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Influence et interaction dans l'illustration européenne

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Janine Despinette
9 décembre 2008

Cet essai est paru il y a presque vingt ans, mais il a gardé toute son acuité.



Un jour d'octobre dernier, j'étais conviée à la Bibliothèque des enfants du Centre Pompidou, pour faire connaissance au milieu des jeunes lecteurs, avec l'auteur du « Maître des signes » paru en 1988 chez Syros : le peintre calligraphe chinois Deong Chen.



Parmi les invités, était là également, par le hasard d'une halte de voyage, le lauréat du Prix graphique international de Catalogne 1986, le peintre lituanien-polonais Stasys Eidrigevicius dont nous connaissons en France le style d'illustration par la « Reine des Neiges » publié par Grasset en 1984 dans la collection « Monsieur Chat ». Et était là également Béatrice Poncelet l'auteur illustrateur de « Je reviendrai le dimanche 39 » (Albin Michel) et de « Je, le loup et moi » (Joie de Lire) qui partage sa vie et ses albums entre sa Suisse d'origine et la France.



M'est alors, évidemment, venu à l'esprit le thème que les organisateurs de ce Colloque me demandaient de traiter. Inter influence et interaction? :que pourrait-il se passer entre ces trois artistes ? ...Visiteurs étrangers... Ils étaient là, ensemble, pendant quelques instants au milieu d'enfants francophones, et ces enfants pouvaient être des lecteurs de chacun d'eux.



Alors que leur investigation personnelle de l'imaginaire se perçevait vite diamétralement éloignée, les recherches esthétiques des trois ne pourraient-elles, pourtant, laisser des traces chez tous les enfants parce que le vrai lien qui les unit est l'authenticité de leur invention créatrice ?



Qui pourra jamais dire de quoi se nourrit l'imaginaire visuel des jeunes lecteurs européens contemporains ?



Les gens qui détiennent le pouvoir de légitimer la création artistique dans l'illustration s'intéressent si peu aux livres pour enfants, et le matraquage médiatique n'étant fait, en ce domaine, que sur les sous-produits du cinéma et de la TV. puisque le critère de diffusion de masse est le seul pris en considération, la critique spécialisée se retrouve sans cesse en situation paradoxale de marginalité parce que les livres et les artistes dont elle parle ne peuvent joindre leur public que dans le cadre limité des bibliothèques pour enfants ou dans les meilleurs des cas, à l'école, dans le cadre d'expositions itinérantes sous l'égide d'associations comme le C.R.I.L.J.



Influence et interaction dans l'illustration européenne ? Sous quel angle ?



Faut il parler de la place réelle qu'occuperont les Albums pour Enfants dans l'histoire des Arts graphiques de cette fin de siècle ?

Ou faut-il parler de l'influence réelle de ce secteur de l'édition sur les attitudes de consommation artistique des générations de l'an 2000? Selon que l'on s'appuie sur les statistiques des média et des sociologues,que l'on découvre les livres au milieu des enfants ou entre «spécialistes» réunis en jury, ou que l'on s'intéresse aux rayons «Beaux Arts» dans une librairie, la réaction diffère...



L'élargissement thématique de la littérature pour la jeunesse doit beaucoup aux imagiers qui en renouvellent l'atmosphère.



Il y a en effet parmi eux

- des illustrateurs réalistes, observateurs amusés ou émus mais toujours très attentifs de l'univers enfantin contemporain.

Leurs albums reflètent le quotidien des enfants.

Ils les créent pour aider les petits à l'âge des premiers apprentissages de la vie. Pour eux ils font des images de reconnaissance qui permettront de prendre mieux possession de leur environnement. Agressions et transgressions sont souvent étudiées par eux pour que les jeunes lecteurs y retrouvent échos de leurs propres difficultés d'insertion plutôt que la nostalgie d'une enfance perdue, de la société adulte.

Et l'environnement va de la chambre d'enfant à la cour de recréation, en ville, à la campagne, à la mer, ou à la montagne.



Certains d'entre eux sont des paysagistes exceptionnels - la création d'albums pour enfants attire beaucoup d'architectes, on le sait peu. D'autres, sur fond de défense écologique sont des animaliers aussi patients et précis que les photographes à l'affût.



La relation parents-enfants nous est ainsi révélée presque semblable partout mais les lieux sont souvent fort différents.

Ces Albums sont alors pour l'enfant lecteur l'occasion de découvrir son Ici ou l'Ailleurs...



