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Ne vendez pas la peau de l'ours avant d'avoir lu cette bibliographie!

Figure ambivalente, entre animal féroce et doudou préféré des enfants, l’ours a toujours occupé une place importante dans la culture populaire. Longtemps conspué, il a progressivement regagné la sympathie du public dès la fin du XIXe siècle jusqu’à devenir un compagnon incontournable des bambins, tant sous forme d’animal en peluche que de héros d’histoires racontées au moment du coucher. Ricochet est allé à la chasse à l’ours pour vous dénicher 25 ouvrages qui mettent à l’honneur ce personnage phare dans des récits aux thématiques diverses, des plus drôles aux plus sensibles. 

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Ricochet
4 octobre 2024

1. Un fruit rouge, Gee Eun Yi, Rue du Monde, 2019
Album, dès 2 ans

Un ourson marche dans la forêt. Fatigué, il s'assied contre un tronc d'arbre. Une baie rouge lui tombe sur la tête. Quelle aubaine, il a faim et le fruit est délicieux! Mais cela ne suffit pas à caler son estomac. Le mammifère grimpe donc sur l'arbre à la recherche de plus de nourriture. Son ascension est ponctuée de surprises qui possèdent toutes un point commun: leur couleur rouge! Arrivé au sommet de l'arbre, l'ourson vole en direction d'un énorme fruit rouge qui se lève à l'horizon…

C'est dans un décor hivernal blanc immaculé que se détache l'ourson noir de cette histoire. Puis, le rouge, synonyme de vie, apparaît. La jeune auteure coréenne joue avec cette couleur, provoquant des rencontres entre son héros affamé et un écureuil, un essaim d'abeilles ou encore une chenille. Ne se laissant pas décourager, l'ourson poursuit sa quête en se laissant séduire par la beauté du monde qui l'entoure. Un album très graphique, qui incite les bambins à élargir leur horizon sous l'œil rassurant de leurs parents. (EP)

2. Un jour d'été, Hyejin Go, Maison Eliza, 2019
Album, dès 2 ans

Un jour d’été, quatre ours polaires, transpirant à grandes gouttes, cherchent une manière de se rafraîchir. L’un d’entre eux décide de se jeter à l’eau, un deuxième l’y accompagne. Entourés d’une bande de poissons, ils improvisent une danse aquatique. Intrigués par le jeu de leurs compagnons, les derniers ours récalcitrants finissent par se laisser convaincre. Dans un univers marin dépeint avec tendresse, les pas de danse s’enchaînent. Grand écart, dos crawlé, levers de patte: un vrai ballet s’improvise, entre grâce et maladresse. 

Tout à coup, l’un des danseurs aperçoit quelque chose au fond de l’eau. Il plonge… et salue une petite fille qui observe les cabrioles des ursidés depuis la vitre d’un aquarium. 

«Maman, pourquoi les ours polaires jouent-ils ici? Ils ne devraient pas vivre au Pôle Nord?», demande-t-elle. 

Naît alors un sentiment de malaise. Par le biais d’une interrogation innocente, l’auteure-illustratrice sud-coréenne insère une dimension non seulement éthique, mais également écologique à sa petite fable, plus profonde que les premières pages ne laissaient présager. Nous découvrons avec tristesse que les ours polaires s’ébattent en captivité, et non sur leur banquise: une révélation qui nous fait considérer les conditions de détention des animaux dans les zoos. La chaleur dont souffrent les animaux se teinte alors d’une nuance plus trouble: l’environnement du zoo en est peut-être la cause? Puis, par association d'idées, on pense au réchauffement climatique qui provoque une altération catastrophique du milieu naturel des ours. 

L’histoire prenant fin sur cette question ouverte, l’auteure laisse une place au lecteur pour qu'il y apporte ses propres réponses, selon sa sensibilité. Une perspective pédagogique intéressante pour tout adulte, enseignant ou parent qui souhaiterait travailler les thèmes du droit des animaux ou de l'écologie avec de jeunes enfants. (NT)

3. Douze mois dans la peau d'un ours, Laetitia Rohrbach et Maurèen Poignonec, Margot, 2024
Album, dès 3 ans

Au début de l’année, l’ourson, bien blotti contre la fourrure de sa maman, profite de la chaleur de son logis. Les mets sont succulents et les câlins abondants. Mais voilà que, les mois passants, Simon l’ourson commence à bouder les plats préparés avec amour. Lassée, Maman Ourse attrape le râleur par la peau du cou et l’invite à aller chercher son repas ailleurs. Plongé dans le grand bain de la vie, Simon découvre l’effroi qu’il déclenche, l’enfermement forcé, puis, heureusement, intègre la haute société. Une drôle de vie qui le mène, en fin d’année, à tout plaquer pour rejoindre, il était temps, sa maman chérie.

