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A l'ombre d'un arbre: 16 suggestions de lectures sylvestres

Ricochet a parcouru sa forêt de livres pour vous dénicher 16 ouvrages tour à tour drôles, émouvants, poétiques ou philosophiques qui rendent hommage aux arbres et mettent à l'honneur les relations qu'ils entretiennent avec les êtres qui les entourent. A feuilleter de préférence en forêt, le dos appuyé au tronc d'un arbre!

En forêt
Ricochet
8 septembre 2021

1. Un arbre merveilleux, de Delphine Grenier, Didier Jeunesse, 2018
Album, dès 2 ans

Il était un arbre dans le jardin. Les animaux se l'approprient: caresse du chat sur l'écorce, secrets de l'écureuil au fond du tronc, câlins des loirs dans leur nid, murmures des oisillons… On y vit et on y aime tout au long des branches. Dans une belle page qui se déplie, les animaux et leurs petits dorment ou s'amusent. Et puis, et puis… l'arbre à son tour va donner naissance à une plante à l'ombre de son feuillage.

Les illustrations se présentent comme des esquisses, joliment aquarellées en nuances. Elles inspirent une observation délicate, un temps suspendu… Les couleurs choisies évoquent insensiblement le passage des saisons, jusqu'à ce printemps radieux où un nouvel arbre prend racine. Destiné aux plus petits, le livre choisit aussi un texte minimal, avec à chaque scène une phrase courte et un nom descriptif, suggestif qu'on aimera lire à voix haute: «Le chat aime son écorce parfumée. Caresse...». Selon l'expression consacrée, nous profitons de quelques grammes de douceur dans un monde de brutes! (SP)

Un arbre merveilleux
Couverture et image intérieure de «Un arbre merveilleux» (©Didier Jeunesse)

2. C'est un arbre, de Delphine Perret, Rouergue, 2019
Album, dès 3 ans

Un arbre est un arbre. Mais est-ce qu’un arbre n’est qu’un arbre?

L’auteure-illustratrice Delphine Perret propose au lecteur de découvrir les multiples facettes de l'arbre selon le point de vue de différents personnages. Arbre-abri pour l’oiseau, arbre-bois pour l’homme, arbre-papier pour le livre, arbre-brindille pour le géant ou… arbre-chêne pour le végétal lui-même.

D’un humour teinté de tendresse, l’album présente un éventail poétique de possibilités, qui nous ouvre non seulement à la richesse de l’arbre, mais également à celle des regards qui composent notre monde. L’album est réalisé dans un graphisme épuré, qui s’aligne parfaitement à la simplicité des propos.

Un beau livre-objet pour tous les amoureux des arbres, petits et grands, car la douceur qui s’en dégage est irrésistible. (NT)

3. En forêt, de Maria Dek, Marcel & Joachim, 2015
Album, dès 3 ans

«Entre dans la forêt. Tu vas être surpris.» Loin de la forêt, minuscule sur la page, cet impératif s’adresse à un petit personnage encouragé à avancer, ce qu’il fait. Et alors, c’est la merveille. Autour de lui, les arbres tournent, les oiseaux s’échappent. Appel à la découverte et aux jeux, l’illustration révèle des richesses qui développent le texte. Ainsi, si l’enfant dans son jeu invente une jungle, l’illustration déploie la luxuriance des feuillages, l’abondance des animaux, tout un paradis terrestre qui exalte le bonheur de vivre. A la fois tout-puissant et modeste, l’enfant éveille des vols d’oiseaux ou découvre l’insoupçonnable richesse des bois. Sa relation à la nature le place entre grandeur et petitesse. Cette position relative est une belle leçon à transmettre aux jeunes lecteurs. Le lyrisme se dégage des taches d’aquarelle, des mouvements de pinceaux, des couleurs éteintes ou vives, du dessin naïf du garçon émerveillé; tout nous touche. Lorsque le texte prédit «tu vas faire une rencontre», le lecteur est fasciné par le regard du renard alerté par l’enfant invisible. Le jeu des points de vue d’une grande diversité varie ainsi entre gros plan sur les petits pieds ou effacement du visage au profit des présences muettes du renard, du chevreuil, de l’ours, des chouettes, que le jeune lecteur découvrira dans l’image avec plaisir. Une telle émotion submerge et les dernières images des bois sombres, aperçus à travers les fenêtres, marquent la frayeur respectueuse du petit devant ce qui le dépasse. Sans moralisme, l’auteure-illustratrice accompagne l’exploration de l’enfant dans cette ode à la forêt et invitation à une découverte sensible et tendre. (DB)

