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Date

Emilie Etienne

1 décembre 2004



Coup de projecteur sur le parcours d'une jeune illustratrice



Un premier album autour de la "Belle et la Bête" pour Emilie Etienne




"La Belle et la Bête", le premier album d'Emilie Etienne et de Jean-Frédéric Noa, vient de sortir chez AK éditions. Il s'agit d'une relecture du conte classique qui mêle de courts textes poétiques à des illustrations réalisées à partir de marionnettes et de peintures, assemblées par l'infographie. Présente au salon du Livre et de la Presse jeunesse de Montreuil pour une séance de dédicaces, cette jeune illustratrice/ infographiste, passionnée de cinéma d'animation, nous a expliqué sa percée dans le monde de l'édition.






Ricochet - Quel était ton projet de départ?

Emilie Etienne - J'avais envie d'adapter un conte. Et puis finalement, mon choix s'est porté sur la "Belle et la Bête" parce que j'aimais beaucoup ce conte. J'avais vu la version de Cocteau, je me disais que cela conviendrait bien à mon style d'illustrations. J'ai alors fait la connaissance de Jean-Frédéric Noa, auteur et metteur en scène de théâtre et qui écrit des textes poétiques. Comme je ne voulais pas adapter la version de la Belle et la Bête que l'on connaissait - je voulais quelque chose de plus léger et je voulais que le texte soit épuré - je me suis dit qu'avec le style de Jean-Frédéric Noa, cela pouvait tout à fait coller à mon style d'illustrations. En fait, il a complètement réalisé une relecture de l'histoire et c'est un peu sa nouvelle interprétation du conte.

Ricochet - C'est donc avant tout ton projet ?

Emilie Etienne - Oui, tout à fait, c'est mon projet à la base. Après, j'ai invité Jean-Frédéric à venir me rejoindre sur ce chantier. Le contact a été facile. C'est vrai que ce n'est pas commode de travailler à plusieurs. Mais dans l'ensemble, Jean-Frédéric a été assez conciliant. Il n'est pas orgueilleux sur ces textes. On peut lui dire, " là, tu pourrais modifier un petit peu tel passage " et il le fait. On a eu une excellente collaboration.

Ricochet - Peux-tu nous dire quelques mots sur ton parcours?

Emilie Etienne - J'ai fait des études de cinéma audiovisuel à Aix-en Provence. Après, j'ai fait un an de DESS à Strasbourg en images de synthèse, et c'est cela qui a un peu orienté mon parcours. Après, cela m'a mené à l'infographie, cela m'a poussé à étudier des logiciels comme " photoshop ". Cela m'a beaucoup servi dans mes illustrations. A la base, j'ai toujours fait du modelage, j'ai toujours adoré fabriquer de petits personnages et réaliser des mélanges de techniques et c'est grâce à l'infographie que j'obtiens ce résultat-là.

Ricochet - Quelles techniques utilises-tu ?

Emilie Etienne - Au départ, c'est une technique artisanale. C'est une conception de personnages en pâte à modeler, en pâte qui durcit à la cuisson. Après, je fais des perruques, des costumes, je couds les robes. D'un autre côté, je fais de la peinture acrylique et aquarelle: je peins des textures, des fonds, je peins des paysages, des arbres. Je construis aussi quelques mobiliers en papier mâché ; puis je les peins et je les vernis. Après, je prends tout cela en photo, et ensuite par l'infographie, je lie tous ces éléments et le tout devient un ensemble homogène. J'essaie d'intégrer les marionnettes pour qu'elles fassent vraiment partie du décor, de manière à ce qu'on ne voie pas que c'est une marionnette.

Ricochet - Tu avais déjà travaillé avec des marionnettes ?

Emilie Etienne - Oui, j'avais déjà travaillé avec des marionnettes sur un autre projet qui a été auto-édité. J'adore le cinéma d'animation, mes références sont Dark Crystal, Jim Henson, Tim Burton, cela m'a toujours passionné "L'étrange Noël de monsieur Jack", les "Muppets". C'est vrai que c'est une influence que j'ai depuis toute petite.

Ricochet - C'est plutôt original comme technique ?

