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John A. Rowe

Paul Henry
1 janvier 2010

John A. Rowe est né en 1949 à Kingston-upon-Thames, en Angleterre. A sa sortie de l’école, il exerce différents métiers jusqu’à l’âge de 20 ans, puis il intègre l’école d’art « Richmond College » à Londres pendant un an, au cours duquel il se découvre une passion pour le dessin. L’année suivante, en 1970, John rejoint les bancs de l’Université de Twickenham et est initié à la peinture. Il obtient l’année suivante une place pour un cursus d’une durée de quatre ans à l’école d’art « Epsom », dans laquelle il se perfectionne à l’art pictural. En 1974, il choisit d’intégrer une école d’art à Vienne, où il rencontre Lisbeth Zwerger, avec qui il vit plusieurs années. En 1988, lors d’un séjour en Australie, il rencontre l’éditeur de Lisbeth, Michael Neugebauer. Celui-ci propose à John de travailler sur un album jeunesse avec lui, et depuis ce jour, Michael et John travaillent toujours ensemble.


Entretien réalisé par Paul Henry, étudiant en licence professionnelle métiers de l’édition, spécialité bibliothèques, médiathèques, de l’IUT Paris Descartes, le 10/01/2010.




- Vous travaillez depuis de nombreuses années sur des albums destinés à la jeunesse. Comment vous y prenez-vous pour construire des histoires susceptibles de les intéresser ? Avez-vous recours à votre propre expérience en tant qu’ « ancien enfant » ? Demandez-vous l’avis d’enfants qui vous sont proches au sujet de thèmes qu’ils souhaiteraient retrouver dans des livres ?


Non, en réalité je ne demande aucun avis préalable aux enfants. Je suppose que je n’ai simplement jamais oublié comment rester un « grand enfant » ! Cela me surprend toujours lorsque les gens parlent des enfants comme s’ils appartenaient à une espèce différente, comme si eux-mêmes n’étaient jamais passés par ce stade de l’existence... A vrai dire, je ne me sens pas vraiment différent de lorsque j’étais plus jeune. J’ai conservé le même sens de l’humour et plus ou moins les mêmes goûts. J’ai l’habitude d’essayer de trouver quelque chose d’un peu idiot et d’amusant, et si ça me fait rire alors que j’écris l’histoire, je le conserve et poursuis dans cette voie. Je ne m’inquiète jamais vraiment de savoir ce que les enfants en penseront…je le fais et c’est tout. Mais en réalité, ce n’est pas complètement vrai... c’est plus comme si je savais d’emblée que les enfants allaient trouver ça drôle.




- Selon vous, quel devrait être le principal but d’un livre destiné aux enfants ? Est-ce que c’est de raconter des histoires qui les aident à voyager et rêver, ou plutôt de délivrer un message ludique comparable à une morale ou une leçon pour leur vie future ?


A vrai dire, il y a plus d’une raison de lire un bon livre, ça c’est sûr. Mais en ce qui me concerne, je prends vraiment plaisir à écrire des histoires susceptibles de distraire les enfants et de les faire rire. J’ai vécu une enfance vraiment malheureuse, et c’est probablement pour cette raison que je privilégie cette approche. D’un autre côté, j’aime également glisser, dans mes histoires, un petit message, quelque chose de subtil qui se garde bien d’être assimilable à de l’enseignement. Je considère que les enfants en reçoivent suffisamment à l’école, et je me plais à être plus décontracté à ce sujet. Je pense que c’est une bonne chose, pour un auteur-illustrateur de livres pour enfants, d’assumer cette responsabilité... l’esprit d’un enfant est une chose délicate, après tout, et s’il m’est possible d’aider, même de la plus petite manière qu’il soit, en plantant une minuscule graine, et contribuer ainsi à la construction de quelque chose pour le futur... alors c’est plus que satisfaisant !




- Pensez-vous que la manière dont vous dessinez et peignez (les couleurs, la technique utilisée…) représente un moyen de faire passer un message précis ?