En forêt
Couverture et image intérieure de «En forêt» (©Marcel & Joachim)

4. C’est mon arbre, d’Olivier Tallec, Pastel, 2019
Album, dès 3 ans

Voici un petit écureuil qui adore son arbre, son précieux, son adoré, son merveilleux arbre. C’est son arbre rien qu’à lui, ses pommes de pin sont à lui, son ombre est à lui. Soudain, l’inquiétude survient: et si quelqu’un décidait que cet arbre était pareillement le sien? Comment faire pour que l’arbre, l’ombre et les pommes de pin restent bien parfaitement et totalement à lui? Commence alors une longue réflexion pour que l’arbre soit bien uniquement, entièrement, à lui.

Cet album engendre de grandes réflexions à chaque page. Quel enfant n’a pas ressenti ce sentiment de propriété totale sur un objet adoré? Aussi, la construction de barrages engendre d’autres pensées: l’écureuil a-t-il raison? Est-ce raisonnable? Devient-il fou? Quant au dénouement, dans un formidable coup de théâtre silencieux, il provoque un grand étonnement et remet toutes nos conclusions en cause. C’est mon arbre offre ainsi une lecture fortement ludique, riche en déclenchements de pensées, tout en étant drôle et surprenante. (DM)

5. Combien d'arbres?, de Barroux, Kaléidoscope, 2018
Album, dès 3 ans

La question est posée: combien faut-il d’arbres pour faire une forêt? Voilà que chaque animal a son idée sur la question: le cerf estime le quota à 1500, l’ours songe que 500 suffisent, le renard baisse le total à 85… et cela continue, encore et encore, jusqu’à la réponse finale, véritable explication écologique et dénouement surprise, qui vient clore le récit.

À chaque nouvelle entrée, l’animal qui intervient est de plus en plus petit, et le nombre estimé ne cesse de diminuer. Le lecteur a alors tout le loisir des interprétations: est-ce une question de point de vue? De proportionnalité? Ou faut-il détenir davantage de connaissances? Aussi, à chaque tourne de page, l’effet comique est au rendez-vous: le lecteur souhaite savoir quel sera le prochain animal à proposer une réponse, et, surtout, si ce sera la bonne. Au final, voici la réponse: une graine suffit pour faire éclore une forêt. Il faut bien un début à tout… et une fin au livre. À moins que l’on puisse reprendre la lecture au début? (DM)

Combien d'arbres ?
Couverture et image intérieure de «Combien d'arbres?» (©Kaléidoscope)

6. Sous mon arbre, de Jo Witek et Christine Roussey, La Martinière jeunesse, 2018
Album, dès 4 ans

Une petite fille enlace un tronc, l’air heureux. Le thème de l’amour des arbres, souvent exploité, est ici décliné entre cette petite fille et son arbre chéri. L’originalité de cet album est la forme évidée en son centre, qui se rétrécit au fur à mesure des pages, en forme de poupées russes, pour atteindre l’essentiel de la relation. L’arbre est comme une maison, un cœur qui bat.

Chaque strate relate un moment de partage avec l’arbre. Cela s’organise de la découverte («mon arbre») jusqu’au moment où, presqu’aussi grande que lui, l’enfant prend conscience du temps qui passe et qu’elle a grandi à ses côtés. Sur le mode attendri, l’héroïne détaille les variations du temps, le vent, l’hiver, les changements de couleurs; elle explique aussi ce qu’elle y fait, les bêtises qu’elle confie, les jeux de cochon pendu ou de cache-cache qu’il permet. Ainsi sont passées en revue les complicités et complémentarités que favorise l’arbre.