Que de péripéties pour ce petit ourson qui vit une année fort mouvementée! Chaque double page, dédiée à un mois, narre en détails les aventures de Simon et, comme douze petites histoires successives, chacune a son lot de surprises. Les illustrations donnent à voir Simon dans des situations chaque fois surprenantes et inattendues, et le lecteur prend plaisir à suivre, mois après mois, la vie mouvementée de cet ourson hors du commun. Plein de tendresse, le dénouement met aussi à l’honneur l’importance d’un foyer chaleureux… et des biscuits pralinés fourrés à la noisette! (DM)

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«Un fruit rouge» (© Rue du Monde), «Un jour d'été» (© Maison Eliza) et «Douze mois dans la peau d'un ours» (© Margot)

4. Oscar et Albert. Albert apprend à faire du vélo, Chris Naylor-Ballesteros, Kaléidoscope, 2023
Album, dès 3 ans

Oscar et Albert viennent ici conter au lecteur une nouvelle histoire: celle de leur promenade à vélo. Seul petit détail qui vient entraver leurs beaux projets de longue sortie: Albert peine à pédaler correctement. Les zigzags remplacent la ligne droite et, rapidement, c’est la chute et la catastrophe pour tous ceux qui se trouvent sur son chemin. Mais Oscar est bien décidé à venir en aide à son ami. Le guidant et le conseillant, il va l’aider pas à pas à mieux contrôler son véhicule. Et qui sait lequel des deux viendra ensuite en aide à l’autre?

Cette seconde histoire d’Albert et Oscar montre encore une fois le lien très fort entre les deux animaux inséparables. Toujours différents mais parfaitement complémentaires, les deux personnages donnent une image très positive de l’amitié indéfectible. Aussi, les rebondissements qui surviennent au fil des pages sont à la fois pleins d’humour et de tendresse et le jeune lecteur ne pourra que s’émouvoir des situations rocambolesques et savoureuses dans lesquelles se retrouvent les deux amis. Voilà un second volume fort abouti, qui donne envie de suivre durablement ce beau duo d’amis. (DM)

5. Le garçon et l'ours, Tracey Corderoy et Sarah Massini, Père Castor Flammarion, 2018
Album, dès 3 ans

Le garçon a très envie de jouer. Mais, tout seul, cela peut parfois être compliqué. A qui lancer la balle? Qui chercher lors d’un cache-cache? Qui équilibrera les balançoires à bascule? Heureusement, il y a Ours. Mais Ours est timide et est… un ours, pas un ami. Un jour, le jeune garçon va recevoir un message, une correspondance va commencer et une relation se nouer. Et qui est ce mystérieux compagnon? Ours, bien sûr!

Tout en douceur, la relation complexe d’une amitié naissance est ici narrée avec une grande délicatesse. Parce que les différences de personnalité sont nombreuses, parce que la timidité bloque parfois les premiers échanges, il arrive que l’amitié survienne pas à pas, lentement, au fur et à mesure. Puis, la suite de l’histoire permet de constater à quel point les liens générés peuvent être forts et intenses. Voilà une histoire pleine de tendresse sur l’amitié, qui donne envie d’aller à la rencontre des personnes méconnues qui nous entourent. (DM)

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«Oscar et Albert. Albert apprend à faire du vélo» (© Kaléidoscope) et «Le garçon et l'ours» (© Père Castor Flammarion)

6. Courage petit ours!, Steve Small, Sarbacane, 2023
Album, dès 3 ans

L’hiver touche à sa fin. Contrairement à sa sœur Eva l’exploratrice, Arlo aime sa grotte et la réconfortante présence des siens. L’ourson appréhende donc la transhumance qui l’attend pour rejoindre «la vallée du printemps». Le voyage commence, une tempête surprend la famille, Eva disparaît…

Un album aux traits délicats où la nature est mise à l’honneur, qui traite du thème de la peur de la plus jolie des manières. «Être courageux quand on a peur, c’est le plus grand de tous les courages!». Paroles de maman Ours qui, par ses quelques mots, rassure et booste la confiance de son enfant avec élégance et doigté. Un album signé Steve Small, talentueux auteur-illustrateur anglais. (EP)

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Couverture et image intérieure de «Courage petit ours!» (© Sarbacane)

7. Un ours, un vrai, Stéphane Servant et Laetitia Le Saux, Didier Jeunesse, 2024
Album, dès 3 ans

La famille ourse est de sortie. Le père apprécie le calme et la tranquillité de la randonnée en nature. Puis, ne tenant plus en place, il défie son fils à la course. Le pauvre ourson s’essouffle très rapidement. Papa ours en profite pour frimer en vantant ses propres exploits sportifs, se targuant de pouvoir courir cent kilomètres… laissant le fiston admiratif. Puis, petit ours se plonge dans un livre, lecture interrompue par son géniteur qui le pousse à aller nager avec lui. Le jeune mammifère le suit à contrecœur mais refuse de tremper sa patte dans la rivière. Le paternel affirme que s’il y avait la moindre menace dans l’eau, il essuierait ses pattes dessus. Vient l’heure de rentrer à la maison. La joyeuse tribu aperçoit une ruche, le mâle alpha se lance à l’assaut, suivi de près par sa progéniture qui se fait mal durant la grimpette. Ce dernier décide de redescendre pour rejoindre sa maman. Coincé entre deux branches, les pattes dans le vide, le père refuse d’abdiquer quitte à y passer la nuit…

