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L'illustration suédoise contemporaine avec « Sens dessus dessous »

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Pascale Pineau
10 juin 2013



L'Institut suédois à Paris accueille actuellement une exposition intitulée « Sens dessus dessous » consacrée à l'illustration contemporaine suédoise. A découvrir, au fil de cette exposition, l'univers de huit auteurs-illustratrices suédoises, à commencer par celui d'Eva Lindström, qui demeure une référence dans le domaine. Maria Ridelberg-Lemoine, directrice adjointe à l'Institut suédois évoque le contenu de cette exposition et sa place dans la programmation culturelle.


Pourquoi une exposition sur l'illustration dans la littérature jeunesse à L'Institut suédois ?


Cela s'inscrit dans la continuité de notre politique d'animation.

Début 2012, nous avons organisé une série de rendez-vous autour de la BD, avec une exposition rendant hommage à l'écrivain Strindberg, interprété par différents dessinateurs suédois, dont Joanna Hellgren, présente dans cette nouvelle exposition.

En 2011, nous avions profité de la mise en avant des Pays nordiques au 31e Salon du livre de Paris pour parler de la littérature jeunesse de différentes façons. Et un peu plus tôt en 2006, nous avions organisé une grande manifestation autour de la culture enfantine. Montrer les différentes facettes de la culture en Suède fait partie de nos missions. D'où des expositions sur le design, la photographie...ou encore l'illustration jeunesse.


Comment a été conçue "Sens dessus dessous" ?


En réalité, elle a été mise au point en Italie à l'occasion de la 50e édition du Salon du livre de Bologne, qui a mis la Suède à l'honneur en 2013. En étant italienne, cette sélection apporte un regard extérieur et singulier sur la production suédoise, qui est très intéressant.


Comment percevez-vous cette sélection ?


Elle montre l'émergence d'une nouvelle génération et souligne l'importance d'Eva Lindström, qui a ouvert une autre voie avec des images moins lisses. "Sens dessus dessous" permet de faire découvrir au public de jeunes artistes suédoises. J'ajouterai que quatre d'entre elles (sur les huit) sont traduites pour le moment, en France. Et que Maria Libert n'a pas encore de livre publié, seulement des dessins dans différentes revues. On est, ici, au plus près des jeunes talents.


Les connaissiez-vous ?


Non, pas toutes. J'ai découvert notamment Moa Schulman, qui a publié son 1er ouvrage illustré l'année dernière. J'aime beaucoup son côté très graphique et coloré."


Que diriez-vous de cette nouvelle génération ?


D'une façon générale, il me semble qu'il y a aujourd'hui un travail qui concerne autant le fond que les personnages. Auparavant c'était plus concentré sur les personnages. Ces nouveaux artistes sont davantage dans la peinture et la surface."



Propos recueillis par Pascale PINEAU, mai 2013.




L'exposition « Sens dessus dessous » présente

le travail d'illustration
de huit artistes suédoises




Prochaines animations autour de l'exposition :

« Boum dessinée », le 4 juin, de 19 heures à 22 heures. Soirée festive et créative. "A nous Paris" s'associe à l'Institut suédois pour une soirée programmée dans les jardins, la cour et autres espaces de l'Institut suédois. Plusieurs illustrateurs seront présents, dont Geneviève Gauckler, Joanna Hellgren et Loïc Sécheresse. Entrée libre.


Lectures pour enfants : les 8 septembre et 6 octobre 2013.


Débat : début octobre sur le métier d'illustrateur.




« Sens dessus dessous » :


Institut suédois, Hôtel de Marne, 11, rue Payenne, 75003 Paris. Tél. 01 44 78 80 20.

Exposition ouverte du mardi au dimanche, de 12 heures à 18 heures. Fermeture le 21 juin, et du 15 juillet au 2 septembre.

A découvrir jusqu'au 20 octobre 2013.



Biographies des artistes exposées :


Maria Libert


Maria Libert situe de préférence ses récits dans un environnement naturel et fluide où le règne animal et le monde végétal se confondent. Ses images au cadrage resserré se succèdent en de rapides séquences, accentuant le rythme visuel de ses illustrations. L'espace débordant n'y est pourtant pas oppressant, et les douces formes rondes composent une narration précise et ironique. Le désir d'appartenance à un groupe, la solitude et la rencontre avec l'autre sont des thèmes que Maria Libert explore avec grand intérêt, choisissant comme protagonistes de ses courtes histoires des créatures animales.


