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Des expositions clés en main

pour vagabonder au cœur de l'illustration jeunesse

17 février 2010


L'Imagier Vagabond est une agence de promotion de l’illustration jeunesse, créée en 2006 par Virginie Mansot. Installée à Villeurbanne, elle promeut l'illustration jeunesse à travers des expositions clés en main. A son catalogue, une trentaine d’expositions sur des thèmes et des illustrateurs variés dont elle défend et promeut le travail de création. Entretien avec Virginie Mansot, passionnée par les arts appliqués et technicienne de l'illustration.

- D’où est né ce projet et ce vagabondage à travers les projets des illustrateurs ?

La promotion de l’autre est une chose très importante pour moi. Pendant les 9 premières années de ma vie professionnelle, j’ai été assistante sociale. Ensuite, j’ai été en congé parental avec les naissances de nos enfants, et j’ai voulu évoluer dans mon projet professionnel. Je me suis formée pendant cette période à la peinture sur bois, et à l’encadrement. Quand mon mari, Frédérick Mansot, est devenu plus connu en tant qu’illustrateur, on lui a demandé de présenter son travail en exposition, et il a paru plus facile que je lui en fasse moi-même le montage et la présentation. Du coup, ma vie personnelle et professionnelle s’est mise elle aussi à se développer autour de l’illustration, et la venue de nos enfants a renforcé ma curiosité pour le livre jeunesse grâce à l’usage quotidien de celui-ci lors du rituel du coucher de chaque soir. Depuis trois ans j’exploite donc mes compétences artistiques et relationnelles au service de la promotion de l’illustration !



- L'Imagier Vagabond est une agence. Quelles sont ses missions et sa vocation? Est-ce aussi une galerie, un musée ?

C’est volontairement que j’ai choisi le titre « Agence Rhône-Alpes», car je considère que mon travail est un service pour les acteurs du livre (comme le serait l’agence d’un architecte pour quelqu’un qui veut construire une maison), je suis une « technicienne » de l’illustration ! J’ai voulu également situer mon entreprise géographiquement, montrer que j’étais en province, car les structures qui sont dans le même domaine que moi se situent principalement sur Paris, et il y avait une réelle demande en région, notamment dans le quart Sud-Est de la France. De plus, il y a un vivier très important en graphisme et illustration sur Lyon avec des écoles d’art (Emile Cohl par exemple), des studios de dessin animé…

Je ne suis pas un musée du tout ! Je ne suis pas ouverte au public, je n’expose pas d’œuvres sur le lieu de l’agence sinon à titre exceptionnel quand il s’agit de présenter mon activité aux professionnels du livre (bibliothécaires, libraires, chargés d’animation…) lors de présentation de l’activité de l’agence. Je ne suis pas non plus une galerie car je n’ai pas de lieu d’exposition suffisamment vaste. De plus, pour le moment, ce n’est pas vraiment compatible avec ma vie familiale, mais c’est envisageable à l’avenir.

La vocation de l’Imagier Vagabond est de faire connaître l’illustration comme art à part entière. L’illustration est souvent considérée comme un art mineur parce qu’il a pour médiation le livre, qui est un produit commercial. Or, les illustrateurs sont de véritables artistes, qui ont une réelle démarche artistique, qui évoluent dans leur art, se nourrissent les uns des autres, inventent, innovent…




- Comment s'élabore chaque exposition ? Avez-vous carte blanche en matière de conception ?

D’abord, je contacte puis je rencontre l’illustrateur dont j’apprécie le travail graphique. C’est une chose importante pour moi car je veux être au plus près de ce que souhaite l’illustrateur. Je veux qu’il se retrouve le plus possible dans ce que je fais autour de son art. Certes, ce n’est pas toujours évident quand nous sommes loin l’un de l’autre, de faire un travail suivi et de rester le plus possible dans l’esprit de l’illustrateur ; mais je rencontre l’illustrateur au minimum une fois avant le démarrage de l’élaboration d’une exposition. Je pars du principe que pour avoir carte blanche moi-même, il faut que lui aussi ai eu le plus de liberté possible. Mon travail ouvre aussi des possibilités que n’aurait pas forcément imaginé l’illustrateur, et cela lui laisse la place pour des idées créatives à son tour. Ma part de « carte blanche » réside dans le fait de mettre en forme des éléments de scénographie, ou de réaliser les explications autour du travail de l’illustrateur car j’ai les compétences requises pour ce travail.