Stéphane Servant parle des stéréotypes qui collent à la peau des hommes. Sûr de lui, avec ses gros biscoteaux, le père viril et sportif de ce récit invite son fils à lui ressembler. S'installe alors une relation père-fils empreinte de rivalité. Finalement, pour que les deux protagonistes témoignent leur affection l’un envers l’autre, il faudra que l’ourson abandonne la partie et le paternel la continue jusqu’à (se) perdre. L’auteur décrit parfaitement ce lien qui, même s’il se base ici sur la compétition, reste avant tout de l’amour. «Parce qu’un vrai ours aime toujours son papa… même si son papa raconte n’importe quoi». Un album rempli d’humour et de malice, idéal à lire à haute voix. (EP)

8. Les ours ne pleurent pas, Emma Chichester Clark, Albin Michel Jeunesse, 2023
Album, dès 3 ans 

Depuis que George vit auprès de Clémentine, tout est merveilleux. Mais lorsque l’ours se rend en ville pour emprunter un nouveau livre à la bibliothèque, voilà qu’il ne trouve que des portes closes! Rien n'est apparemment ouvert, tout fonctionne à l’envers. Tant et si bien que, par maladresse, George tombe dans une fontaine et devient la risée de la foule. Les moqueries pleuvent et il sent les larmes lui monter aux yeux. Heureusement, Clémentine va arriver et le sauver de cette malheureuse situation.

Si les ours lisent, ils peuvent aussi pleurer! L’album livre ici un beau message de tolérance et rappelle que les moqueries du groupe créent des peines profondes à ceux qui en sont les cibles. Ici, la tension monte fortement lors de la scène des rires et le jeune lecteur ne pourra que ressentir de l’empathie pour l'ours malheureux. La conclusion est alors évidente et les mots de la jeune héroïne sont parfaitement bien choisis pour faire comprendre ce que chacun peut ressentir lorsqu’il devient la cible d’un groupe et quel serait le meilleur comportement que devraient adopter les autres à son égard. Ce deuxième volet des aventures de George et Clémentine propose ainsi une lecture riche en émotions, que petits et grands savoureront certainement avec grand plaisir. (DM)

9. Notre Boucle d'or, Adrien Albert, L'École des loisirs, 2020
Album, dès 3 ans

Dans cette version librement adaptée de Boucle d'or et les trois ours, on découvre une famille ours affairée à repiquer des plantons derrière sa maison. Pendant ce temps, un bambin à tête de chérubin pénètre chez eux. Attiré par l'odeur d'un bol de chocolat chaud, le blondinet grimpe sur une chaise et tombe à la renverse. Maintenant, le liquide brunâtre recouvre le sol. Un brin confus et paniqué, Boucle d'or disparaît au premier étage.

Dans ce nouveau scénario de Boucle d’or signé Adrien Albert, les hommes et les femmes travaillent de concert, que ce soit pour jardiner, s’occuper du bétail ou rassurer les enfants. La volonté d’un traitement égalitaire entre les sexes se mesure aussi dans la taille identique des bols de Madame et Monsieur Ours. Un conte classique qui subit ici une jolie métamorphose, y compris en ce qui concerne le premier rôle, puisque Boucle d’or se décline au masculin. Un album épatant, dans la lignée des précédents, doux et réconfortant comme on les aime. (EP)

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«Un ours, un vrai» (© Didier Jeunesse), «Les ours ne pleurent pas» (© Albin Michel Jeunesse) et «Notre Boucle d'or» (© L'École des loisirs)

10. Ours d'hiver, Irène Schoch, Les éditions des éléphants, 2023
Album, dès 4 ans

Comme sa tanière s’est transformée en parking, l'ours Aldo renonce à hiberner. Il déambule dans la rue à la recherche d'un coin chaud, de nourriture et d'un brin d'humanité, sans savoir dans quelle direction aller. Sans domicile fixe, Aldo apprend à vivre dans la précarité. C'est le début d'un apprentissage de vie ponctué de belles comme de mauvaises rencontres.

À travers un récit métaphorique bienveillant et humaniste, Irène Schoch réussit le pari de parler des sans-abris aux enfants. L'autrice-illustratrice n'occulte pas les difficultés (trouver un toit, de la nourriture, des habits adéquats...) que ces personnes rencontrent. Elle montre également les nombreuses ressources qui existent pour les sans domicile fixe sous nos latitudes. Un album remarquablement bien traité sur un thème difficile à aborder. (EP)

11. Dis Ours, tu rentres bientôt?, Jory John et Benji Davies, Little Urban, 2018
Album, dès 4 ans

De bon matin et des idées plein la tête, Canard se précipite chez Ours, son meilleur ami. Sur sa porte fermée il lit: «Parti à la pêche de retour la semaine prochaine». Pendant que Canard gère tant bien que mal sa solitude forcée, Ours se réjouit de sa liberté retrouvée, loin de ce voisin légèrement envahissant. Après avoir essayé de se changer les idées, le palmipède abdique et court rejoindre celui sans qui sa vie n’a pas de sens…