Emelie Östergren


L'enfance telle que l'auteur la représente est vulnérable, naïve et fragile, suspendue entre deux univers qui lui sont typiques, l'un onirique et l'autre fantastique. Des petites filles, des adolescentes, des femmes perdues dans un environnement surréel truffé de symboles sont surprises dans leur plus grande intimité, naviguant sans cesse du plus profond de leur cœur vers sa plus lointaine périphérie. Il s'agit là d'un rite d'initiation nécessaire pour trouver sa place dans le monde. Le lecteur est pris de confusion, tel un adulte vivant le présent sans mémoire du passé.


Camilla Engman


Son œuvre est traversée par un sens de la nature et une appréciation du caractère sublime du règne animal et végétal. Infimes détails, grands espaces, vent, eau, galets, bois et villages forment un vaste champ visuel où chaque élément prend vie, trouve sa place et révèle son identité. Camilla Engman dessine une réalité poétique, pâle et dégoulinante de lyrisme qui nous permet d'établir de profondes connections entre les évènements, de sorte que même les choses les plus difficiles à saisir deviennent concrètes.


Joanna Hellgren


Joanna Hellgren dépeint une enfance fraternelle plus animale qu'humaine. Grâce à leur naïveté et leur instinct, filles et garçons parviennent rapidement au cœur des choses sans détours ni fausse réserve. Les protagonistes de ses récits traversent des espaces familiers et naturels avec une complète spontanéité et un puissant sentiment d'appartenance, faisant toujours pleinement l'expérience de chaque situation. Rendu complice, le lecteur prend part à l'histoire afin de partager la vision de la réalité qu'elle propose.


Eva Lindström


L'univers d'Eva Lindström se situe à la lisière du rêve et de la réalité, là où le quotidien se distingue difficilement de l'aventure, et où l'itinéraire d'un voyage s'apparente à un paysage sens dessus dessous. Des contradictions apparaissent néanmoins, ne serait-ce qu'en surface. Tout semble se dérouler dans un temps à la fois fluide et suspendu, ponctué de moments inoubliables qui prennent leur sens après coup. Située au cœur de la majeure partie des récits, la nature est source de savoir. Silencieuse, elle nous entoure sans donner de leçons. C'est à nous de faire preuve d'attention.


Emma Adbåge



Fine observatrice, Emma Adbåge représente le monde de l'enfance avec autant d'ironie que de respect. Les enfants qui peuplent ses récits sont hardis, indépendants et dotés de cette intelligente curiosité qui permet de découvrir le monde par l'expérience directe et de vivre pleinement chaque moment, qu'il soit plaisant ou ennuyeux. Leur liberté ne connait pas de limites : chaque intention est mise en action. Indispensable à la compréhension des liens entre les choses, le besoin constant de découverte qu'Emma Adbåge décrit permet de rétablir une vision plus complète de la réalité, une vision appropriée aux enfants.


Karin Cyrén


De toutes petites silhouettes parcourant de vastes paysages, un monde miniature en construction à la surface d'un plan d'eau, des coupes d'immeubles pareilles à des fourmilières grouillantes lorsqu'on y regarde de plus près… Autant de microcosmes, d'espaces intimes qui s'offrent soudain à la vue du lecteur attentif sachant regarder là où il faut. Grâce au talent de Karin Cyrén pour retracer les espaces, nous saisissons les fragments souterrains du quotidien et goûtons au plaisir d'une course folle à travers champs, prairies, bois et villes.


Moa Schulman



De la lumière, des flots de lumière sculptant des silhouettes, créant des ombres. De la lumière qui illumine les interstices et devient narratrice. Nous la trouvons sous maintes formes : le coucher de soleil qui se reflète au sol, les feux qui brûlent la nuit, les néons qui parviennent à enchanter jusqu'aux couloirs du métro. Chez Moa Schulman, le récit se transforme en atmosphère. Les protagonistes – des enfants, pour la plupart – évoluent dans une attente continue.


04.06.2013