Il y a aussi

- des illustrateurs Fantaisistes qui, dans la vie, aiment encore partager les jeux des enfants. Ceux qui inventent, qui miment, mettent en scène.. et souvent se servent du miroir déformant de la facétie, de l'humour ou de la caricature pour le plaisir de faire rire tout en conduisant cependant, ainsi, aux premières prises de conscience des sensations et des sentiments. On découvre dans leurs albums que l'humour graphique, l'humour de situation passent mieux que le jeu des mots au-delà des frontières...



Et il y a bien sûr

- des illustrateurs Poètes...

ceux là ont gardé en mémoire combien est illimité l'Espace du rêve des enfants.

Ils savent que la Poésie prise comme fonction de la sensibilité humaine n'appartient pas qu'à la littérature. La poésie peut aussi émaner des choses et des Images. Et eux, illustrent les Contes et les Légendes renaissant de notre mémoire collective ou bien ils en inventent. Leurs

images sont souvent hors temps et hors sphère, elles peuvent être comprises des enfants du monde entier, à condition cependant que leurs éditeurs sachent les vendre et qu'il y ait de vraies réciprocités d'achat dans le business éditorial international.



Dans une interview de M. Ripa de Meana, membre de la Commission de la Communauté européenne et chargé de la Culture disait «...ensemble, créateurs, artistes, industriels, pouvoirs publics et sponsors privés, doivent à la fois préserver et développer la diversité culturelle en permettant au citoyen européen de découvrir les richesses de nos patrimoines respectifs et dégager de ce foisonnement le fonds commun qui constitue la base culturelle de notre identité européenne. Apprendre à nous reconnaître et à nous accepter «uns et différents» : tel est l'enjeu essentiel...» A croire qu'il a été un lecteur des albums du Père Castor.,car il y a quelques années déjà, que tous ceux qui s'intéressent à la création, à la production et à la reconnaissance de la littérature pour l'enfance et la jeunesse, ont mis ces idées en pratique. L 'histoire de ce secteur de l'édition et en particulier celui des albums d'images foisonne d'œuvres qui correspondent aux vœux de M. de Meana, à commencer par les « Enfants de la terre » publiés par le Père Castor et qui furent en 1962, les premiers lauréats du Prix européen crée par l'Université de Padoue en Italie. Mais sommes-nous nombreux, à en avoir mesurer les potentialités éducatives dans leurs plus larges perspectives ?



Si notre information sur le thème, passe par les journalistes qui font l'opinion, à la T V ou dans la grande presse, française, la référence de base étant «Disney channel», l'Illustration européenne contemporaine pour la Jeunesse se limitera à Tintin (Hergé) Asterix (Goscinny/Uderzo) Les Schtroumpfs (Peyo) avec parfois Corto Maltese (Hugo Pratt). Ce pourrait être point de départ cohérent, en France la B.D. fait partie des Arts graphiques; il pourrait être accepté, peut-être, également en Belgique, en Italie, en Espagne, mais les autres pays du vieux continent ne connaissent guère cette technique d'image narrative.



N'importe comment l'europeanité de l'Illustration, même vue seulement de France est autre chose, et a de multiples facettes.

En tenant compte de Candy et du dernier produit disney Roger Rabbit mais aussi d' « Emilie » de Domitille de Pressensé, du « Petit Ours Brun » de Danièle Bour, de « Mimi Cracra » d'Agnès Rosenstiehl, de « Yok Yok » d'Etienne Delessert et de quelques autres films d'animation d'André Dahan ou de Jean Claude Marol dont l'impact est certain, à la T.V., nous pouvons dire que l'omniprésence de l'image mobile et immobile permet aux enfants d'aujourd'hui, de développer très tôt leur intelligence du regard.



Pour les surprendre et les étonner, pour provoquer la réflexion et stimuler l'imagination, les éditeurs spécialiseés se doivent d'essayer de bénéficier de toutes les recherches graphiques et artistiques proposées sur le marché de l'édition. Partout, se côtoient maintenant, journaux et livres pour un public d'enfants consommateurs d'information, et journaux et livres pour un public d'enfants aptes à être co créateurs de leur propre culture parce que bénéficiant d'un milieu scolaire ou familial plus porteur.



L'imprégnation, au sens Lorenzien du terme, des images paraissant dans Blaireau dans Toupie, Popi dans J'aime lire. Je bouquine. Gullivore ou Okapi doivent être prises en compte lorsqu'on parle de graphisme et d'illustration européenne.