Ce tandem aux caractères opposés forme un duo très attachant. Comme dans un vieux couple, ces personnages composent avec les qualités et les défauts de l'un comme de l’autre. Au final l’hyperactivité et l’humour de Canard complètent bien la nonchalance et l’introversion d'Ours. La qualité des illustrations, la palette de couleurs utilisées et le découpage de l’histoire sont un pur régal des sens! Une série pour les petits qui n’a pas fini de faire parler d’elle! (EP)

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«Ours d'hiver» (© Les éditions des éléphants) et «Dis Ours, tu rentres bientôt?» (© Little Urban)

12. Le très gros ours très sale, Britta Teckentrup, Minedition, 2017
Album, dès 4 ans

Le très gros ours très sale ne veut jamais, absolument jamais, se laver. Naturellement, il ne sent donc pas bon du tout, ce qui fait fuir tous les autres animaux. Et, surtout, cela commence à drôlement gratter, cette couche de saleté sur sa peau. Le très gros ours très sale a beau tout essayer, rien ne semble soulager la démangeaison infernale. La jolie ourse toute propre a bien une idée pour remédier au problème: se laver. Mais le très gros ours très sale n’est pas facile à convaincre.

Un très gros ours très sale, une répétition intense du groupe nominal à rallonge, des situations cocasses pleines d’humour: aucun doute, voilà une bonne combinaison pour créer l’adhésion du jeune lecteur et faire naître le rire. La dispute entre les ours est en plus totalement jubilatoire: on ne peut que savourer le jeu d’échanges de répliques où chacun campe sur ses positions en criant de plus en plus fort. Aussi, bien sûr, le message sur la propreté passe alors bien subtilement, mais efficacement. Voilà un album bien amusant qui, tout en faisant rire, donnera envie de ressortir tout propre du bain. (DM)

13. Ö, Raúl Nieto Guridi, CotCotCot Editions, 2023
Album, dès 4 ans

Un ours (ou une ourse) entreprend un voyage en solitaire au cœur de l’hiver enneigé. L'animal ne devrait-il pas dormir blotti au fond de quelque grotte, à l’abri du froid, lesté par ses réserves emmagasinées à la belle saison?

Pataude et gracieuse à la fois, sa silhouette noire baguenaude sur la page blanche du paysage qu’on devine silencieux. Imprimée au pochoir, ses bordures frangent sur le fond immaculé, rendant la limite relative. Ses pattes disparaissent dans le vide blanc juste marbré de quelques ombres. Tout petit face à l’immensité du relief estompé dont les masses et les détails ne se révèlent que par contraste, l'ursidé chemine. Il est seul, mais le monde disparu laisse de si belles traces. Il butine une fleur oubliée et, joueur, il amuse le lecteur de ses facéties enfantines: il secoue l’arbre pour se couvrir lui-même de neige, s’amuse à danser, coiffé d’une parure de branches qui le fait ressembler à un renne, souffle une cheminée de vapeur opaque dans l’air glacé «Öööö…», va patiner sur l’étang gelé, fait l’ange dans la neige fraîche, rejoint par un moineau perplexe. Un papillon jaune nous fait de l’œil: c’est un sac en plastique rempli de déchets… Une déjection inaltérable d’un monde non naturel. Soudain très las·se, l’ours·e rejoint son refuge. Au fond de la forêt, au fond de l’abri, iel attend.

L’art fascinant de Raúl Guridi oblige le lecteur à écouter le silence glacé, le souffle un peu court de l’animal, à scruter le grand blanc de l’image et les ombres qui se devinent: l’ensemble est d’une poésie à couper le souffle, et laisse une impression durable où l’émotion palpite entre rire et gravité. Ainsi que dans un autre album, coréen, Un jour, de Yoo Ju-Yeon où, sur un poème de Kza Han, le lecteur suit un petit oiseau rouge feu dans un incroyable périple qui le conduit de son arbre dénudé aux branches d’encre noire jusqu’aux paysages urbains saturés de lignes et d’ombres gigantesques, qui donnent le vertige même à un oiseau… Il n’est pas étonnant que l’éditeur signale déjà la traduction de l’album de Guridi en coréen: il y a là un fil poétique chargé d’imaginaires frères, dans un langage partagé.

Les deux récits s’achèvent sur l’image de l’ours et de l’oiseau de retour dans le lieu qui les protège. Raúl Guridi crée une fable d’aujourd’hui où la nature salie, envahie, subit provocations et bouleversements. Mais même recroquevillé dans le noir, il faut garder les yeux ouverts: c’est la conclusion de l’artiste pour cet ouvrage remarquable. (VC)

14. Hiro: hiver et marshmallows, Marine Schneider, Versant Sud jeunesse, 2018
Album, dès 4 ans

L’ourse Hiro est curieuse. Alors que sa petite famille hiberne, Hiro quitte la chaleur de la grotte pour découvrir le monde enseveli sous une neige d’ouate. Elle aperçoit de drôles de traces, qu’elle décide de suivre. Une odeur sucrée vient alors lui chatouiller les narines: celle des marshmallows que l’on grille sur le feu. Intriguée, l’ourse s’approche de la clairière… A la vue de l’ourse, tous les enfants se dispersent, sauf Emile. Tout en partageant des marshmallows qui coulent de douceur, les deux compères se lient d’amitié et découvrent qu’ils ne sont pas si différents. 