Mes dessins et les couleurs que j’utilise ne sont là que dans l’unique but de m’aider à exprimer quelque chose…dans le cas contraire il n’y aurait aucun intérêt à cela. Mon style de dessin me vient naturellement, et je n’y réfléchis pas vraiment, même s’il m’arrive souvent de déformer exagérément des images dans le but de susciter une impression spécifique. Mais les couleurs, quelle histoire…les couleurs constituent vraiment quelque chose d’atypique. Je les utilise principalement pour créer une humeur, une atmosphère... et j’ai toujours considéré mes dessins comme très lunatiques. En fonction des demandes de mes éditeurs, certains de mes livres sont plutôt destinés à une portée commerciale, et plus ils le sont, plus les couleurs utilisées seront convenues, consensuelles et adoucies. Mais si je travaille sur un livre pour mon propre plaisir, j’aurais plutôt tendance à avoir recours à des teintes obscures et plus sombres. L’utilisation de couleurs lumineuses va simplement à l’encontre de ce que je suis à l’intérieur... elles ne me ressemblent pas. Certaines personnes considèrent que les couleurs sombres ne peuvent pas convenir à des enfants ; je ne suis pas du tout d’accord avec ça... toutes les couleurs sont belles, mêmes les couleurs sombres, alors à quoi bon tenter de les tenir à l’écart des enfants, comme si elles risquaient d’avoir un effet néfaste sur eux? Le noir est une couleur merveilleuse...




- Depuis le moment où vous avez commencé à illustrer des livres pour enfant, pouvez-vous sentir une évolution dans votre manière de travailler ?


Bien sûr, les compétences de chacun se développent au cours des années (du moins je l’espère), modifiant ainsi le style. Mais un illustrateur n’est pas totalement libre de suivre n’importe quelle voie, car son travail doit constamment correspondre aux attentes de son éditeur et de son public. Si je disposais d’une liberté de développement totale, mes illustrations auraient considérablement évolué. Mes peintures personnelles, celles qui ne sont destinées qu’à moi seul, je ne parle pas ici de mes illustrations – ont évolué et ont subi de nombreux changements…sinon cela deviendrait ennuyeux ! D’une certaine façon, je disposais d’une liberté bien plus importante lors de mes débuts, et je considère mes premiers livres comme les meilleurs. Malheureusement, les temps changent, et mes éditeurs ont dû m’orienter vers de nouvelles directions, j’ai dû m’adapter à un style plus commercial, à des couleurs plus lumineuses, et j’ai le sentiment que mon art est en perte de vitesse. Je le répète, en tant qu’illustrateur, on se doit d’être flexible ; changer de style fait partie intégrante de la profession. A vrai dire, tandis que je vous raconte cela, les choses s’apprêtent à changer une fois de plus, et pour la première fois depuis un certain temps, je suis vraiment enthousiaste au sujet de mon prochain livre…attendez donc la suite !





- Pouvez- nous en dire plus au sujet de vos projets futurs ? Vous travaillez actuellement sur un nouveau livre ; pouvez-vous nous donner un avant-goût ?


Mes éditeurs m’ont récemment demandé de travailler sur un livre se rapprochant de mon ancien style... comprenant des illustrations davantage orientées vers une réalisation artistique, sans l’aspect commercial. J’étais réellement heureux d’apprendre cela, car après la parution de trois ou quatre livres très commerciaux, j’avais envie de me réaffirmer, aux yeux du public, en tant que peintre à part entière, et je ressentais surtout un fort besoin de retourner à mes racines. C’est un fait peu connu, mais il semble que mes livres se vendent particulièrement bien en France. J’ai apparemment beaucoup plus de fans en France que dans n’importe quel autre pays, et donc, lorsque l’on m’a demandé de me rapprocher au maximum de mon ancien style, j’ai eu vraiment envie de créer quelque chose de spécial pour la France et pour mes fans français. Je ne veux pas en dire trop, je peux seulement vous dire que j’ai réadapté et réécrit une histoire française considérée comme classique…une histoire très célèbre, que j’ai écrite tout particulièrement pour les enfants, dans laquelle tous les personnages seront des animaux. Je ne peux vraiment pas vous en dire plus pour le moment mais... pensez simplement à lever les yeux !