Il est évident que l'influence des traditions éducatives et sociales, nationales est sensible dans l'œuvre d'un artiste travaillant en direction de l'enfance. Sous la facture de présentation, il va la façon de considérer l'Enfant et de communiquer avec lui, beaucoup d'illustrateurs le disent; une didactique de production n'est pas forcement morale, mais dans le cas des Livres pour enfants: formes et fonds, contenants et contenus en symbiose laissent effectivement apparaître le projet pédagogique en filigrane autant que le projet artistique, tous deux inscrits dans le cadre d'une société donnée.



Cependant à notre époque d'échanges culturels systématisés et de co production reconnue : l'orientalisme, le pop-art, le cubisme, le publicisme, le maniérisme, l'art naïf, le surréalisme, l'hyperréalisme, le tachisme, le vérisme. Tous les courants artistiques sont présents dans l'édition de la Littérature en couleurs, parfois même dans l'œuvre d'un illustrateur au fil des années.



Et il suffit de visiter une seule fois la Foire internationale de Bologne ou la Biennale internationale d'illustration de Bratislava pour découvrir qu'en sont imprégnés aussi bien les livres d'un artiste japonais que les livres d'un artiste italien, espagnol, suédois, tchèque ou français...



Hugo Pratt dans son « Ile au Trésor », par exemple, rend hommage non seulement à l'écrivain écossais Stevenson mais au peintre américain Howard Pyle (Casterman).



Le lauréat du Prix Andersen 1988 -Dusan Kalay dans son « Alice au pays des merveilles » révèle à la fois sa fascination pour l'œuvre de Lewis Carroll et pour celle d'Odilon Redon même si tous les éléments de ses références symboliques sont strictement liés au Fantastique slave (Mlade Leta -Grund).



Et Mitsumasa Anno dans ses albums de voyages qui ont pour titre. « Ce jour la, le jour suivant » ou « Séjour en Grande–Bretagne » nous renvoie, capté par son regard japonais, les reflets de ce qui fait notre patrimoine culturel européen (Ecole des loisirs).



Des courants nationaux naissent quelquefois autour d'une école d'Art à Varsovie, Cracovie, à Londres, à Bratislava ou ailleurs. L'enseignement d' Alain Le Foll aux Arts décoratifs de Paris a marqué profondément ses élevés et le public. Il est mort trop tôt.

Claude Lapointe est responsable de l'Atelier d'illustration à l'Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg, depuis une vingtaine d'années. Théoricien autant que praticien, dans ses propres travaux, il apparaît comme un dessinateur caricaturiste au trait fortement maîtrisé et en même temps superbe coloriste. Pour RuyVidal il a créé un Pierre L'ébouriffé psychédélique qui a provoqué la critique en son temps. Il a illustré les histoires de l'Italien Rodari, il illustre régulièrement Pierre Gripari: « Le marchand de Fessées» «Les contes de la folie Méricourt», tout en créant une collection d'usage pratique a l'intention des apprentis dessinateurs: Voir l'indispensable Livre du livre paru en Folio Gallimard. Lapointe s'entend à démonter les mécanismes de la Communication visuelle, et en pédagogue, il apprend à construire une illustration informative efficace, une illustration décorative agréable à l'œil et parfois divertissante. L'expression personnelle demeure mais l'instinctif est endigué.


On reconnaît dans la production actuelle française les livres illustrés par les élèves de l'Ecole de Strasbourg... Il serait intéressant dans quelque temps de comparer ce courant à celui de l'école d'illustration récemment ouverte à Lyon dont les professeurs s'appellent Jean Claverie, François Crozat, Henri Galeron, Maurice Garnier, Georges Lemoine... avant de conclure qu'un courant est plus représentatif qu'un autre, dans un Pays; d'autant plus que d'autres naissent également autour d'un éditeur ou d'un concepteur.



On sait bien l'influence qu'ont exercé, en France, dans les années 60/80 des hommes comme Delpire, Arthur Hubschmid de l'Ecole des Loisirs, Denis Prache à Bayard Presse, Harlin Quist et Ruy Vidal. L'équipe du Magazine « A suivre » de Casterman avec tout ce que représente l'impact B. D. Les éditions Diogenes à Zurich, Oxford Press et Jonathan Cape en Grande Bretagne, Bonniers à Stocholm, et l'ICBS (international children's book service) l'une des premières agences littéraires créées à Copenhague par Virginia Allen Jensen.



Les éditions Lemniscat à Rotterdam, Sauerlander à Frankfurt, Emme à Milan et Quadragono à Conegliano, Artia à Prague et Mlade Leta à Bratislavaont été des éditeurs phares pour l'illustration européenne des vingt cinq dernières années.