Le texte rythmé de Jo Witek joue avec les sonorités et l’illustration de Christine Roussey est colorée et dynamique. Tout cela compose un album sympathique qui n’a pas la profondeur de L’arbre généreux (Shel Silverstein, l’Ecole des loisirs) ni le raffinement de Mon arbre à secrets (Olivier Ka et Martine Perrin, Les Grandes Personnes). Mais, avec ses situations variées et sa mise en page astucieuse, Sous mon arbre constitue une intéressante variation sur le thème inépuisable des relations entre l’homme et l’arbre. Un album qui mérite d’être présent dans la réflexion et l’imaginaire de tous, dès le plus jeune âge. (DB)

7. Arbres, de Lemniscates, Circonflexe, 2019
Documentaire, dès 4 ans

Publié en espagnol, et déjà traduit en anglais (et publié dans les pays anglophones), italien, coréen et français, prix Serra d’or de la critique (dans la catégorie littérature pour l'enfance et la jeunesse) en 2016, cet album est une ode illustrée à la résonance universelle. Est-ce du fait de sa traduction de l’anglais, mais le texte français ne rend pas vraiment justice à la poésie d’une illustration dédiée à la beauté des arbres, à leur majesté, leur vitalité. L’auteure, Lemniscates, leur délivre pourtant un hommage vibrant, à travers une représentation colorée chatoyante, pleine de froissements, de volutes, d’élans.

Chaque double-page sert une nouvelle évocation: l’arbre au fil des saisons, l’arbre lien entre le ciel et la terre, l’arbre dans son milieu, l’arbre refuge et l’arbre nourricier, l’arbre protecteur, tous ces arbres au feuillage mobile et élancé comme des plumes, plein de vigueur aussi. Les techniques multiples utilisées par la créatrice restituent l’intensité de la nature, et sa palette de couleurs est riche et déclinée en aplats francs où le blanc fait naître le relief et le mouvement. Les petits animaux, les oiseaux, ou les enfants qui vivent dans cette nature magnifiée ont des attitudes, des expressions qui disent la confiance et le bien-être que leur procure la fréquentation rapprochée de ces géants de la nature. Un très joli moment de lecture, pour sensibiliser les petits et peut-être aussi réveiller les grands. (VC)

8. La belle échappée, de Maylis Daufresne et Magali Dulain, Le Diplodocus, 2020
Album, dès 5 ans

Alice a joué toute la journée à l’orée de la forêt et, lorsque la nuit approche, sa maman lui ordonne de rentrer se coucher. Un regret pour la petite fille, qui aurait bien aimé accompagner le chaton sauvage aperçu derrière les buissons, et qui semblait l’appeler… Les animaux des bois vont alors s’allier pour aider Alice à passer la nuit avec eux. Et le lendemain, les rôles s’inversent, l’héroïne accueillant le petit chat chez elle.

Voici un album pour les enfants qui rêvent de passer une nuit dans la forêt, entourés d’animaux sauvages tout aussi amicaux que mystérieux (le loup et le renard ne sont pas ici des prédateurs mais des compagnons de jeu, la chouette et la biche deviennent plus accessibles, et le lapin, l’écureuil et le chat sont tout mignons comme à leur habitude), et vivant des aventures à la belle étoile. Cette échappée dans les bois est présentée comme une parenthèse enchantée dans le quotidien d’Alice, la nuit et la forêt perdent le caractère effrayant qu’elles peuvent avoir pour certains enfants. L’album prône également l’échange de bons procédés: lorsque le chaton veut inviter Alice chez lui et vice versa, ils se heurtent d’abord à la résistance des animaux de la forêt et à la maman de la petite fille, respectivement. Ces derniers exposent les mêmes arguments, contrés par des réponses semblables de la part du chat et d’Alice. Outre l’effet comique, cette répétition de schéma a un autre but: celui de montrer que savoir faire preuve de bienveillance et dépasser nos préjugés (symbolisés ici par les idées préconçues qu’ont les animaux sur Alice et la mère de celle-ci sur le petit chat) ne peut mener qu’à de la joie et à de jolies expériences pour tout le monde. Un message écologique est également passé: les animaux clament que la petite fille «salira la forêt comme ils le font tous» et sa maman assure que le chaton va tout salir dans la maison lui aussi. Les petits lecteurs pourront alors faire le rapprochement entre eux-mêmes et les animaux des bois, et ainsi prendre conscience que polluer la forêt, c’est comme détruire sa propre demeure. Une histoire qui encourage à avoir un esprit aventurier tout en ne faisant aucun mal à la nature. (AG)

La belle échappée
Couverture et image intérieure de «La belle échappée» (©Le Diplodocus)

