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Date

Anne-Claire Beurthey

1 septembre 2006

Cette année, Pomme d'Api fête ses « 40 ans » et ce 19 septembre sort naturellement une nouvelle formule. Voilà plusieurs décennies donc que le magazine Bayard Jeunesse le plus traduit à l’étranger fait le bonheur des petits, qui y retrouvent, numéro après numéro, des histoires, avec Petit Ours Brun, SamSam, Mimi Cracra, la famille Choupignon, mais aussi des jeux, des expériences et des coloriages adaptés à leur âge. Depuis 2 ans, la rubrique « Les P'tits philosophes » est apparue dans le magazine. Conçue comme un atelier de parole, cette rubrique initie les « 3-7 ans » à l'art de vivre et de réfléchir ensemble. À l'occasion de cet anniversaire, Ricochet a demandé à Anne-Claire Beurthey, la rédactrice en chef, de nous parler de cet anniversaire et de la dernière rubrique-née.


- Ricochet : 40 ans d'existence, c'est 40 ans de succès ? Quelles ont été les périodes marquantes du magazine ? Et comment expliquez-vous le succès de ce magazine aujourd'hui ?

- Anne-Claire Beurthey : Pomme d’Api est né en mars 1966. Son succès est arrivé très vite : le premier numéro s’est vendu à 40 000 exemplaires, et l’année suivante, en 1967, le magazine atteignait déjà une diffusion de 100 000 exemplaires. Aujourd’hui, il compte plus de 800 000 lecteurs chaque mois et il est toujours le premier magazine en diffusion pour les « 3-7 ans ». Il est publié dans 9 versions internationales, en Asie, au Canada et en Europe.
Une des périodes marquantes de Pomme d’Api est bien sûr celle de sa création. Pomme d’Api a été le premier magazine éducatif de qualité pour les enfants, et le point de départ de toute une aventure de presse pour la jeunesse à Bayard et chez d’autres éditeurs.
Pomme d’Api a aussi marqué et continue de marquer des générations d’enfants, avec ses héros de la vie quotidienne si proches de ses lecteurs (David et Marion, Petit Ours Brun, Mimi Cracra, La famille Choupignon, SamSam…).

Les parents d’aujourd’hui continuent d’abonner majoritairement leurs enfants à Pomme d’Api parce qu’ils y trouvent une occasion très précieuse de partager un bon moment avec leur enfant en ayant confiance dans la qualité de ce qui est proposé. Tout en évoluant sans cesse Pomme d’Api est resté fidèle aux intuitions de départ qui font toujours son succès : offrir de la qualité visuelle, faire une belle place à la vie quotidienne en famille, ce terreau sur lequel se construit chaque enfant, s’adresser à la personne tout entière, à ses mains, sa tête, son cœur, ouvrir sur le monde et sur les autres, et enrichir la relation parent enfant.

Et cela grâce à des équipes qui prennent toujours le temps de rencontrer les enfants et les parents et qui sont attentives aux évolutions de leurs besoins.

- Ricochet : "Le coin des petits philosophes" est né il y a deux ans, comment les lecteurs ont accueilli cette nouvelle rubrique ? Est-elle bien suivie ?

- Anne-Claire Beurthey :
Les parents apprécient beaucoup cette rubrique qui leur donne l’occasion de discuter avec leur enfant de questions importantes et de transmettre les valeurs auxquels ils croient. Ils nous écrivent pour nous remercier d’aborder des sujets comme « ou j’étais avant de naître ? », et de leur donner des mots pour en parler avec leur enfant.

Les enfants quant à eux se reconnaissent dans les situations vécues par les p’tits philosophes et dans leurs interrogations.




- Ricochet : Comment se présente la rubrique, y a-t-il des personnages récurrents ? Quels sont les thèmes abordés ?

- Anne-Claire Beurthey :
Dans la nouvelle formule qui paraît ce mois-ci, la rubrique se déroule sur 5 pages :


Elle commence par une histoire en 3 pages qui met en scène des petits animaux humanisés récurrents très caractérisés : un petit cochon naïf de 3 ans, une chatte pragmatique très spontanée de 4 ans, un oiseau imaginatif et rêveur de 5 ans et un loup sceptique et provocateur de 6 ans. Ces personnages discutent et s’interrogent de façon très vivante, à partir d’un événement de la vie quotidienne qui suscite une question philosophique.


La rubrique se termine par deux grandes images associées à deux questions qui permettent de lancer la discussion, en famille ou à l’école.
Et pour aider les enseignants de maternelle à organiser des ateliers philosophiques dans leur classe, à partir de ces grandes images, Pomme d’Api lance, le 16 octobre, un service pédagogique accessible gratuitement sur son site http://www.pommedapi.com

Les enseignants pourront y trouver des fiches pratiques générales pour organiser un atelier en classe, des fiches sur chaque thème traité par les grandes images et même un espace pour échanger leurs bonnes idées.