Avec un titre aussi poétique, Hiro: hiver et marshmallows, doublé d’une illustration de couverture aux tons douillets, le premier livre de l’illustratrice belge laissait présager un petit bijou de tendresse. Autant le dire d’emblée: cet album est un vrai coup de cœur. Extrêmement bien écrite, drôle, d’un festif tout en sobriété, l’histoire réalise les premières espérances et se révèle bel et bien être une merveille de littérature.  

De délicates petits œuvres d’art, les illustrations, dont les paysages sont inspirés des séjours de Marine Schneider en terres scandinaves, s’unissent à la douceur des mots pour nous encourager à dépasser les premières apparences et à nous laisser surprendre par l’inconnu. 

Un beau conte d’hiver à offrir, à lire de préférence emmitouflé dans une moelleuse couverture…avec quelques marshmallows. (NT)

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«Le très gros ours très sale» (© Minedition), «Ö» (© CotCotCot Editions) et «Hiro: hiver et marshmallows» (© Versant Sud jeunesse)

15. La petite bûche, Michaël Escoffier et Kris Di Giacomo, D'eux, 2020
Album, dès 4 ans

Inspiré, Robear tape son histoire sur une machine à écrire manuelle. Sa grosse patte d'ours glisse sur les touches tandis qu'il crée son scénario totalement loufoque. Heureusement, son compère l'écureuil veille au grain: il faut construire une histoire qui tienne debout avec de l'action, qui ne soit pas triste et, si possible, sans mort ni maltraitance. Dans le rôle du personnage principal: une biche. Les rôles secondaires sont joués par une poule amoureuse, un sapin ou un lapin et une vache arracheuse de sapins. Et la fin? «Ils vécurent peureux et eurent plein de petits coussins».

Un album franchement drôle pour jouer avec les mots et fabriquer des histoires sans queue ni tête avec le sourire et la liberté de créer! Une très belle réussite signée Michaël Escoffier et Kris Di Giacomo, un duo connu en littérature jeunesse pour sa faculté inimitable de faire rire et réfléchir les bambins! (EP)

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Couverture et image intérieure de «La petite bûche» (© D'eux)

16. La grosse grattouille, Victoria Cassanell, Didier Jeunesse, 2020
Album, dès 4 ans

Ours s’est bien réveillé après sa longue hibernation et il n’a qu’une envie: réussir à se gratter dans le dos, en haut, en bas, sur les côtés. Un seul désir à combler: réaliser une bonne grosse gratouille! Sauf que tous les ours du coin ont précisément la même idée et il faut faire la queue pour pouvoir accéder à l’arbre qui permet de convenablement se gratouiller. Et voilà que lorsque le tour d’Ours survient… un castor tranche l’arbre! Pour Ours, c’est la catastrophe! Comment va-t-il réussir sa grosse gratouillle? Castor va l’aider à trouver une solution.

Dès les premières pages, on ne peut que s’attacher à ce gros animal qui semble si imposant par rapport à son problème qui apparaît si petit. Le comique de la situation grandit alors au fil des pages lorsque rien ne s’arrange pour Ours. Et le dénouement, heureux message d’amitié, permet de sourire une fois de plus et donne envie de relire l’histoire depuis le début afin de s’amuser encore à mettre en voix les répliques des deux protagonistes si différents et attachants. De quoi prolonger le plaisir de lecture durablement! (DM)

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Couverture et image intérieure de «La grosse grattouille» (© Didier Jeunesse)

17. Un hiver chez Bleuet, Heegyum Kim, Michi, 2023
Album, dès 4 ans 

Bleuet est un ours bien organisé. Pour anticiper son hibernation dans sa maison, il prépare tout ce dont il aura besoin pour les longues journées glaciales à venir. Puis, lorsque les premiers flocons surgissent, Bleuet peut enfin savourer le bonheur de profiter de son petit intérieur douillet. Mais voilà que Pâquerette rend visite à Bleuet et l’invite à une fête. Bleuet sortira-t-il de chez lui? Osera-t-il mettre son museau dans le froid saisissant de l’hiver?

