13 bonnes raisons de se réjouir de l'automne!
Si, comme nous, vous vous languissez de l'automne, des balades dans la nature qui se pare de couleurs dorées et du premier marron glissé dans la poche, alors laissez-vous guider par notre sélection de livres qui vous plongeront dans l'ambiance de cette saison aux mille éclats!
1. Le doudou des bois, d'Angélique Villeneuve et Amélie Videlo, Sarbacane, 2016
Album, dès 3 ans
C'est le drame: Georgette a perdu son doudou, un gentil lapin gris, dans les bois. Toute occupée par les odeurs et les couleurs de l'automne, la fillette l'a soigneusement posé sur des feuilles, puis oublié. Elle n'en dort pas de la nuit. Le lendemain, Georgette repart dans la forêt, mais ne retrouve pas son doudou. Volontaire, elle décide alors d'en adopter un nouveau, un qui aura «l'odeur du dodo, l'odeur du dehors». Elle cherche, cherche au milieu des animaux perplexes, et finit par dénicher le doudou idéal, cependant pas très sage… Il s'agit d'un louveteau qui gigote!
A partir d'un début basique et d'un thème presque éculé, l'histoire devient férocement originale au fil des pages. Des éléments forts la traversent: l'absence totale d'adultes (humains ou animaux: il n'y pas de louve), la prédominance des sensations, de l'odorat à la vue en passant par le toucher, l'impression constante de refuge et de protection, que ce soit au sein d'une forêt luxuriante ou dans la chambre-terrier de Georgette.
Le suspense monte quant à la nature du doudou, cependant accordé au rythme d'un petit enfant qui prend le temps de dormir, de sentir… Il y a de la coquinerie aussi, avec ce louveteau récalcitrant que le lecteur ne découvre qu'à la dernière page: «Au début, bien sûr, ça n'était pas encore habitué à ce nouveau métier de doudou, ça a voulu s'en aller». Le texte travaillé, soigné, tranche sur d'autres productions se contentant de l'histoire.
Sinon, la bouille arrondie de Georgette ne cesse de se montrer expressive, entre inquiétude et confiance, coiffée de cheveux bruns ressemblant aux feuilles de ces arbres rouges, marrons, mordorés… Avec des illustrations en peinture entre réalisme et rêve (l'énorme châtaigne), l'automne est la plus belle des saisons, et la forêt un écrin de malice et de douceur: on y console tous les enfants qui ont perdu leur doudou! (SP)
2. Contes d’automne des Drôles de Petites Bêtes, d'Antoon Krings, Gallimard jeunesse, 2011
Album, dès 3 ans
C'est comme pour une collection de timbres ou d'images. On commence avec un ou deux éléments...et puis la série gonfle, alors on veut tout avoir. Avec les Drôles de Petites Bêtes d'Antoon Krings, c'est un peu pareil. On peut vite devenir accro aux albums de cet auteur-illustrateur qui a imaginé un jardin rempli d'animaux aux noms bien trouvés évoquant l'univers familier d'une cour d'école. Les prénoms sont bien d'aujourd'hui: on y croise Margot l'escargot, Pascale la Cigale, Barnabé le Scarabée, Solange la Mésange, Loulou le Pou, Hugo l'asticot...Toutes les bêtes – même celles que l'on tient habituellement à distance – apparaissent ici sympathiques. Leurs aventures offrent de petits parcours de découverte et des pistes de réflexion. Avec les Contes d'automne, trois nouvelles histoires: celles de Victor le Castor, Prosper le Hamster et Samson le Hérisson, qui ont envie d'un endroit douillet et chaud pour affronter le froid. Ce qui permet d'aborder des thèmes tels que la solidarité, l'indépendance, le respect des autres... C'est simple et doux. (PP)
3. Rouge-Feuille, d'Eric Wantiez et Juliette Parachini-Deny, Cépages, 2016
Album, dès 3 ans