9. Mon papi peuplier, d’Adèle Tariel et Jérôme Peyrat, Talents Hauts, 2015
Album, dès 5 ans

Un vieil homme rapetisse à mesure que ses peupliers grandissent. Cet état de fait n'enlève rien à la relation très forte qui existe entre ces arbres dont il prend le plus grand soin et lui. Il les chouchoute et les bichonne, essayant de transmettre à sa petite-fille ce cadeau de la nature. Le vieil homme partage son temps entre son luxuriant potager et ses peupliers adorés. Les saisons passent, creusant davantage de sillons sur le visage de cet humain, serein et heureux. Courbant l'échine, il remercie la Terre jusqu'au jour où elle le reprend.

Un album émouvant sur la vieillesse et la mort, mais surtout sur le lien sacré qui unit les êtres humains et la nature. Cet homme puise sa force et son enracinement au contact de ses arbres, qui lui donnent bonheur et sagesse. Dès lors, il essaye de transmettre l'essence de sa joie de vivre à sa descendance, ce qu'il réussit plutôt bien! Un album généreux et intuitif, illustré de main de maître par Jérôme Peyrat, qui va tout simplement à l'essentiel. (EP)

Mon papi peuplier
Couverture et image intérieure de «Mon papi peuplier» (©Talents Hauts)

10. Parler avec les arbres, de Sara Donati, Rouergue, 2018
Album, dès 5 ans

Observant le tronc d'un arbre, un petit garçon à l'allure de lutin se demande quels visages saluer lorsqu'on en compte au moins cinq. Pour éviter toute jalousie, il opte pour un grand câlin empli «d'odeurs sauvages». Puis, il poursuit sa sylvothérapie en comparant les empreintes de ses doigts avec les cernes de son arbre. Peut-on parler et devenir ami avec un végétal?… L'enfant poursuit ainsi ses réflexions et finit par grimper sur son nouveau compagnon de jeu qu'il considère désormais comme son alter ego.

Sara Donati évoque avec une grande simplicité l'extraordinaire connexion qu'un enfant peut ressentir avec un arbre. Dans un premier temps, le héros de cette histoire appréhende le végétal avec une curiosité toute enfantine. Rassuré, il continue son introspection et se découvre des traits communs (empreintes, racines…) avec cet être vivant qui se dresse majestueusement au milieu de la forêt. Puis, une véritable complicité se noue entre ce petit garçon et son arbre. Une histoire originale, portée par de somptueuses illustrations à l'aquarelle, sur la sylvothérapie, un traitement simple, gratuit, et sans contre-indication, qui offre détente et bien-être à celui qui le suit. (EP)

11. La cabane de Nils, de Robbe De Vos et Charlotte Severeyns, Versant Sud jeunesse, 2019
Album, dès 5 ans

Tout au fond de la forêt, Nils a une cabane secrète, faite de quelques planches et d’une échelle de corde. Grâce à son imagination, la cabane devient un lieu de vie confortable et gai. Mais surtout, il peut y retrouver son papy disparu, assis comme auparavant dans son fauteuil favori. Ensemble, ils écoutent les chants des oiseaux, remplissent des carnets de dessins de coléoptères rencontrés en balade et partagent des secrets.

«Nils demande parfois: - Est-ce que tous les gens ont une cabane secrète?
- Oui, chacun peut avoir une cabane secrète, répond papy. C’est un endroit où on peut se réfugier quand le silence est trop lourd ou quand quelqu’un nous manque.»

Empreint de tendresse, cet album d’un duo belge parle de la relation entre un grand-père et son petit-fils, mais également de la perte d’un être aimé et des stratégies de l’imaginaire afin de maintenir un lien symbolique avec la personne disparue. Les illustrations construites autour de la nature, lieu de refuge de Nils, débordent de détails poétiques, reflet de la douceur de son lien avec son grand-père. Une très jolie découverte! (NT)