Pendant nos rencontres, nous avons donc de longs temps d’échange et de discussion pour savoir ce qu’il souhaite dire, voir développer en graphisme, en terme de pédagogie également. Durant ce temps nous prenons aussi un certain nombre de décisions : choix des originaux, titre de l’exposition, idées de scénographie…

Depuis trois ans, la plupart du temps c’est moi qui ai été à l’initiative de la démarche pour rencontrer les illustrateurs (ça commence à changer), car ils n’ont pas vraiment de temps à consacrer à ce type de développement de leur travail, voir même les moyens financiers de le faire eux même.

- Travaillez-vous aussi à la promotion de l’artiste tel un agent littéraire ?

Non, je ne suis pas agent artistique au sens stricto sensu, car je n’ai pas pour objectif de trouver des contrats d’édition aux artistes dans les maisons d’édition (ce qui est leur premier mode de rémunération), ou de leur trouver du travail (travail dans la presse, dans la communication ou encore en école d’art…). Mais c’est vrai que les expositions peuvent amener aux illustrateurs des propositions d’ateliers, d’intervention en milieu scolaire, de présentation de leur travail par des visites commentées de l’exposition. Pour cela ils sont rémunérés par les personnes porteuses du projet d’animation en cours d’élaboration, selon le tarif de La Charte des Auteurs et illustrateurs. Dans ce cadre, les expositions peuvent de ce fait devenir un « outil visuel » pour eux.

Cela va dans les deux sens ! En fait, mon travail a un effet tout à la fois direct sur leur rémunération- car je leur rétrocède un pourcentage du montant des locations payé à l’IMAGIER VAGABOND – et un effet indirect en leur amenant des propositions de travail d’animation faites par les loueurs d’expositions qui veulent voir vivre ces dernières.




- A qui se destinent vos expositions ?

Les expositions se destinent à tous les acteurs du livre : bibliothèques, médiathèques, écoles, librairies, salons du livre, centres culturels, associations culturelles, musées, ainsi que les offices de tourisme ou les hôpitaux par exemple. Elles ne s’adressent pas vraiment aux particuliers, principalement à cause de leur coût.

- Combien d’expositions présentez-vous ?

Dans le catalogue présent sur le site, 20 expositions sont réellement montées à ce jour et 7 sont en cours de montage. J’ai également 3 expositions qui ne sont pas encore présentées sur le site et plusieurs projets en cours de discussion.

- Parmi les illustrateurs invités, il y a Christian Voltz, Élodie Nouhen, Emre Orhun, Delphine Perret, Frédéric Pillot, Anne Romby , Philippe-Henri Turin ,Véronique Vernette, etc… Comment s’effectue votre choix des créateurs ?

Il y a deux éléments importants lorsque je choisis les illustrateurs qui vont travailler avec moi : il faut que son travail me plaise et qu’une véritable rencontre humaine et sympathique avec l’artiste se tisse ! La rencontre avec l’illustrateur est donc très importante, mais mon point de vue esthétique sur son œuvre est tout autant décisif. Après, c’est souvent une envie ou un besoin de part et d’autre. Les illustrateurs n’ont pas réellement le temps de s’occuper de l’organisation de leurs expositions, et moi je suis là pour ça ! De mon côté, c’est l’intérêt pour un thème qui me pousse à contacter un illustrateur (par exemple, je connaissais déjà Philippe-Henri Turin depuis longtemps par mon mari, et c’est parce que le thème des dragons me paraissait intéressant que j’ai voulu travailler avec lui).

- Présentez-vous exclusivement des livres de jeunesse ou les axez-vous sur différentes dimensions ?

