Alice de Poncheville
Passionnée par le cinéma, Alice de Poncheville a commencé à écrire des scénarios et a réalisé plusieurs courts et moyens métrages avant de se tourner vers l’écriture de romans et de nouvelles. Depuis 2003, Alice de Poncheville a écrit sept ouvrages pour la jeunesse publiés dans les collections Neuf, Mouche et Médium à L’Ecole des loisirs et un recueil de nouvelles « la Martre » paru aux éditions de L’Olivier. Angélique Montané, étudiante en licence Professionnelle Métiers du Livre à l’IUT Paris Descartes a rencontré à Paris cet auteur, au parcours atypique.
- Alice de Poncheville, pouvez-vous nous parler de votre « entrée » en écriture ?
Je pense avoir un parcours atypique. Après un bac littéraire, je me suis orientée vers la fac où j’ai suivi 4 années dans différentes formations. Tout au long de mes études, j’ai fait des petits boulots alimentaires. Dans le cinéma comme assistante mais aussi à la télévision où je suis restée 2 ans. Petite déjà, j’aimais le cinéma. À l’âge de 10 ans, en 1979, j’ai joué un petit rôle dans un film d’André Téchiné, Les soeurs Brontë avec Isabelle Adjani et Isabelle Huppert. À 16 ans, en 1985, je me retrouvais une nouvelle fois sur le tournage d’une adaptation du roman d’Emily Brontë, Hurlevent réalisé par Jacques Rivette. Le cinéma me collait à la peau. J’ai alors commencé à écrire des scénarios et à 21 ans, j’ai réalisé mon premier court-métrage.
Dernièrement, j’ai suivi une formation en Menuiserie en cours du soir. Je pratique cette activité de plus en plus régulièrement.
- Pourquoi avez-vous commencé à écrire pour les enfants ?
J’ai réellement commencé à écrire et à publier mes premiers romans, il y a tout juste 5 ans. En fait, c’est grâce à un ami, également auteur à l’école des loisirs, qui m’a fait rencontrer Geneviève Brisac, l’éditrice des romans pour la jeunesse dans cette maison. Lors de notre première rencontre, je lui ai présenté des contes que j’avais déjà écrits. Et même si elle ne les a pas publiés, elle m’a encouragé à continuer à écrire. C’est comme cela qu’est né en 2003, mon premier roman, « Popa, Moma et Moa », publié dans la collection « Neuf ». Aujourd’hui, je me consacre entièrement à l ‘écriture mais je dois malgré tout avoir une autre activité pour gagner correctement ma vie. Pour écrire un livre de la collection « Médium », il me faut entre 6 mois et un an.
- Comment inventez-vous vos personnages et vos histoires ?
Quand je commence un roman, c’est parce qu’en moi, un personnage se réveille et demande à s’exprimer. Ensuite, le contexte, les anecdotes se mettent en place tout naturellement. Pour réussir à intéresser le lecteur, il faut savoir se glisser dans la peau du personnage et voir le monde à travers ses yeux.
De ce point de vue, le cinéma et l’écriture se ressemblent beaucoup.
Mes histoires n’ont pas un but pédagogique et je ne cherche pas à mettre la société en boîte. J’écris à propos des relations humaines, souvent difficiles à l’adolescence. À cette période, les jeunes ne savent pas où se positionner dans le monde qui les entoure.
- Pourquoi avoir choisi de travailler avec l’Ecole des loisirs ? Avez-vous été un jour tentée par changer de maison d’édition ?
Après la rencontre avec Geneviève Brisac, je n’ai pas eu envie de chercher une autre maison. Pour écrire, j’ai besoin d’un environnement rassurant. C’est d’ailleurs pour cela que lorsque j’ai écrit « La Martre », un recueil de nouvelles pour adultes, je l’ai publié aux Editions de l’Olivier dirigées par Olivier Cohen. Geneviève Brisac et Olivier Cohen forment un couple dans la vie, j’ai alors trouvé naturel de glisser d’une maison à l’autre.
- Vous avez reçu le prix de la Société des gens de Lettres en 2004 pour « Je suis l’arbre qui cache la forêt » ? Quel est votre sentiment ?
C’est agréable de recevoir un prix et d’être reconnu en tant qu’écrivain à part entière, mais en réalité, le métier de romancier pour la jeunesse est un métier un peu bâtard. Il y a peu d’échos dans les médias à propos de nos créations contrairement à nos collègues de la littérature pour adulte qui se voient souvent consacrer des articles entiers. Heureusement, il y a des relais, comme les bibliothèques et les écoles qui nous permettent de rencontrer le public et d’échanger des impressions. Je participe également à des salons. D’ailleurs, je reviens du salon « Tout Mulhouse lit », et généralement, lors de ces manifestations, ce sont les illustrateurs qui rencontrent le plus de succès. Les écrivains « jeunesse » sont perçus d’un mauvais œil. Les ados ont l’impression de payer le livre deux fois, il faut acheter le livre et en plus, le lire... Comble de l’horreur.
- Comptez-vous bientôt sortir une nouvelle histoire ?
Je viens de finir Thomas Glaçon pour la collection « Neuf » qui sortira au printemps prochain. Je raconte l’histoire d’un petit garçon de 9 ans dont les parents sont en train de se séparer. Pour faire face à cette situation, il se crée un monde peuplé de petits bonhommes qui sont en fait des images de son inconscient.