12. Arbres, de Wojciech Grajkowski et Piotr Socha, La Martinière jeunesse, 2018
Documentaire, dès 6 ans

Cet album documentaire publié par les éditions La Martinière jeunesse est LE passeport indispensable pour une odyssée scientifique et culturelle dans le monde des arbres. Il regorge en effet de nombreuses connaissances scientifiques et présente l’originalité d’élargir le propos aux mythes, légendes et traditions liés aux arbres. Des doubles-pages explicatives sur la forêt dans les légendes ou les créatures arboriformes succèdent ainsi à des planches de style naturaliste sur les feuilles, les racines ou les habitants des arbres. Les informations apportées de manière très claire et synthétique au travers de courts paragraphes se révèlent exhaustives et très intéressantes. Le ton et la forme adoptés par les auteurs de ce documentaire oscillent ainsi entre l’encyclopédie et le Guinness des records pour le plus grand plaisir des lecteurs, qui, de manière frénétique, tournent les pages de ce grand format à la recherche d’informations insolites. Wojciech Grajkowski sait mettre à la portée de tous, et notamment des plus jeunes, son immense culture scientifique. Le savoir délivré est réhaussé par les illustrations de Piotr Socha, à la fois teintées d’humour, de poésie et de références artistiques et culturelles pointues. Avec exigence, subtilité et truculence, cet album documentaire confine dès lors, page après page, à la fable écologique.

Alors prêt.e.s à vous lancer dans cette aventure livresque scientifique et culturelle? Plaisir et connaissances assurés! (HD)

Bibliographie arbres image 1
«Parler avec les arbres» (©Rouergue), «La cabane de Nils» (©Versant Sud jeunesse), «Arbres» (©La Martinière jeunesse)

13. Sur un arbre caché, de Constantin Kaïtéris et Joanna Boillat, Motus, 2018
Poésie, dès 6 ans

Quatre nuages dans un ciel bleu encadrés de feuilles vertes: on dirait un visage. Au loin, quelques oiseaux libres s’envolent. La première de couverture est une jolie métaphore graphique pour ce recueil intitulé Sur un arbre caché, où il est question – pas à pas, texte après texte – des relations tendres et mystérieuses entre l’arbre pluriel et singulier et le poète, interlocuteur narquois du lecteur.

Dans ce recueil de vagabondages, Constantin Kaïtéris tantôt aborde le sujet de l’écologie (comme dans le poème «Il était une forêt verte», p.56), tantôt fait des descriptions d’arbres. Sapin, chêne, saule, platane, poirier, cognassier, cerisier trouvent leur place. L’auteur chante la forêt vivante qui bruisse de feuilles, d’animaux, de promeneurs amoureux et la forêt rêvée, celle qui respire en chacun de nous.

La complicité de l’auteur et de l’illustratrice, Joanna Boillat, est patente. Toutes les nuances de gris, les formes souples ou fantastiques accompagnent les poèmes que les dessins prolongent, complètent et nous pouvons souscrire avec eux à cette formule finale du «Bois dont on fait les poèmes» (p.44): «J’en dois des choses aux arbres!». Nous aussi, nous respirons mieux à la lecture de ces poèmes.

Un livre délicat et délicieux qui honore le savoir-faire et le talent d’éditeur de François David. (DB)

14. Sous la canopée: arbres et légendes du monde entier, d’Iris Volant et Cynthia Alonso, Gallimard Jeunesse, 2019
Documentaire, dès 8 ans

Poumon indispensable de la planète, les arbres ont depuis toujours inspiré des histoires aux hommes. Qu’il soit imaginé en tant que présence protectrice, symbolisant une sagesse bienveillante, ou, au contraire, représenté en forêt menaçante, à l’image d’une Nature indomptée et mystérieuse, l’Arbre laisse rarement indifférent.

Album hommage à ces majestueux compagnons de vie, Sous la canopée: arbres et légendes du monde entier présente plusieurs courtes histoires, sous forme de légendes ou de faits historiques, tissées en l’honneur d’une vingtaine d’arbres différents.

Que l’on touche au mythologique à travers le don d’un olivier couvert de fruits par la déesse Athéna aux habitants de la ville grecque du même nom, ou alors au sacré par l’histoire du banyan, arbre à prières qui aurait le don d’exaucer les vœux; que l’on s’évade en rêvant de pique-niquer sous les fleurs d’un cerisier comme le veut la pratique japonaise du «hanami», ou que l’on se transforme en justicier, complice des aventures d’un Robin des Bois dans la forêt de Sherwood peuplée de chênes, chaque conte possède une petite étincelle singulière. Unicité qui se retrouve par ailleurs dans les illustrations magnifiquement réalisées par Cynthia Alonso. Tout en travaillant autour d’une dominante vert fluo, ce qui permet de garder une constante visuelle tout au long de l’album (et qui nous rappelle la chlorophylle), chaque illustration a sa propre identité, créée en symbiose avec le thème de l’histoire.