Rouge-Feuille le renard adore l’automne, cette saison où les arbres prennent des teintes de feu à l’image de sa fourrure rousse. Un jour qu’il fait la sieste, un oiseau d’un bleu éclatant tombe juste à ses pieds, l’aile brisée. Il est si beau que Rouge-Feuille ne peut se résoudre à le croquer. L’oiseau, nommé Bleu, guérit rapidement mais n’arrive plus à voler comme avant, ce qui le rend nostalgique. Une belle amitié se tisse entre lui et Rouge-Feuille. Les saisons défilent et Bleu parle souvent de son lointain pays qui lui manque. Il sait que là-bas pousse une plante qui pourrait guérir son aile. Alors les deux amis entreprennent un long voyage pour le pays de Bleu, un pays où les renards ne sont pas roux mais blancs et où la neige recouvre la nature de son manteau immaculé dès les premiers jours de l’hiver…
Soulignant à merveille la poésie de l’histoire d’amitié imaginée par Eric Wantiez, les illustrations de Juliette Parachini-Deny mêlent habilement diverses techniques: ainsi, les personnages dessinés aux pastels évoluent dans des paysages réalisés à l’aquarelle et à partir de collages de feuilles et de fleurs. On se plonge avec bonheur dans cet album aux couleurs chatoyantes, qui se font de plus en plus douces à mesure qu’on approche du pays de Bleu, dont on comprend mieux la nostalgie à la fin du récit: son pays est en réalité une réserve, un lieu préservé où les chasseurs ne peuvent pas tuer les animaux. Un album doux et poétique, une ode à l’amitié et à la beauté de la nature. (CF)
4. Bientôt l’hiver, de Voutch, Le Genévrier, 2016
Album, dès 3 ans
Dès qu'il trouve une noisette, Ecureuil se dépêche de la mettre dans sa réserve. L'hiver approche, condamnant le petit rongeur à travailler sans relâche pour alimenter son garde-manger. Quelle quantité suffit à garantir ma sécurité? L'hiver sera-t-il court ou long? Désireux de trouver des réponses à ses questions, notre ami grimpe sur la branche de Hibou l'érudit. Mais les éclaircissements du rapace ne font que renforcer le sentiment d'insécurité d'Ecureuil, qui se remet tout de suite à la tâche. Les jours passent et le scénario se répète ainsi jusqu'au dénouement final…
Dans ce livre au format carré, j'ai particulièrement apprécié la chute absurde et l'expression craquante de ce petit héros angoissé et hyperactif. Voutch manie l'humour comme un Samouraï son sabre, maître en la matière, il obtient de très bons résultats auprès des adultes comme des enfants! Pourquoi s'en priver? (EP)
5. Le lion et l’oiseau, de Marianne Dubuc, La Pastèque, 2013
Album, dès 4 ans
Un oiseau sur l’épaule d’un lion murmure à son oreille. Malgré la différence de taille, ils semblent complices et cette image «invraisemblable» surprend. Que s’est-il passé entre ces deux protagonistes? Une histoire de solitude, d’amitié et de solidarité.
Alors qu’il travaille dans son jardin, un oiseau tombe, blessé, à côté de Lion. Aussitôt celui-ci le soigne. L’oiseau se rétablit au fil des jours mais il rate le départ des migrateurs. Lion et l’oiseau vont donc passer ensemble l’hiver et affronter un froid inconnu par l’oiseau. Marianne Dubuc excelle à rendre compte de l’amitié qui naît. Voir l’oiseau bien au chaud dans le bonnet de Lion ou dormir dans une de ses pantoufles permet d’éprouver la chaleur des sentiments qui les lie. La modestie de l’intérieur de Lion, les alternances du coin du feu et de l’extérieur à la découverte de la neige expriment avec force le temps qui passe. Ce sentiment culmine dans le blanc absolu, pur, la page blanche, l’indicible qui symbolise «le froid à deux ce n’est pas si mal que ça».