Aujourd'hui on peut constater l'effet magnétique du nom de Gallimard Jeunesse ou celui d'Etienne Delessert lorsqu'il se fait éditeur (Tournesol- Monsieur Chat...) sur la nouvelle génération d'illustrateurs qui circulent dans les allées de la Foire de Bologne.



Et il y a, sans conteste un courant Bohem Press autour de personnalités tonitruantes venues de l'est : Ottokar Bozejovski et Stepan Zavrel.

Il y a un courant Nord Sud autour des Sidjanski.

Il y a un courant Andersen Press autour de Tony Ross et de Klaus Flugge.

Il y a un courant Norske Samlaget autour de Gury Vesaas (Norvège) et un courant Opsis Kalopsis, une revue littéraire et artistique créée à Stockholm à laquelle participent graphistes, illustrateurs, poètes écrivains et créateurs de théâtre autour de Birgita Fransson.

...Et il y a un courant Ipomée autour de N. Maymat et Dominique Beaufils.

Parce que ces éditeurs se sont donnés pour tâche de publier des livres qui puissent éveiller la créativité, former le goût et développer la sensibilité de l'enfant en l'ouvrant à l'Art... des livres faits par passion par des créateurs avec tout ce que cela peut comporter de fantaisie échevelée ou de lyrisme. Seuls sont de rigueur le professionnalisme et le respect de l'enfant.



En 1967 1a revue suisse Graphis offrait à son public international de professionnels de l'Image, une première approche visuelle comparatiste de cette Littérature en couleurs créée en direction du public enfantin, faisant prendre conscience à ses lecteurs que l'esthétisme de l'Image ayant plus d'impact que celui du signe linguistique, cette image dans sa complémentarité donnait sens au texte et pouvait aussi bien déformer, inverser ou annuler les effets recherchés par un écrivain, si les enfants n'étaient pas préparés à en percevoir cette complémentarité.



Nous pouvions voir là que l'Album d'images, au premier abord mince de contenu littéraire et de consommation éphémère apparente, par sa dimension esthétique, entraîne cependant des problèmes de lecture qui engagent le lecteur dans une voie d'appropriation affective et sensible qui est, en réalité, culturelle (il suffit d'observer adultes et enfants conditionnées par un «manque» d'éducation artistique, rejetant sans appel tout graphisme original au profit des stéréotypes de l'audiovisuel, pour me comprendre).



En 1967 avait lieu également la première Biennale internationale d'Illustration de livres pour enfants à Bratislava en Tchécoslovaquie, que l'on appelle plus souvent la B.I.B.



En suivant les manifestations qui, peu à peu se sont multipliées, souvent sous l'impulsion de l'Union internationale des livres pour la Jeunesse, de la Bibliothèque internationale de Munich ou de l'Université de Padoue, parallèlement aux développements des Foires internationales de Bologne, Francfort ou Leipzig... on peut constater leur rôle dans la prise en considération, internationale, d'une œuvre d'illustrateur de livres d'enfants.



Les Prix Graphiques d'une Foire commerciale sont strictement internes à la profession et sans rayonnement. et, par conséquent ne suffisent pas... C'est vraiment dans la mesure où ces livres seront confrontés à d'autres, où ses Images figurent dans des catalogues d'expositions culturelles internationales et qu'ils donneront lieu à des articles, à des échanges de vue, à des commentaires d'experts... que le style, ta personnalité d'un illustrateur seront reconnus par la critique internationale et par les bibliothécaires qui ne travaillent qu'à partir d'ouvrages et revues de référence.



Et nous pouvons découvrir là, que pour le reste du Monde, les illustrateurs français n'existent guère, qui, pour de multiples raisons, refusent presque toujours la compétition de ce type, et ainsi, ne figurent presque jamais dans les bibliographies internationales. Pourtant... il suffit que Nicole Claveloux accepte, en 1974., d'envoyer ses dessins à Bratislava, pour qu'elle en remporte une Pomme d'or avec « Alice au pays de merveilles » publié par Grasset. Il suffit que Frédéric Clément se décide à participer à la B.I.B. de 1985 avec le « Bestiaire fabuleux » publié par Magnard et « Histoire de Lilas » publié par Ipomée, pour que l'unanimité du jury se fasse sur son nom et qu'il en soit le Grand prix. Et de cause à effet: une illustration de l'Alice de Nicole Claveloux figure en pleine page couleurs dans le très select «Who's who in children books» de Margery Fisher publié en Angleterre pour les pays anglophones et une exposition de l'œuvre de Frédéric Clément circule à travers le monde sous l'égide de la BIB et de l'Union internationale des livres pour la jeunesse.



