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Date

Auteur/Editeur : un duo créatif

Amandine WAFLART
1 janvier 1990



PARCOURS PROFESSIONNELS POUR LA LECTURE DE JEUNESSE



Rencontre

MERCREDI 12 JANVIER 2005

12h-13H





Animateur : Bertrand LEGENDRE, maître de conférences et responsable du DESS d'édition à l'Université Paris 13



Intervenants :

- Amélie SARN, auteur jeunesse chez Milan poche

- Nadia ROMAN, institutrice auprès d'enfants en difficulté en auteur jeunesse aux Editions du Ricochet

- Chloé MACOMBE, directrice des collections de fiction Milan poche et du département BD jeunesse, chez Milan

- Marguerite TIBERTI, directrice des Editions du Ricochet, qu'elle a fondées en 1995.



Cette conférence a fait intervenir deux auteurs, Amélie Sarn et Nadia Roman, ainsi que l'éditrice de chacune, Chloé Macombe et Marguerite Tiberti.



Les relations entre l'auteur et l'éditeur s'établissent au niveau de la proposition du manuscrit.

Chaque maison d'édition a une ligne éditoriale particulière. Nous avions l'exemple d'une maison très sélective : sur mille cinq cents manuscrits, elle n'en retenait guère plus de huit. L'auteur et l'éditeur n'ont pas forcément envie de transmettre les mêmes idées, la même écriture ou le même type d'images.

Le manuscrit est d'abord jugé sur le style : lire les deux premières pages suffit à l'éditeur pour se faire sa première idée. Ensuite, l'éditeur s'intéresse au sujet. S'il le touche, il se pose la question de savoir si la façon dont est abordé ce thème correspond aux valeurs qu'il a envie de transmettre aux enfants.

Il y a une très grande part de subjectivité dans le choix de l'éditeur. A une question posée par un membre de l'assemblée : "Quels sont les critères pour qu'un manuscrit retienne votre attention ?", les éditrices ont répondu qu'il n'y a pas de normes définies. La littérature jeunesse est trop vaste pour être caractérisée de façon précise. Lorsqu'un éditeur travaille depuis un certain temps dans une maison d'édition, qu'il a appris à la connaître, il reconnaît de suite un manuscrit qui correspond à sa ligne éditoriale. Il s'agit surtout de "coup de cœur" et d'instinct.

Les manuscrits sont ensuite envoyés à des lecteurs qui renvoient des fiches de lecture au directeur éditorial. Dans certaines maisons d'édition, il y a ensuite un débat en comité de lecture.






L'édition jeunesse ne fonctionne pas dans le même état d'esprit que l'édition adulte.
L'auteur et l'éditeur sont très concentrés sur leurs lecteurs, sur l'idée que ce qui est transmis aux enfants a un impact sur eux. Il y a moins d'ego et de narcissisme que dans l'édition adulte. Aussi les auteurs acceptent beaucoup plus facilement les critiques des éditeurs. Ceux-ci suggèrent des idées à leurs auteurs, des thèmes qu'ils aimeraient voir aborder.

De son côté, l'auteur sait que chaque maison d'édition a une politique éditoriale différente. Aussi envoie-t-il généralement son manuscrit à la maison qui saura le mettre en valeur.
Il attache beaucoup d'importance à la diffusion de son livre auprès des enfants. Il souhaite donc que l'éditeur mette son livre en avant, en fasse la promotion. Si son œuvre est simplement vendue sans aucun commentaire, l'auteur aura envie de changer d'éditeur.
C'est un point important en jeunesse, l'auteur et l'éditeur portent beaucoup d'attention à l'ouvrage.

L'inconvénient est que dans les maisons d'édition qui publient beaucoup, l'éditeur peut difficilement défendre corps et âme tous ses livres.



Il y a des sujets de tensions entre eux.

L'auteur n'apprécie généralement pas les illustrations qui sont choisies afin d'accompagner son texte. L'éditeur rencontre parfois la situation délicate d'auteurs-illustrateurs dont il apprécie le texte, mais pas les images. Dans ce cas, l'auteur accepte mal que ses illustrations soient remplacées par celles d'un autre.

Le titre est également un sujet de discorde. Il est défini par l'éditeur, car il est considéré comme une donnée commerciale. Cependant, il impose rarement son choix et cherche un compromis avec l'auteur. Il y a souvent cinq à six changements avant que l'auteur et l'éditeur se mettent d'accord.






Une autre différence importante avec l'édition adulte est l'absence de grosses rivalités. Aussi les éditeurs redirigent-ils souvent les auteurs vers des maisons d'édition dont la politique éditoriale correspond davantage au manuscrit. L'éditeur peut apprécier un texte et des images, mais ne pas avoir envie de les défendre. Il lui semble alors logique de conseiller à l'auteur une autre maison, afin que le manuscrit ait une autre chance.

L'éditeur peut même refuser d'éditer le manuscrit d'un de "ses" auteurs. Par exemple, l'auteur est apprécié par son éditeur pour sa façon d'aborder la relation parents/enfants, mais non pour sa description des rapports hommes/femmes. Donc, son éditeur le redirigera pour un ou plusieurs de ses livres.

De son côté, l'auteur peut parfaitement changer d'éditeur. Il lui est généralement fidèle, mais c'est une préférence morale et non contractuelle, ce qui serait illégal. Par ailleurs, les éditeurs ont un certain nombre de publications par an. Ils ne peuvent donc pas forcément tout publier.



L'auteur et l'éditeur forment un duo qui fonctionne bien, car ils sont tous deux à la recherche de ce qui leur paraît le plus adapté à la jeunesse. Leur travail et leur association sont donc cohérents et productifs.