Les pages bleutées de cet album hypnotisent immédiatement le regard du lecteur. En effet, en dehors de quelques très rares touches de rouge printanier, le bleu permet de mettre à l’honneur l’hiver et donne envie de savourer la chaleur des intérieurs. Aussi, le récit invite à ne pas camper sur ses positions et à, parfois, sortir de sa zone de confort afin de ne pas se couper du monde extérieur trop longtemps. S’isoler, ce peut être agréable, mais garder le contact avec ses proches doit toujours rester l’essentiel! Quant au lecteur, qu’il soit seul ou avec ses amis, il pourra lire cet album et passer un agréable moment d’hiver en compagnie de son nouvel ami Bleuet! (DM)

18. L’adorable ours des neiges, Lionel Tarchala, Sarbacane, 2024
Album, dès 4 ans

Aucun doute, l’hiver est arrivé. Les gros flocons envahissent le ciel, le paysage se recouvre d’un tapis blanc et le petit trappeur a le moral dans les chaussettes. La raison en est simple: son ami Grosse Bête Velue, un colossal ours bleu fort joyeux, s’apprête à entrer dans une longue hibernation, laissant seul pendant une grande période le pauvre trappeur. En attendant l’heure fatidique de l’endormissement, Grosse Bête Velue profite des derniers instants pour s’amuser avec son petit trappeur et, de jeu en blague, de bêtise en glissade, le rire sera de nouveau partagé.

Dès les premières pages, l’atmosphère de l’hiver est bien retranscrite: le lecteur peut en effet à la fois ressentir la fraicheur des flocons et le confort des intérieurs douillets. Aussi, les deux personnages qui prennent vie au sein de cette histoire sont immédiatement attachants. Quel régal d’assister aux colères du petit trappeur et à la bonhomie de Grosse Bête Velue! Ainsi, en questionnant les valeurs fortes de l’amitié et la difficulté d’être séparé de ceux que l’on aime, cet album offre un joyeux moment de lecture tout en mettant à l’honneur la nature. Une belle histoire à lire au coin du feu… ou tout en haut d’une montagne enneigée! (DM)

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«Un hiver chez Bleuet» (© Michi) et «L'adorable ours des neiges» (© Sarbacane)

19. Björn, six histoires d'ours, Delphine Perret, Les fourmis rouges, 2016
Album, dès 5 ans

Björn habite dans une confortable caverne, au milieu de la forêt. Son passe-temps favori? Feuilleter avec Renard des magazines pour humains. Les deux compères, couchés par terre, s'amusent en regardant ces êtres «se peigner les yeux», se gonfler les biscotos ou «trouver du vent n'importe où pour faire onduler leurs cheveux». Un jour, Björn reçoit une fourchette de son amie humaine Ramona. L'animal l'utilise comme gratte-dos «parce que ça gratte mieux que le plus râpeux des troncs râpeux». Un beau matin, le plantigrade observe les premiers signes de l'hiver. Après s'être rempli la panse et tâté le bourrelet, il salue tous ses amis et se couche «en réglant son réveil sur printemps».

Avec son imposante stature et son air débonnaire, Björn incarne la bonté même. Ce gros ours velu aime la vie et l'apprécie comme elle est. Quand il reçoit le canapé trois places «gage du bonheur» (d'après la publicité), plutôt que de le garder chez lui, il en fait profiter tous ses amis! Solidarité et partage sont au centre de ces six saynètes tour à tour drôles et poétiques. Une très bonne lecture pour lecteurs débutants aussi réussie que les célèbres aventures de Ranelot et Bufolet d'Arnold Lobel. (EP)

20. Encore une histoire d'ours, Laura Bunting et Philip Bunting, Kaléidoscope, 2020
Album, dès 5 ans

Marre d'être sans cesse interrompu dans ses activités préférées (dormir, roupiller ou faire la sieste) pour jouer son rôle, l'ours de cette histoire réclame une pause. Un bras de fer s'amorce alors entre le lecteur frustré et le porte-parole des plantigrades. De guerre lasse, ce dernier cherche une doublure et passe en revue toutes les espèces animales susceptibles de faire l'affaire. Mais aucune ne trouve grâce aux yeux de son interlocuteur, indécrottable amateur d'histoires d'ours. Qui aura donc le mot de la fin?

Les dialogues entre le lecteur (invisible) et l'animal sont un pur régal, tout comme les illustrations qui soignent le détail et en disent long sur la revendication de ce héros plantigrade. Un excellent album bourré de deuxième degré sur l'exploitation animale dans les livres pour enfants. (EP)

21. Le grizzli virus, Émilie Chazerand et Amandine Piu, L'Élan vert, 2019
Album, dès 5 ans

Léonie Bisette a une particularité bien étonnante: elle éternue des grizzlis géants! Peu pratique bien entendu! Car les gros ours surviennent n’importe où: à la piscine, à l’école ou en pleine séance de cinéma! Une seule solution: ne plus jamais éternuer. Mais voilà qu’un individu compte tirer profit de Léonie: il souhaite devenir riche en vendant du grizzli!