Ce récit sobre est fort de ses euphémismes. Après le blanc du froid qui laisse sans voix, un crocus. «Le beau temps revient», «Eux aussi». La parole intérieure de Lion s’inscrit en italique, celle de l’auteure en caractères droits mais on sent qu’elle a quitté l’objectivité initiale, celle qui donne les faits, pour pencher du côté de Lion et de sa peine. «Oui je sais» dit Lion; «C’est la vie» concède-t-il. Dans la même chambre, avec les mêmes chaussons vides, l’absence et la solitude sont terribles.
Il faut bien une fin heureuse pour rendre supportables ces expressions simples et fortes dues à une telle économie de moyens tant graphiques que narratifs. L’histoire se conduit doucement pas à pas, au moyen de vignettes qui éclairent un instant, une situation, un sentiment. Au lecteur de nouer les fils, de comprendre ce que les personnages ou les dessins suggèrent.
Une grande délicatesse pour une histoire où petit et grand sont à égalité; où indépendamment de la nature de chacun, il est possible de choisir son destin. Une ode lumineuse au bien-être de vivre ensemble. C’est beau. (DB)
6. Maintenant que tu sais, d'Anne Crausaz, MeMo, 2009
Album, dès 4 ans
La vénéneuse amanite tue-mouches a mauvaise réputation. A tort, nous dit Anne Crausaz, puisque ce champignon a tout à fait sa place dans l'écosystème de la forêt…. La preuve en images.
L'artiste avait déjà montré son sens aigu de la nature et du temps qui passe dans Raymond rêve (dont le héros est un escargot, prix Sorcières 2009) et J'ai grandi ici (prix La Science se livre 2009). Elle le confirme une nouvelle fois avec cet album simple et fascinant. Le trait est le même, net et précis, rempli de couleurs franches. Les champignons sont subtilement anthropomorphisés d'une bouche et de deux yeux en boutons, qui suffisent à les rendre expressifs: tristes, heureux, malicieux quand ils se font petites sorcières… L'imagination tourne à plein. Mais la narratrice, une amanite elle-même, prend toujours garde de recadrer sa douce parole dans une optique instructive. Ce qui est dit se fonde sur des connaissances scientifiques: échange de sels minéraux avec les arbres, nourriture pour les limaces… Et de temps en temps, une échappée poétique («Je voudrais tellement être grande pour observer la lune de plus près») enchante le lecteur petit ou grand, l'interpelle pour décider, «maintenant [qu'il] sait», si ce beau champignon est «méchant» ou non. Un ravissement de talent et d'intelligence. (SP)
7. Flip et Flap cherchent un trésor, de Roxane Tilman et Axelle Vanhoof, Circonflexe, 2016
Album, dès 4 ans
Le grand-père de Flip et Flap est mort. Mais, avant de mourir, il leur a confié une carte au trésor. Les deux ratons laveurs n’hésitent pas: ils partent à la découverte du trésor, comme leur grand-père aventurier le faisait avant eux. Cependant, le parcours n’est pas facile: il faut affronter l’orage, ne pas céder à la tentation de raconter leur quête aux animaux rencontrés et réussir à suivre les bonnes pistes. Au passage, Flip et Flap vont aussi devoir aider nombre d’amis croisés en chemin.