Je me présente comme une agence de promotion de l’illustration jeunesse, donc c’est vrai que les 4/5ème des expositions sont constitués de travaux d’illustration jeunesse. Cependant, il peut arriver que l’artiste veuille présenter son travail dans une globalité qui ne concerne pas toujours que le travail qu’il réalise pour l’édition jeunesse. Dans ce cas, on lui crée un espace bien défini et on explique la raison de sa présence dans l’exposition en question. Il faut tout de même que ce qui est présenté, soit en lien avec son travail d’illustrateur et qu’il puisse être rendu accessible dans sa compréhension au jeune public principalement attendu sur les expositions.

- Quelles sont les différentes approches pour ces expositions ?

Les expositions peuvent être classées en plusieurs catégories que voici.

- Thématiques : Le plus souvent, ces expositions rassemblent le travail de plusieurs illustrateurs autour d’un même thème. C'est le cas des expositions « Noir et Blancs pour une Afrique en couleur » ou « Contes d'hier, Histoire pour aujourd’hui »

- Narratives : Expositions sont généralement constituées par la totalité des planches réalisées pour un seul album par l’illustrateur concerné . Soit un livre, un illustrateur, et une histoire. Je travaille alors entre autre sur le rapport texte /image. L'exposition « Dragons en folie » a été réalisée à partir de l’album intitulé Tendres Dragons illustré par Philippe-Henri Turin et écrit par Sylvie Chausse aux Éditions Belin.

- Monographiques : Expositions qui présentent le travail d’un seul illustrateur par exposition à travers plusieurs de ses livres et une sélection de planches, comme par exemple « Au fil musical des tamtams et de la sanza » de Frédérick Mansot

- Techniques : Dès les débuts de l’Imagier Vagabond, j’ai eu envie de faire des expositions qui parleraient de ce qu’est le livre, des techniques d’illustration. Cela m’a donc amené à créer plusieurs expositions qui parlent de la technique ou de la manière de faire un livre. « L’Art et leur manière » : mise en confrontation de 4 illustrateurs avec des technique très différentes.


Ces différentes catégories se recoupent souvent entre elles. Le site prend en compte cette problématique et propose différents modes de recherche : Par thématique, par illustrateur ou par ordre alphabétique. Par ailleurs, j’ai le vrai souci de présenter dans mes expositions le processus de création de la plupart des illustrateurs avec les travaux préparatoires de chacun (esquisses, crayonnés, chemin de fer, maquette, travail documentaire etc.). Généralement, c’est une des choses que les artistes aiment bien voir présenté dans leurs expositions car ce n’est jamais visible dans le livre.




- Comment s’organise votre catalogue ?

Comme je le dis auparavant, globalement, le catalogue s’est organisé à partir de travaux que j’aimais bien, et en fonction de thématiques qu’il me semblait intéressant de développer.

Avec les expositions, je propose également des éléments pédagogiques et scénographiques qui permettent une meilleure accessibilité aux publics.

- Quel est le budget que doit compter une structure pour une exposition ?

Les frais pour la location varient à la fois en fonction de la durée et du type d’exposition. Les petites expositions avec peu de planches par exemple sont les moins coûteuses. Les expositions les plus chères sont celles qui rassemblent plusieurs illustrateurs (plus il y a d’illustrateurs, plus le partage de la rétrocession est importante car il faut que chacun s’y retrouve gagnant financièrement).

Pour la durée, j’effectue un tarif dégressif de semaine en semaine (pour moi, faire partir une exposition une semaine me demande autant de travail que de la louer 3 ou 4 semaines. Il faut le même travail de préparation au départ et au retour de l’exposition).

Les frais de déplacement et d’assurance ne sont jamais comptés dans le prix de l’exposition car se sont les lieux d’accueil qui se chargent de ces questions. Je propose tout de même des solutions, mais c’est une fois de plus en fonction de l’exposition louée.

- Ces expositions sont-elles régulièrement remises à jour ?

Oui, les expositions sont complétées, étoffées, enrichies selon les remarques que l’on peut me faire. Elles sont modifiées sur certains éléments, et évoluent au fil du temps. (par exemple dans l’exposition « l’art et leur manière », le travail d’un illustrateur qui part pour faire la place à une nouvelle personne avec une technique très différente et nouvelle).

Les expositions sont disponibles toute l’année selon les locations bien entendu.


Pour en savoir plus, rendez-vous sur http://imagiervagabond.fr/