Quelle histoire originale! Dès les premières pages, l’impossible est accepté et le lecteur est alors immédiatement happé au cœur de l’aventure. Puis les questions se font nombreuses: Léonie va-t-elle se faire exploiter? Que vont devenir les grizzlis? Cette histoire peut-elle avoir un heureux dénouement? C’est alors un tumulte d’émotions qui survient chez le lecteur: le rire grâce aux scènes farfelues, l’angoisse à cause de la réussite du méchant et le plaisir provoqué par les scènes riches en tendresse. Le conte a bien évidemment aussi un message à passer et la réflexion, à la fois écologique et sur les relations humaines, passe tout en douceur, entre deux éclats de rire! (DM)

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«Björn, six histoires d'ours» (©  Les fourmis rouges), «Encore une histoire d'ours» (© Kaléidoscope) et «Le grizzli virus» (© L'Élan vert)

22. Petite et Grande Ourses, Bernadette Gervais, La Partie, 2022
Album, dès 5 ans

Avec plus d’une centaine de livres désormais à son actif, Bernadette Gervais est d’abord une illustratrice belge de grand talent, même si elle ne se prive pas non plus d’écrire, comme c’est le cas ici. On se souvient qu’en 2020, son ABC de la nature a reçu la Pépite d’or au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil et son album Petite et Grande Ourses a reçu le Prix IBBY Belgique francophone dans la catégorie album belge en 2022.

Bernadette Gervais y aborde le sujet difficile de la maltraitance dans un couple, incarné ici par deux ourses. Pandora, l’ourse panda, passe ses journées à lire et est reconnue dans tout le village pour son extrême intelligence. Petite Ourse, elle, a été recueillie par Pandora et à présent se met à son service, avec, pour sa bienfaitrice, une pleine admiration. Attentive à satisfaire tous ses désirs, elle ne reçoit en retour que dénigrement, indifférence et méchanceté. La détresse finit alors par la gagner et touche le cœur de Grande Ourse qui siège au firmament de la nuit. Sa douce voix rassurante enjoint à Petite Ourse de partir, ce qu’elle finit par faire en dépit de l’inquiétude que ce choix radical lui inspire.

À travers l’histoire de ces deux ourses et avec des mots simples, Bernadette Gervais démonte ainsi la relation de domination qui peut s’installer entre deux personnes. Petite Ourse, qui gère tout le quotidien de la maison, de l’entretien à la tenue du potager, ne peut s’imaginer vivre seule tant sa situation l’a enfermée dans une image dévalorisante d’elle-même. Il faudra donc une voix extérieure pour lui montrer qu’une autre vie est possible: c’est le rôle de Grande Ourse.

Les illustrations au pochoir et au graphisme toujours élégant et soigné sont particulièrement réussies et les coloris joyeux contrebalancent la gravité du sujet mis ainsi à la portée des jeunes lecteurs. En outre, des petites surprises botaniques ont été glissées çà et là: 24 plantes courantes, choisies en fonction de l’humeur du moment, sont à découvrir au fil des pages. Une liste en est dressée à la toute fin de l’ouvrage. (AD)

23. L'ours contre la montre, Jean-Luc Fromental et Joëlle Jolivet, Hélium, 2018
Album, dès 5 ans

Un ours court du matin au soir pour rattraper son retard. Incapable de se lever à 7 heures, comme les humains qui l'hébergent, il rate son bus, l'entrée aux cours et le repas à la cantine. Il finit même par dévaliser une boulangerie parce qu'il a loupé l'heure du dîner. Pour remettre les pendules à l'heure, il faut lui apprendre les heures, pensent les adultes de sa famille. Son apprentissage terminé, le plantigrade reçoit une montre-chrono et un agenda pro. Sa vie réglée comme du papier à musique ressemble à une «ours contre la montre», qui ne lui laisse ni répit ni temps libre. Inévitablement, son corps craque, c'est le «burn-ours».

«On dit que le temps c'est de l'argent. Mais pour les ours comme pour les gens, le bonheur, c'est de savoir prendre le temps d'écouter son cœur battant.» Une jolie métaphore bourrée d'humour et de jeux de mots sur l'art et la manière d'appréhender le temps dans une société qui prône la vitesse et la rentabilité. Et si on prenait le temps de vivre? (EP)

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«Petite et Grande Ourses» (© La Partie) et «L'ours contre la montre» (© Hélium)

24. Un ours, des ours, François David et Collectif, Sarbacane, 2016
Album, dès 5 ans

Dans leur conception, les illustrations précèdent les poèmes de François David. On lira ces derniers avec l'amusement des jeux de mots («ourceberg», «ourage» ...), et puis on pourra s'en échapper afin d'interpréter soi-même les ours de ce grand album. Représentés dans un nombre foisonnant de techniques qui correspondent à autant d'illustrateurs, les ours sont souvent seuls, souvent bruns, souvent inclus dans une scène qui permet donc d'imaginer un contexte. Il est rare que l'animal soit face à l'homme, quand bien même sa symbolique en a été historiquement proche (voir le livre de Michel Pastoureau, L'ours: histoire d'un roi déchu, Seuil, 2007). Bruno Gibert dessine pourtant un ours qui tue ses chasseurs, et Stéphane Poulin le fait se mirer dans l'eau tel un Narcisse…

