Chloé Lume: «L’adolescence est un âge de transformation et d’émancipation que je trouve extrêmement porteur.»
Chloé Lume est une autrice française de littérature ado. Mais elle a aussi été bibliothécaire jeunesse et est désormais professeure documentaliste. Son roman Pleurer pour un rien, c’est déjà beaucoup, paru en 2024 aux éditions Sarbacane dans la collection Exprim’, aborde avec sensibilité et finesse des thématiques pourtant difficiles.
Chloé Lume est une autrice française de littérature ado. Mais elle a aussi été bibliothécaire jeunesse et est désormais professeure documentaliste. Son roman Pleurer pour un rien, c’est déjà beaucoup, paru en 2024 aux éditions Sarbacane dans la collection Exprim’, aborde avec sensibilité et finesse des thématiques pourtant difficiles.
Nathalie Wyss: Chloé Lume, est-ce votre véritable nom?
Chloé Lume: Chloé est mon véritable prénom, mais Lume est un pseudonyme. J’ai fait ce choix par souci de distinguer mon travail d’autrice de mon autre métier, et sans doute par pudeur aussi.
Comment est né Pleurer pour un rien, c’est déjà beaucoup dans votre esprit? Et comment est-il arrivé jusqu’aux éditions Sarbacane?
Au cours des dernières années, qui sont aussi celles qui m’ont vue devenir mère, j’ai plusieurs fois été confrontée à des récits où maternité et deuil se mêlent, et qui m’ont beaucoup touchée. Petit à petit, l’idée d’écrire sur ce sujet a fait son chemin.
L’aventure éditoriale de ce roman est étroitement liée au concours Émergences, organisé par La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse. J’ai été lauréate en 2021 avec une nouvelle intitulée «Le Pacte» (consulter le recueil ici). Les auteurs et autrices sélectionné·e·s par la Charte ont ensuite la possibilité de rencontrer des éditeurs. C’est à cette occasion que j’ai rencontré Julia Robert, des éditions Sarbacane, et que j’ai pu lui parler de ce projet.
Comment avez-vous trouvé ce titre, Pleurer pour un rien, c’est déjà beaucoup? A-t-il une histoire?
En réalité, ce n’est pas moi qui ai trouvé ce titre. C’est une suggestion de mon éditrice. Nous tournions autour de l’idée de «rien», du «petit rien» qui revient souvent dans mon texte, et cela lui a donné l’idée de cette phrase extraite d’une chanson, Ces petits riens.
Ce roman aborde deux sujets difficiles: un deuil impossible et une grossesse non désirée. Comment avez-vous réussi à traiter ces thématiques avec autant de justesse?
Je me suis beaucoup documentée, j’ai lu des livres mais aussi des témoignages sur les réseaux sociaux. Je pense que c’est une base essentielle. Le reste relève, je crois, de l’empathie, qui trouve appui, au-delà des situations particulières, sur des émotions et des douleurs universelles.
Ce roman est écrit en vers libres, était-ce pour vous une évidence dès le départ?
J’avais depuis longtemps envie d’écrire un roman en vers libres. Quand j’ai commencé à avoir l’idée de ce récit, j’ai su que c’était la forme qu’il lui fallait. Je trouve que cela permet de plonger dans les émotions des personnages, dans leur introspection.
Avez-vous des retours de lecture de la part d’adolescentes qui auraient traversé des choses semblables à Adèle, votre héroïne?
Cela n'est pas encore arrivé. En revanche je sens parfois que cela touche quelque chose chez des lectrices adultes ou jeunes adultes.
Vos deux romans publiés à ce jour sont à destination des adolescents, est-ce votre public de prédilection? Quel est votre rapport à l’adolescence?
J’aime écrire des récits pour les adolescents, tout comme j’aime en lire. C’est un âge de transformation et d’émancipation que je trouve extrêmement porteur. Je n’exclus pas d’écrire également pour d’autres publics à l’avenir mais je ne pense pas cesser pour autant d’écrire pour les adolescents.
En tant qu’ancienne bibliothécaire jeunesse, quel est le livre que vous avez conseillé le plus souvent?
Je n’ai pas forcément un titre qui me vient tout de suite en tête car je m’adapte toujours à la personne qui demande conseil. Mais je dirais peut-être Les petites reines, de Clémentine Beauvais, car c’est un roman plein d’humour mais qui aborde aussi des thématiques importantes, proches des préoccupations des adolescents et adolescentes.
Quels sont vos romans coups de cœur pour adolescents?
C’est une question difficile! Je peux citer Quelques minutes après minuit, de Patrick Ness, et Inséparables, de Sarah Crossan, qui m’ont tous les deux fait verser des torrents de larmes. En fantasy, je fais partie des fans de la saga de La passse-miroir, de Christelle Dabos. En science-fiction, j’ai été emportée par le format original de Illuminae, de Jay Kristoff et Amie Kaufman. Je lis beaucoup et dans des genres variés, donc j’en oublie sûrement… et il m’en reste à découvrir.
Quel est le livre qui vous a donné envie d’écrire?
Là encore, il n’est pas évident de répondre car j’écris depuis que je suis en âge de le faire. Mais je crois que deux coups de cœur au tout début de l’adolescence ont soutenu cette passion: les romans de Marie-Aude Murail, d’une part, et la saga des Enfants Tillerman, de Cynthia Voigt, d'autre part. Ce sont des histoires qui m’ont durablement marquée par les émotions qu’elles ont provoquées en moi.
Et, bien sûr, quels sont vos projets en cours?
Il n’y a à l’heure actuelle rien de concret dont je puisse parler. J’avance sur plusieurs projets à la fois, à différents états d’achèvement, et j’ignore moi-même lequel aboutira en premier. J’ai pris la décision cette année de passer à 80% pour consacrer un peu plus de temps à l’écriture: j’espère que cela m’aidera à trouver un rythme plus favorable.