Les illustrations de cet album plongent immédiatement le lecteur dans l’histoire. En effet, toutes rondes, elles sont pleines de tons chaleureux, mettant bien en valeur la saison automnale du récit, et, réalisées au crayon, elles donnent une douceur qui offre à l’histoire un climat apaisant. Tout de suite, le lecteur ne peut alors que s’attacher aux deux compères et avoir envie de les suivre dans leur aventure. Pleine de rebondissements, celle-ci est truffée de bonnes surprises qui prônent les valeurs de l’amitié et de l’entraide. Puis, au dénouement, une autre lettre du grand-père est trouvée: il ne faut pas hésiter à voyager. Voilà un message très bien passé grâce à cette histoire et qui donnera très certainement envie aux jeunes lecteurs de partir explorer la forêt. On ne peut que souhaiter que les lecteurs fassent d’aussi belles rencontres que Flip et Flap. (DM)
8. Vers le Sud, de Max Estes, La Joie de Lire, 2016
Album, dès 4 ans
Dans la lumière rosée d’un coucher de soleil à peine au-dessus de l’horizon, sur un rocher au milieu de l’eau, un oiseau médite. Sur le rivage, de nombreux oiseaux, becs en l’air, interrogatifs, ont entendu l’appel du large, «l’heure de partir». Le ciel plus rose et plus sombre des fins d’été nous indique que nous sommes dans le Nord, la nuée des oiseaux nous renseigne, c’est la migration. Dans ce contexte, la voix du narrateur s’élève: «Moi, ce sera mon premier voyage».
Peu de mots, peu d’effets: un profond sentiment de paix et de curiosité inquiète émane de ce début. Le narrateur détaille les changements furtifs de l’alerte: couleurs, odeur, étendues… Dans chaque image, la nuée des oiseaux le dispute à l’espace. Au-dessus des vallées, des eaux, dans les airs, quel que soit le point de vue, du dessus, en plan large, en plan rapproché, les oiseaux envahissent la page. Leur bec pointu et leur forme très stylisée découpent la page comme une urgente nécessité. Lorsque les oiseaux sont en route, le regard étonné du narrateur sur les bateaux qui traînent ou la tour Eiffel, «un arbre si grand», apporte une note un peu décalée qui amusera les jeunes lecteurs. Lorsqu’à la dernière page, sur le ciel rose, l’île au palmier apparaît, le silence qui s’installe est éloquent: c’est donc ça le Sud!
Quelques éléments documentaires émaillent cet album mais c’est la fraîcheur et la poésie qui caractérisent l’itinéraire de ce jouvenceau, entre sagesse de l’expérience accumulée par ses ancêtres et gravité du destin et de la transmission. Immensité de l’exploit, petitesse de l’oiseau, un grand souffle modeste. (DB)
9. Le grand ménage, d'Emily Gravett, Kaléidoscope, 2016
Album, dès 5 ans
Benoît le blaireau aime ce qui est ordonné, propre. Il habite dans la forêt et a fort à faire: brosser le renard, laver les oiseaux, ramasser les feuilles… Ah, les feuilles d'automne! Benoît emploie les grands moyens, remplit des dizaines de sacs poubelle. Puis, pas encore content, il arrache les arbres. Mais lorsque la pluie s'invite, la boue submerge tout! Alors, Benoît fait venir des engins de chantier et recouvre d'une belle dalle de béton lisse sa forêt. Voilà, tout est propre. Il y a quand même quelques problèmes: comment rejoindre son terrier par exemple?
Un titre énigmatique, la promesse des illustrations vivantes et drôles d'Emily Gravett: il n'en faut pas plus pour avoir envie de feuilleter les pages (c'est le cas de parler de feuilles) de cet album malicieux. Animal connu pour sa propreté, le blaireau est assez rarement utilisé en littérature jeunesse, où l'on tendrait davantage à défendre l'enfant qui ne range pas sa chambre! De fait, on l'adopte tout de suite, lui et ses gants, ses chiffons, ses produits ménagers. Sa folie furieuse va loin, très loin… Mais, en acteur de bonne volonté, il reviendra (partiellement) sur ses positions. Les personnages sont toujours drôles, dessinés en mouvement, cadrés de manière variée dans des décors immédiatement significatifs. C'est parfait, dans le fond et dans la forme, et on applaudit à cette fable moderne qui finalement ne parle pas de propreté, mais de mesure en toute chose… (SP)
10. Un marron dans la poche, de Nathalie Wyss et Cécile Deglain, L’Initiale, 2018
Album, dès 5 ans
«Ce qui compte, c’est le premier marron, le tout premier qu’on voit».