Un travail de tandem tout à fait maîtrisé pour un résultat en adéquation avec le merveilleux du sujet traité, sans oublier un sens du détail soigné, jusqu’à la feuille d’arbre représentée sous la pagination. (NT)

Bibliographie arbres image 2
«Sur un arbre caché» (©Motus), «Le monde des arbres» (©Circonflexe), «Ma fugue dans les arbres» (©Magnard Jeunesse)

15. Le monde des arbres, d’Anaïs Vially, Circonflexe, 2019
Documentaire, dès 9 ans

Dans ce documentaire passionnant et foisonnant, qui fait le tour de la question arboricole de façon ludique et vivante, on apprend notamment que l'arbre communique avec ses pairs (lorsqu'une girafe s'attaque à un acacia, ce dernier émet un parfum qui permet à ses voisins de rendre leurs feuilles immédiatement toxiques), qu'il faut prendre soin des forêts en évitant la déforestation et la surexploitation, car sans elles, la vie finirait par disparaître, que feuillus et épineux avec leurs fruits, leurs fleurs, leur liber et leur sève nourrissent et soignent les humains (bon nombre de médicaments sont fabriqués à partir des végétaux)...

Complété par un lexique et des anecdotes langagières, ce documentaire signé Anaïs Vially donne envie de «se balader en forêt, contempler un arbre, le dessiner, réaliser un herbier, ou encore s'aventurer dans un parcours accrobranche, construire une cabane dans les arbres, dormir dans une chambre d'hôtes perchée tout là-haut… les arbres n'ont pas fini de nous procurer du plaisir!». (EP)

16. Ma fugue dans les arbres, d’Alexandre Chardin, Magnard Jeunesse, 2019
Roman, dès 10 ans

Albertine (Tine) de Furetière et son frère Sylvain, son cadet d’un an, vivent avec Nours, véritable nounou qui veille sur eux plus que leur père absent et distant.

Nours, Pierre de son vrai prénom, n’a vraiment qu’un seul défaut, il oblige ses protégés à manger les légumes qu’il produit dans le jardin. Dans la petite famille qu’ils forment tous les trois, Tine la rebelle mène la danse. Elle fomente un carnage de limaces, véritable expédition punitive contre les courgettes détestées, avec la complicité soumise de Sylvain qui obéit à sa sœur au doigt et à l’œil. Garçon manqué, Tine qui échange ses robes contre les jeans de sa copine et n’aime que le sport, demande pour son anniversaire une balançoire accrochée dans les arbres. Or, dans cette maison à l’atmosphère étrange pèse un interdit sur la forêt et les arbres, en lien avec l’Accident.

En dépit de cet interdit, Nours construit la balançoire dont Tine rêve sur la plus haute branche. Au retour du père, le verdict tombe: Nours est renvoyé, la balançoire détruite. Sur l’instant, Tine décide une «fugue dans les arbres». Elle ne descendra que si Nours revient.

On comprend très vite les rapports de force entre une héroïne, un peu Fifi Brindacier, un père porteur d’un secret étouffant et des auxiliaires précieux que sont Nours et l’adorable petit frère, l’un et l’autre très aidants. Tout l’enjeu du récit est l’émancipation de Tine et de son frère, l’acceptation par le père du passé assumé et le dépassement de sa douleur. Même si trop vite on anticipe le secret et la fin heureuse, les personnages sont bien cernés, les temps forts palpitants (une lutte contre la buse dans les arbres, une autre contre les garçons qui voient d’un mauvais œil une fille les dépasser en performance, la discussion orageuse avec le père), tout est ménagé par Alexandre Chardin pour soutenir l’intérêt du jeune lecteur. (DB)


Les chroniqueuses: Danielle Bertrand (DB), Véronique Cavallasca (VC), Hélène Dargagnon (HD), Amandine Gachnang (AG), Déborah Mirabel (DM), Emmanuelle Pelot (EP), Sophie Pilaire (SP), Nicole Tharin (NT)


Image de vignette: image intérieure de En forêt de Maria Dek (©Marcel & Joachim)