésie. Le lecteur trouvera-t-il aussi les motifs cachés ? Une rencontre avec une carpe koï sur une cruche à anses au large ventre aplati permet à Katerina Illnerova de figurer un décor plus varié sur une même pièce, mais là encore dans un souci de bousculer les frontières entre réel et imaginaire, par exemple en inversant les proportions des motifs, comme dans une version particulière dAlice au pays des merveilles… La carpe est géante et s’allonge plus ou moins selon la taille des différents vases. Quand le pêcheur s’assoupit, c’est appuyé contre une algue, les corolles des champignons géants semblent onduler sur leur pied nervuré comme le tronc d’un pin parasol ; la carpe dort elle aussi, longue comme une anguille, l’aventure s’achève : c’est le moment de savourer une bonne tasse de thé.

Bravo l’artiste !


[1] Pour lequel elle a reçu le prix du Silent Book Contest en 2022.

[2] Sa dédicace est ainsi formulée : « Pour ceux qui s’émerveillent devant les objets de tous les jours. » Par ailleurs, l’idée avait déjà inspiré un auteur : Voyage en Porcelaine, de Gaëtan Evrard. L’École des loisirs, 1997.

Présentation par l'éditeur

Un jour, un coup de vent emporte le chapeau d’un pêcheur solitaire. Partant à sa recherche d’un vase en porcelaine à l’autre, il se perd, et s’embarque dans un voyage qui le mènera à la découverte de terres lointaines et de nouveaux amis. Ce voyage raconté avec des illustrations délicates nous invite à regarder avec un autre regard les objets de notre quotidien.

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