Ainsi commence ce petit album carré paru dans la bien nommée collection L’agréable chez L’initiale. Le narrateur profite de l’automne et de ce geste que tous les enfants font en ramassant les marrons tout brillants pour parler de sa grand-maman disparue.
Dans un langage familier, il raconte une habitude héritée de son passé lorsque, encore petit et accompagné de sa «mutti», il ramassait le premier marron qui attirait son regard. Il ne s’agissait pas là de mettre des marrons dans sa poche pour lutter contre les rhumatismes, comme le conseillait Madame de Sévigné, mais plutôt de les ramasser parce qu’ils sont jolis, brillants et qu’ils portent chance. Le narrateur a grandi mais, à l’approche de l’automne, il continue – presque malgré lui – de mettre le premier marron qu’il trouve au fond de sa poche, comme une sorte d’hommage à sa grand-maman.
Cet album, dont le texte et les illustrations sombres dégagent un sentiment de nostalgie et de mélancolie, plonge le lecteur dans l’intimité d’une relation regrettée. Il évoque également la vieillesse et l’absence, un peu à la manière de Jacques Prévert: «Les feuilles mortes se ramassent à la pelle [...] les souvenirs et les regrets aussi», écrivait le poète et parolier français! (VM)
11. Un grand jour de rien, de Beatrice Alemagna, Albin Michel Jeunesse, 2016
Album, dès 6 ans
Un jeune garçon part avec sa mère dans une maison de vacances isolée. Il pleut. Alors que l'adulte, sans doute journaliste ou auteure, tape sur les touches d'un clavier d'ordinateur, l'enfant tape lui sur les martiens de sa console de jeu. Et puis, encouragé par le souvenir de son père, protégé par sa parka rouge fluorescent, le garçon décide de sortir dehors.
Il protège bien sa console, mais elle finit par tomber entre deux galopades au bord de l'étang. L'enfant déconfit se console bien vite, accaparé par la nature qui l'entoure: ce sont des champignons vénéneux, des escargots, des petites bêtes dans la terre, des cailloux transparents pour mieux voir le monde à travers… Le soleil revient, le garçon rentre et convainc sa mère de quitter elle aussi son écran.
L'histoire est magique, ressemble à son titre: il ne se passe rien, c'est-à-dire tout. Le héros profite du temps présent, existe, simplement et en harmonie avec la nature. Un rêve dans nos sociétés hyper-rapides, hyper-connectées, «hyper-trop»… La figure mystérieuse du père, à la fois absente et encourageante, semble suivre l'enfant dans ses jeux et peut-être inciter finalement la mère à participer à ces moments de bonheur.
Dans le dessin, la joie de vivre se manifeste sous la forme de cette parka fluorescente comme l'était Le merveilleux dodu-velu-petit, tour à tour cape de chaperon rouge, champignon pointu, repère au milieu des gris de la pluie et des rochers. La tête hirsute et les lunettes du petit bonhomme s'en échappent avec drôlerie, finissant de couper la morosité d'un paysage peut-être d'automne. Beatrice Alemagna imagine des traits de pluie glaçants, des feuilles d'arbres aux tons assourdis, des tapis de champignons en contrebas du chemin. Le lecteur sent le froid mouillé sur ses doigts...