Y-a-t-il des retombées commerciales? Seuls les éditeurs pourront nous le dire. Moi, je ne parle que de la juste renommée d'une œuvre d'artistes sans méconnaître, cependant, que les deux, dans l'édition sont quand même, indissociablement liés. Si les éditeurs étrangers s'intéressaient à l'illustration française autant que nos éditeurs s'intéressent à la leur, la juste renommée des illustrateurs français serait plus facile à défendre... Car nous devons le reconnaître -si les problèmes de diffusion et d'achats de livres par les écoles et les bibliothèques étaient résolus, les enfants français pourraient être considérés comme les jeunes lecteurs les plus gâtés de la Planète.



Peu de livres de qualité, en effet, échappent à l'attention des éditeurs français, d'où que ces livres viennent.

Rien qu'avec le catalogue des livres disponibles du Syndicat de l'Edition nous pouvons dresser la liste, presque complète, des grands professionnels de l'Illustration qui s'emploient à tisser la trame non seulement européenne mais mondiale de l'iconosphère enfantine.

- Je ne suis pas sûre qu'il en soit de même dans les autres Pays. Mais nous, nous pouvons de A comne Jean Alessandrini à Z comme Stepan Zavrel. mettre entre les mains de nos enfants des albums où s'entremêlent au fil des années, styles et nationalités.

Oui, l'Illustration pour nos enfants franco-européens, dans l'instant immédiat, c'est le « Mozart » de Georges Lemoine publié par l'éditeur suisse La joie de lire dirigée par Francine Bouchet.



Et saisis par attrait personnel dans l'amoncellement des livraisons de ces derniers jours: « Le grand voyage de Quick Beaver »de Bernard Clavel illustré par Christophe Besse chez Nathan,. c'est « Un bel après-midi d'été » de Max Bolliger illustré par le tchèque Jindra Capek publié par Bohem Press et Epigones... « Le luthier de Venise » de CI. Clement imagé par Frederic Clement pour Pastel -Ecole des Loisirs.



« C'est a ong long long song ou une chanson d'hiver », une nursery rhyme illustrée par Etienne Delessert publié par F.S.G. aux États-unis et chez Gallimard. « C'est La belle et la bête » de Mme de Beaumont et de Jean Cocteau, mis en images par Alain Gauthier pour Ipomée. ..C'est le « Pinocchio » de Collodi réinventé par l'italien Roberto Innocenti publié par Gallimard.  « Histoires comme ça » de Kipling relues par Kelek pour Hatier... C'est « Le chant de l'amour et de la mort du Cornette » Christophe Rilke de R. M. Rilke, découvert par le tunisien Nacer Khemir et publié par Maspero/La decouverte.

.. »C'est Manhattan » du franco anglais Jean Christian Knaff publié par Faber en G.B. et par les éditions Parution en France, C'est « Marie de la mer » de Nadine Brun Cosme mis en images par Yan Nascimbene et publié par les éditions Milan.,c'est « Le château de sable » de l'Américain Dennis Nolan, publié par Flammarion.. c'est Jolly Roger de Colin Mac Naughton publié par Gallimard,c'est « L'homme de la fosse aux ours » des suisses Jorg Steiner et Jorg Muller publié par Pastel Ecole des Loisirs, ce sont « les Héros populaires de tous les temps » un recueil de récits illustrés par le tchèque Karol Ondreika chez Grund c'est « L'ile au trésor « de Hugo Pratt chez Casterman C'est « L'histoire de Joseph et de ses frères », un texte biblique illustré par l'italienne Laura Rosano pour Ipomée. C'est « Le petit loir qui voulait rencontrer Saint Nicolas » de la zurichoise Eleonor Schmid publié par Nord-Sud. ..et « L'auberge de Bethleem » du polonais Josef Wilkon publié également par Nord-sud... Et encore cette Alsace en torts et de travers de l'illustrateur européen type, l'alsacien Tomi Ungerer publié par Diogenes en Suisse et par l'Ecole des Loisirs en France.



L'industrialisation de l'édition fait du livre un produit commercial concerné par l'acte unique européen qui est l'occasion de cette rencontre mais, nous pouvons le voir, les artistes imagiers essaient toujours de garder à ce produit sa dignité et sa beauté d'Artefact à valeur universelle.

Par Janine Despinette


Fondatrice et Présidente d'honneur du CIELJ