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Anne Vantal

Lolita Gillet
1 juin 2009

Anne Vantal est née en 1956, à Paris. Après un baccalauréat classique latin-grec, elle étudie le chinois aux Langues’O, l’anglais et les lettres modernes. Pendant deux ans, elle enseigne l’anglais et le français à l’étranger. Elle devient ensuite critique littéraire pour le magazine Lire puis journaliste pour la presse culturelle et scientifique. Parallèlement, elle travaille dans l’édition : révision de manuscrits, lexicographie lors de la préparation d’un dictionnaire pour Oxford UNIVERSITY Press entre autres. Elle commence sa carrière d’écrivain en participant à des ouvrages collectifs avant d’écrire en son nom propre des textes de « beaux-livres ». En 2003, Anne Vantal publie son premier roman pour la jeunesse, Pourquoi j’ai pas les yeux bleus ? chez Actes Sud Junior.


- A la lecture de vos ouvrages, le thème de l’adoption semble récurrent. Pourquoi êtes-vous attachée à ce sujet ?

Plutôt que l’adoption, je préfère parler du thème général de l’identité. Comme il se trouve que j’ai, autour de moi, plusieurs familles ayant adopté un enfant, j’ai essayé d’explorer ce thème toujours du point de vue de l’enfant- soit un enfant jeune comme Maya (Pourquoi j’ai pas les yeux bleus ?), soit un tout jeune adulte comme Félicien (Un été outremer). Il me semble, après en avoir beaucoup parlé avec des proches, qu’il n’est pas si facile d’être adopté (au-delà de la belle histoire « hollywoodienne » du pauvre petit enfant qui n’a plus de maman et qui trouve une nouvelle famille). De plus, la question de l’adoption permet de poser des questions sur l’inné et l’acquis- bien que, évidemment, cela n’apparaisse jamais sous cette forme dans les romans pour la jeunesse.

- Comme dans "Chère Théo", vous vous adressez directement au lecteur. Pensez-vous que cela soit nécessaire lorsque l’on s’adresse à un jeune public ?

Cela n’est certainement pas « nécessaire », et je n’ai pas fait de longs calculs à l’avance pour savoir si c’était souhaitable... Cela m’est venu naturellement, et j’ai laissé parler mon instinct sans me poser de questions.




- Comment avez-vous été amenée à composer des récits « historiques » ? La méthode d’écriture du récit diffère sans doute de celle utilisée pour les romans parus chez Actes Sud Junior. Quelles sont ces différences ?

Pour les histoires parues dans Je lis des histoires vraies, j’ai été sollicitée…et j’ai accepté avec enthousiasme. Il y a deux raisons principales à cela. D’abord, j’aime l’histoire, j’aime faire des recherches précises en bibliothèque, etc. De plus, j’aime travailler avec un cadre contraignant (et celui du récit historique l’est particulièrement) pour équilibrer la totale liberté que représente l’écriture de la fiction. Cela vient sans doute de mon expérience du journalisme : écrire pour un journal est une somme de contraintes très fortes (date de remise du texte souvent très rapprochée, nécessité de boucler une enquête en peu de temps, longueur du texte calculée au mot près…). Ecrire dans un cadre historique nécessite un travail de recherches antérieur à l’écriture, alors que la fiction naît d’une pulsion.

- Une question un peu plus personnelle. Que pensez-vous du fait que l’on appose sur les livres l’âge conseillé ?

Bonne question… ! Je suis consciente du fait que les acheteurs des livres sont souvent des adultes, qu’ils sont un peu perdus et souhaitent être conseillés…Mais je pense que, dans la plupart des cas, l’âge « idéal » indiqué sur la quatrième de couverture présente plus d’inconvénients que d’avantages. Si on voit « à partir de dix ans » et que l’enfant en a huit ou neuf, on n’achète pas…Et c’est encore pire dans l’autre sens : un roman indiqué « à partir de sept ans » n’est pas acheté pour un enfant de dix ou onze, sous prétexte qu’une lecture « facile » n’est pas valorisante. Mais on s’en fiche, non ? Ce qui compte, c’est que le lecteur prenne plaisir à la lecture. Il y a bien des adultes qui continuent de dévorer Le Petit Nicolas sans avoir honte, et il y a beaucoup trop d’enfants qui s’ennuient et peinent sur des textes qui leur semblent trop difficiles pour eux. Pour ce qui est de mes propres romans, je ne suis pas vraiment d’accord avec les indications données par l’éditeur : dix ans pour Pourquoi j’ai pas les yeux bleus ?, neuf ans pour Chère Théo... C’est un peu bizarre, car il me semble que psychologiquement Chère Théo est beaucoup plus difficile à comprendre que les aventures somme toute banales de Maya (Pourquoi j’ai pas les yeux bleus ?). En définitive, chez Actes Sud Junior, ils ont renoncé à indiquer l’âge, et c’est beaucoup mieux à mon sens.




- Quels sont vos projets pour l'année 2009 ?

D’abord, j’ai eu envie de m’essayer à la traduction littéraire ! J’ai donc traduit de l’anglais, pour les éditions Actes Sud, un roman jeunesse de David Almond intitulé My dad’s a birdman (Mon père est un homme-oiseau) qui devrait sortir en mars. Au printemps, sortira en livre, chez OSKAR, le texte Cléopâtre paru antérieurement chez Je lis des histoires vraies : OSKAR a racheté les droits du texte et des illustrations de Cyril Meyer. D’autre part, je publierai en avril un conte dans la collection Benjamins chez Actes Sud Junior : Matakonda la Terrible. Un roman ado est également en suspens et pourrait paraître en juin.


Propos recueillis par Lolita Gillet, étudiante en licence professionnelle "métiers de l'édition" à l'IUT Paris Descartes

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Anne Vantal

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