Un album reposant autant que revigorant, à conseiller à tous (enfants et adultes) en guise de bonne résolution. (SP)
12. Les carnets de Cerise (T. 1). Le zoo pétrifié, de Joris Chamblain et Aurélie Neyret, Soleil, 2012
Bande dessinée, dès 9 ans
Plus tard, Cerise veut devenir écrivain, comme la vieille Annabelle Desjardins qui habite à côté de chez elle. En attendant, la petite fille se fait détective, en compagnie de ses amies Line et Erica. Justement, elle s’interroge à propos des activités d’un vieux monsieur, qui transporte régulièrement un perroquet et des pots de peinture dans un endroit secret de la forêt. Elle l’appelle «monsieur Mystère» et essaie de comprendre. Après s’être perdu, avoir menti à sa mère, etc, Cerise finit par découvrir au milieu des arbres un zoo abandonné…
L’homme qu’elle suit y peint toutes sortes d’animaux sur les rochers, sur les anciennes installations. Ces fresques évoluent au fil des jours, et les animaux mangent, naissent, disparaissent. Cerise se fait connaître et comprend que Michel (c’est le nom de monsieur Mystère), ancien employé du zoo, n’a jamais accepté l’abandon du lieu. Aidée de quelques enfants, et plus tard d’adultes, la fillette entreprend de rénover complètement le site, afin de valoriser le travail pictural de Michel. Annabelle Desjardins prend des notes, et un livre sur l’aventure de Cerise est prévu!
Les Carnets de Cerise sont une série de bande dessinée, mais pas que. Comme dans certains romans, on y trouve des reproductions de lettres manuscrites, d’articles de presse, des extraits de journal intime avec petits dessins et crayons en gros plan utilisées par celle qui écrit… Et puis, l’ensemble raconte une histoire très complète, digne d’une lecture junior à part entière. Ce ne sont pas des petites scènes entre filles, ni des aventures d’enfants entre enfants, mais une intrigue pleine de poésie qui implique des souvenirs, des regrets, une re-création audacieuse et artistique, et in fine l’implication d’une communauté. Magnifiant l’intrigue, l’illustratrice fait montre d’une grande variété de dessins, du réalisme pratiqué par Michel aux apparences mignonnes de Cerise en passant par les dessins enfantins de la petite fille. (SP)
13. Les oiseaux globe-trotters, de Fleur Daugey et Sandrine Thommen, Actes Sud junior, 2014
Documentaire, dès 10 ans
Cinquante milliards d'oiseaux s'envolent en migration chaque année sur terre: cela valait bien un livre entier à expliquer. Ecrit tout petit (trop?) et très sagement, le texte au ton résolument informatif coule et roule, pour ne pas dire vole sous nos yeux. Peut-être parce que le sujet est passionnant, peut-être parce que l'auteure sait alterner aspects scientifiques et anecdotes (voir la catastrophe de «septembre 1965 par exemple»), le lecteur n'aura aucun mal à lire d'une traite, d'autant qu'il n'y a pas d'encarts intempestifs venant perturber l'austère maquette. Des éléments peuvent se répéter de temps en temps, et les mêmes oiseaux revenir dans le discours mais c'est heureux si nous souhaitons conserver en mémoire quelques usages aviaires.
Multiplier son poids par deux, réduire la taille de ses organes, écouter les étoiles et son GPS interne (dans l'œil droit), voler en groupe pour se protéger, rarement se reposer au-dessus de l'eau, s'adapter comme on peut au changement climatique... La merveilleuse Nature supplante encore tout ce que les fragiles humains ont bien pu inventer, y compris pour épier et comprendre tous ces volatiles. Les migrations viennent de la nuit des temps, et nous n'en sommes que les spectateurs ébahis.
Il n'y a pas de sommaire, juste des double-pages qui s'enchaînent avec bonheur, laissant leur plus grande part aux illustrations. Elles aussi sobres – un oiseau, son nom en lettres manuscrites, un décor simple – elles enthousiasment par leur finesse alors qu'on les pressent réalisées à l'ordinateur. Entre Anne Crausaz et Isabelle Simler, elles savent trouver un style à la fois charmant et réaliste.
Un très bon documentaire à faire essayer dès 10-12 ans! Allez, quelques noms de cui-cui pour le plaisir: venturon montagnard, puffin à bec grêle, pipit farlouse, mésange charbonnière, hibou des marais, cigogne blanche... (SP)
Les rédactrices: Danielle Bertrand (DB), Christine Fontana (CF), Valérie Meylan (VM), Déborah Mirabel (DB), Emmanuelle Pelot (EP), Sophie Pilaire (SP), Pascale Pineau (PP)