Cette année, nous aborderons notamment les thèmes suivants : « Qu’est-ce qu’un enfant ? », « Est-ce que l’amour ça se partage ? », « Qu’est-ce qu’un cadeau ? », « Pourquoi faut-il faire des efforts ? », « Qu’est-ce qu’un ami ? », « Quand on se trompe, est-ce que cela veut dire qu’on est bête ? »

- Ricochet : En développant une rubrique philosophie dans le magazine, est-ce que vous souhaitiez être en phase avec cet engouement pour la philosophie pour les plus jeunes que les éditeurs exploitent actuellement ? Avez-vous succombé à une mode ?

- Anne-Claire Beurthey :
Pomme d’Api a toujours fait une place dans ses pages, sous différentes formes, aux grandes questions que les enfants se posent sur la vie. Sans remonter très loin dans le temps les petits livrets de Gaston , le petit garçon qui posait sans cesse des questions abordaient des sujets philosophiques dans les années 1990.

Pomme d’Api a toujours fait une place dans ses pages, sous différentes formes, aux grandes questions que les enfants se posent sur la vie. Sans remonter très loin dans le temps, les petits livrets de Gaston , le petit garçon qui posait sans cesse des questions, abordaient déjà, dans les années 1990, des sujets philosophiques. Pomme d’Api s’est aussi toujours nourri des travaux de ceux qui réfléchissent et travaillent sur l’enfance et l’éducation. Et lorsque nous avons découvert, au début des années 2000, les ateliers philosophiques en classe, nous avons été très intéressés par ces expériences qui mettent l’enfant en situation de penser, d’exprimer sa pensée et d’écouter celle des autres, et admiratifs devant les compétences des enfants.

Nous avons souhaité contribuer à notre modeste mesure à éveiller la pensée et à susciter le dialogue chez nos lecteurs, pour les aider à se construire et à vivre avec les autres.

Et cela s’est traduit par cette nouvelle rubrique des P’tits philosophes qui met en scène des personnages enfants qui dialoguent et pensent et qui ensuite invitent le lecteur à réfléchir et à s’exprimer, en famille ou à l’école.




le visuel de couverture du n°1 de Pomme d'Api (1966)

- Ricochet : Pour développer cette rubrique d'initiation à la citoyenneté, avez-vous fait appel à des professionnels ? Qui crée ces histoires ?

- Anne-Claire Beurthey :
Les histoires des P’tits philosophes et les grandes images sont écrites et conçues par la rédaction de Pomme d’Api en collaboration avec des philosophes, des enseignants, et en s’appuyant sur des échanges philosophiques avec des enfants de classe de maternelle.

- Ricochet : Entre 3 et 7 ans, on sait que le petit enfant se développe énormément. Comment parvenez-vous à proposer des sujets qui soient en phase avec les enfants de 4 ans et ceux de 7 ans ? Ne se destine-t-elle pas davantage aux lecteurs plus âgés ?

- Anne-Claire Beurthey :
Les grandes questions sur la vie ont cela de particulier qu’elles sont un peu les mêmes à tout âge de la vie. Les enfants commencent à se les poser entre 3 et 5 ans, au moment où ils ouvrent les yeux sur le monde, mais leurs parents s’interrogent aussi sur ces questions. Nous savons d’ailleurs que la lecture de cette rubrique est parfois partagée par les grands frères et les grandes sœurs.

Ce qui est commun à tous nos lecteurs, qu’ils aient 3, 4, 5 ou 6 ans, c’est la difficulté d’accéder à l’abstraction. C’est pour cela que nos histoires relient toujours la question philosophique à une situation de vie quotidienne très concrète qui « parle » à tous nos lecteurs des années maternelles.

Bien sûr, nous sommes conscients que la façon d’appréhender la situation et la question pourra être un peu différente selon l’âge et la maturité psychique de chaque enfant, c’est pour cela que les personnages des P’tits philosophes représentent les différents âges de nos lecteurs.

Quant à l’intérêt du sujet, je crois qu’il dépend davantage des expériences de vie de chaque enfant (la mort, la naissance d’un autre enfant dans la famille…) que de son âge. C’est ce que nous montre le courrier que nous recevons des parents.

- Ricochet : C'est à Dorothée de Monfreid que revient l'illustration de cette rubrique. Son style convient-il particulièrement à la rubrique ?

- Anne-Claire Beurthey :
Nous avons confié l’illustration de la rubrique à Dorothée de Monfreid, car son style enlevé et expressif convient à la fois très bien pour la bande dessinée et pour les deux grandes images, conçues comme des affiches.

- Ricochet : Selon vous, que va y trouver un jeune lecteur ?

- Anne-Claire Beurthey :
Il va découvrir qu’il n’est pas seul à se poser certaines questions et que tout le monde ne pense pas forcément la même chose.

Et surtout, il va avoir l’occasion de dialoguer avec ses parents, sur des questions qui le touchent et sur lesquelles il a besoin de repères pour bien grandir.