Nos préférés vont aux mamans ours (Ilya Green, Guillaume Plantevin) entourées de leurs petits, ou à la gentille bête de Fanny Ducassé, sertie d'un écrin de fleurs et accompagnée d'oisillons sur le dos. Et puis il y a la couverture de Marie Dorléans, avec son «ours dort», dixit François David: sans doute le plus joli trait d'union entre la nature instinctive de l'ours hibernant et la façon dont l'humain s'est approprié culturellement le gros mammifère. L'ouvrage magnifique est une véritable exposition portative, un cadeau qui se déguste les yeux brillants. A titre personnel, j'ai à peine survolé le texte car l'image suffisait à mon contentement. (SP)

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Couverture et image intérieure de «Un ours, des ours» (© Sarbacane)

25. Winnie et la Grande Guerre, Lindsay Mattick, Josh Greenhut et Sophie Blackall, L'École des loisirs, 2020
Roman, dès 9 ans

Au milieu de la Forêt canadienne, la petite Ourse grandit auprès de sa mère. Un jour, alors que l’oursonne s’éloigne à la recherche de nourriture, sa maman se fait abattre par un trappeur. Désormais seule au monde, Ourse est recueillie par le petit-fils du chasseur, qui parviendra à gagner sa confiance grâce à d’appétissantes offrandes de fromage et de sirop d’érable. Malgré la bonne volonté du garçon, la cohabitation avec un animal sauvage s’avère rapidement compliquée; le trappeur décide donc de vendre l’oursonne. Il trouvera un nouveau propriétaire: un aimable soldat appartenant au Corps vétérinaire de l’armée canadienne, mobilisée afin de combattre aux côtés du Royaume-Uni. Nous sommes le 24 août 1914, personne ne soupçonne que la guerre deviendra «la Grande Guerre». Touché par le sort de la petite Ourse, le lieutenant Harry Colebourne l’emmènera avec lui à bord du train à destination de Valcartier, le camp militaire préparatoire. Baptisée Winnipeg, en souvenir de la ville que Harry avait quittée, puis Winnie, l’ourse devient une présence si indispensable pour les militaires qu’elle suivra la 2e brigade d’infanterie jusqu’à Salisbury, en Angleterre, traversant l’océan Atlantique sur le paquebot Manitou. Toutefois, au moment de partir au combat, Harry préfère placer Winnie en sécurité au zoo de Londres. Miss Saunders, la gardienne du zoo, ainsi que d’autres bienfaiteurs se relaient auprès de Winnie, sans oublier Harry, qui parvient à quitter le front afin de rendre visite à son ourse bien aimée. Un jour, Winnie rencontre un petit garçon, Christopher Robin Milne, le fils de l’auteur A. A. Milne, qui s’inspirera de la relation tissée entre son garçon et la jeune ourse pour créer la célèbre histoire Winnie l’Ourson!

Intrépide et dotée d’un cœur généreux, la jeune Winnie est humanisée comme son illustre homonyme le sera à son tour, la description de ses états d’âme assurant une connexion immédiate avec le lecteur. Accompagnant les pas de l’ourse, l’histoire se tisse d’anecdotes drôles sur sa vie au campement, comme l’apprentissage du garde-à-vous en échange de pommes que les soldats donneront volontiers à celle qui égaie leur quotidien, mais également de bêtises, comme le vol de beurre d’une Winnie trop alléchée par les odeurs émanant de la tente de la cuisine. Après un temps d’adaptation, l’héroïne deviendra amie avec les chevaux dont s’occupe Harry, endossant même le rôle de médiatrice lors de sa traversée de l’Atlantique afin de régler une querelle entre les chevaux et les rats qui pullulent sur le navire. Apportant une touche pédagogique au récit, les références au contexte historique particulier sont bien présentes, que ce soit la nervosité des soldats avant le départ pour l’Angleterre, l’évocation des «pieds des tranchées», le nombre effarant de victimes durant la Première Guerre mondiale ou encore les bombardements de Londres, que Winnie vivra terrée dans son enclos du zoo.

Basé sur des faits réels mêlés de fiction, narré par Lindsay Mattick (qui n’est autre que l’arrière-petite-fille de Harry) à son jeune fils Cole, le ton intimiste de ce roman s’avère particulièrement réussi. On comprend que l’héritage familial, partagé ici sous la forme d’extraits de journaux tenus par l’aïeul de l’autrice ainsi que de photos en fin d’ouvrage, se garde précieusement au fil des générations. Les illustrations qui s’éparpillent tout au long du roman reprennent le ton par la douceur de leur trait; le choix de tons brun-gris reflètent avec justesse une ambiance passée.

Un sympathique roman pour découvrir la vie de la vraie Winnie l’Ourson, «elle qui était allée Plus Loin qu’Aucun Autre Ours N’était Jamais Allé»! (NT)

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«Winnie et la Grande Guerre» (© L'École des loisirs)


Les chroniqueuses: Véronique Cavallasca (VC), Ariane Duclert (AD), Déborah Mirabel (DM), Emmanuelle Pelot (EP), Sophie Pilaire (SP), Nicole Tharin (NT)


Image de vignette: Un hiver chez Bleuet (© Michi)