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Date

A haute voix : conte, comptine, poésie et caetera

Victoria GARELLY
1 janvier 1990



PARCOURS PROFESSIONNELS POUR LA LECTURE DE JEUNESSE



Table ronde

Mercredi 12 janvier 2005

14h45-16h





Animateur : Raymond LE LOCH, de l'Observatoire national de la lecture.


Intervenants :

- Michel BESNIER, poète et professeur de lettres

- Muriel BLOCH, conteuse, auteur des 365 contes du pourquoi

- Jean-Pierre EUGENE, inspecteur de l'Education Nationale

- Chantal GROSLEZIAT, auteur de comptines aux éditions Didier jeunesse et directrice de l'association Musique en herbe

- Jean-Pierre SIMEON, président du Printemps des poètes



La conférence " A haute voix : conte, comptine, poésie et cætera ", avait pour mot d'ordre l'oralité. A travers les interventions de professionnels, il s'agissait d'éclairer la lanterne du public sur l'importance de la maîtrise de la langue orale : comment raconter un poème, un conte. Avec une volonté très marquée de redonner vie aux genres à haute voix.






Cet apprentissage commence dès le plus jeune âge. Chantal Grosléziat explique que " la musique des mots s'inscrit dans la mémoire de l'enfant dès son plus jeune âge " (et ce déjà à l'état de fœtus). En effet, l'enfant perçoit une stimulation rythmique, il ne fait pas la différence entre musique et parole. Car ce qui l'intéresse avant tout c'est la matière sonore. Mais il faut qu'il soit acteur, qu'on lui parle, qu'on le touche (son, geste et toucher ne font qu'un) car la musique se fait dans un échange. A partir de là, l'enfant crée et nous permet d'innover pédagogiquement.



L'entraînement à la langue orale doit continuer à l'école et ce, en partie grâce à la poésie. D'après Jean-Pierre Siméon, " la poésie est au cœur de tout fondement et apprentissage de la langue française " elle est une langue. L'erreur commise à la maternelle est de réduire la poésie à la comptine. Il faut préparer l'enfant, sans le sous estimer, à ce qu'est un poème. Cette préparation se fait par l'oralisation en écoutant une poésie, en se l'appropriant et non pas en la récitant de manière bête et méchante. " Réduire l'entrée de la poésie à ça, c'est laisser l'enfant dehors ". L'élève doit se trouver dans une sorte d'apnée, faire un tout avec la poésie. L'écoute de la poésie est nécessaire, l'enseignant doit travailler dessus tout en laissant à chacun le soin d'y entrer au moment ou il le sent le mieux.






Puisque la poésie est importante, quelle place accorde-t-on au conte à l'école ? D'après Muriel Bloch, conteuse, le conte est " une relation très particulière à la parole ". Tout comme la poésie, il faut un travail d'écoute et de réception du conte. Les contes ne peuvent exister s'ils ne sont pas entendus car ce sont des histoires faites de sons et de sens.
Le problème du scolaire est qu'il tend à vouloir faire, avec le conte, une explication de texte. Raconter un conte n'est pas une simple lecture : c'est une activité physique, de par sa relation avec le public, " on raconte par corps ". Le conte a une actualité, on choisit de le raconter parce qu'il nous parle, on y met de nous mêmes. Muriel Bloch refuse l'idée de faire écrire des contes aux enfants. Ce ne sont pas des " kits ", les enfants doivent baigner dans les contes.






Afin de mettre notre écoute à l'épreuve, Michel Bernier a choisi de lire des poèmes tirés d'un recueil Le rap des rats, dans la collection Motus.

Paradoxalement s'ensuivit un texte de Pascal Quignard, lu par Jean-Pierre Eugène, évoquant le silence. Cet homme considère que s'exprimer à l'école est la meilleure chose pour que l'élève soit confronté à la langue, " qu'il ait à l'école, le champs de la volubilité, que le geste accompagne l'élan de la parole, que le visage mime ". L'enfant ne peut pas maîtriser la langue si celle-ci est molle. Et ce travail est du ressort de l'enseignant : il doit se poser des questions sur le rapport qu'il entretient avec cette langue. Il faut que l'école soit l'occasion de vocalises, d'explorations, de matchs.

Il y a donc une nécessité de faire entendre à haute voix tous ces genres. La question suivante se pose alors : faut-il faire de l'école un oratoire ?