Bibliographie
LIVRES PARUS EN FRANCE

  • KIPLING, Rudyard. La Ritournelle du petit père Kangourou, illustré par John A. Rowe. Paris, l’Ecole des loisirs, 1990, collection Pastel, 26p.
  • KIPLING, Rudyard. L'enfant d'éléphant, illustré par John A. Rowe. Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, 1994, collection Un livre Michael Neugebauer, 25p.
  • KIPLING, Rudyard. L'origine des tatous, illustré par John A. Rowe, Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, 1995, collection Un livre Michael Neugebauer, 25p.
  • ROWE, John Alfred. Bébé corbeau, Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, 1996, collection Un livre d’images Nord-Sud.
  • ROWE, John Alfred. Raoul, Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, 1997, 32p.
  • ROWE, John Alfred. Tu viens jouer avec moi ?. Paris, Casterman, 1997, collection Un livre cache-cache, 24p.
  • ROWE, John Alfred. Petit singe, Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, 1999, collection Un livre Michael Neugebauer, 30p.
  • WENINGER, Brigitte. Le bonnet rouge, illustré par John A. Rowe. Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, 2000, collection Un livre Michael Neugebauer, 28p.
  • ROWE, John Alfred. Fulbert la Terreur, Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, 2001, collection Un livre Michael Neugebauer, 26p.
  • ROWE, John Alfred. Tommy la Flemme, Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, 2002, collection Un livre Michael Neugebauer, 28p.
  • RUHMANN, Karl. Mais moi, je veux !, illustré par John A. Rowe. Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, 2002, collection Un livre Michael Neugebauer, 24p.
  • ROWE, John Alfred. Du chat à la souris, Paris, Editions Nord-Sud, 2003, 26p.
  • ROWE, John Alfred. La lune a disparu, Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, 2003, collection Un livre Michael Neugebauer, 22p.
  • BARDILL, Linard. La vie est une fête, illustré par John A. Rowe. Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, 2004, collection Un livre Michael Neugebauer, 29p.
  • ANDERSEN, Hans Christian. Les habits neufs de l'empereur, redécoupé, surpiqué et recousu par John A. Rowe. Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, DL 2005, collection Un livre minedition, 28p.
  • ROWE, John Alfred. Objectif, la lune, Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, DL 2005, collection Un livre minedition, 26p.
  • ROWE, John Alfred. Sir Alfred, Saint-Germain-en-Laye, Editions Nord-Sud, DL 2006, collection Un livre minedition, 36p.
  • ROWE, John Alfred. Bisous ?, Paris, minedition, DL 2007, collection Un livre d’images minedition, 22p.
  • ROWE, John Alfred. Prince sans rire, Paris, minedition, DL 2008, collection Un livre minedition, sous-collection Un livre d’images minedition, 28p.
  • ROWE, John Alfred. Surprise !, Paris, minedition, DL 2009, collection Un livre minedition, sous-collection Un livre d’images minedition, 24p.
  • ROWE, John Alfred. Je suis comme je suis, Paris, minedition, 2009, collection Un livre minedition, sous-collection Un livre d’images minedition.


REEDITION 2009

  • ROWE, John Alfred. Le beau Raoul, Paris, minedition, DL 2009, collection Un livre minedition, sous-collection Un mini-livre d’images minedition, 27p.


LIVRES NON PARUS EN FRANCE

  •  
  • ROWE, John Alfred. Rabbit Moon, Picture Book Studio, 1992, 24p.
  • ROWE, John Alfred. Jack the Dog, Simon & Schuster Children's Publishing, 1993, 28p.
  • ROWE, John Alfred. Peter Piglet, Michael Neugebauer (North South Books), 1996.

Auteurs et illustrateurs en lien avec l'interview

Illustration d'auteur

John A. Rowe

britannique