Emilie Etienne - Je ne suis pas si c'est original. C'est différent comme traitement graphique parce que c'est vraiment un mélange de techniques. Je m'épanouis plus à travers le modelage par exemple. Je sais mieux modeler un personnage plutôt que le dessiner. Je m'exprime beaucoup plus en faisant des marionnettes, c'est un plaisir de construire des personnages, de les habiller, les costumer et de penser aux petites filles qui remarqueront les différentes robes. C'est la technique que j'ai adoptée parce que c'est celle que j'ai apprise par mes expériences et aussi par mes études.

Ricochet - Tu as mis combien de temps pour réaliser la Belle et la Bête?

Emilie Etienne - Il y a d'abord tout un gros travail préparatoire. J'ai réalisé une première version et je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup de lacunes dans les personnages, alors j'ai tout jeté et j'ai tout refait. Cela demande beaucoup de travail, après il faut affiner sa technique et affiner son style. Ensuite, au niveau de la réalisation, cela s'est passé relativement vite, de février à avril.

Ricochet - Comment as-tu trouvé un éditeur?

Emilie Etienne - C'est grâce au site Ricochet ! J'ai mis mes images sur le site ricochet. Mon éditeur les a remarquées sur Ricochet et est venu à son tour sur mon site Internet. J'y avais annoncé que j'avais un projet sur la " Belle et la Bête " et que je cherchais un éditeur. C'est donc l'éditeur qui a fait la démarche de vouloir voir mon projet. Il m'a alors demandé de lui envoyer un dossier. Je le lui ai envoyé, on a pris rendez-vous à Brest. Et le jour même où, avec Jean-Frédéric Noa, nous l'avons rencontré, il a dit d'accord.

Ricochet - C'est donc un sacré coup de chance alors ?

Emilie Etienne - Oui, j'ai eu de la chance d'autant que c'est sans doute plus difficile de se faire éditer quand on a déjà un projet. Il m'a fait venir à Brest et cela s'est très bien passé; en fait, ils sont deux éditeurs et donc j'ai bossé avec l'un et il m'a fait beaucoup de remarques très constructives. J'ai bénéficié d'une grande liberté et en même temps, il y avait quand même quelques contraintes techniques. Il y avait le format qui était imposé et le fonctionnement en double-page. Mais dans l'ensemble, cela s'est très très bien passé. Pour mon premier projet, j'avais démarché auprès de plusieurs maisons d'édition et je n'avais pas eu de retour. Mais avec la deuxième version, j'ai eu de la chance, car je n'ai pas dû redémarcher. Je n'ai pas attendu longtemps, maintenant il faut que cela plaise au public. Ricochet nous permet de mettre des images, moi je sais que mon éditeur est passé par-là. C'est un bon truc pour les jeunes qui débutent.

Ricochet - Quelles ont été tes principales difficultés?

Emilie Etienne - J'ai rencontré quelques difficultés avec mes personnages quand je les prenais en photo. Je n'ai pas de studio, je travaille dans la cuisine. Ce qui m'a le plus énervée, c'est lorsque je prenais mes personnages en photo dans la cuisine et qu'ils tombaient. Il faut aussi un gros ordinateur, et du bon matériel informatique pour traiter de telles images. Il faut bien s'équiper!

Ricochet - Tu travailles déjà sur un nouveau projet?

Emilie Etienne - Oui, ce sera un livre sur les fées. Le monde de la féerie, c'est le domaine que j'affectionne le plus. Ce sera un projet que j'écrirais moi-même et cette fois-ci, c'est moi qui le gérerais de A à Z. D'un autre côté, avec Jean-Frédéric Noa, on voudrait reprendre Hansel et Gretel. C'est d'ailleurs plus son projet à lui. En tant qu'auteur et metteur en scène de théâtre, il voudrait l'adapter pour les enfants. Il est en train de travailler son écriture ; par après, il en fera une pièce de théâtre, et il y aura aussi un livre.



La Belle et la Bête

Auteur : Jean-Fréderic Noa - Illustratrice : Emilie Etienne

Editeur : AK éditions - Prix : 25 euros

http://www.ak-editions.com/