Philippe Lechermeier
Enseignant le français et l’histoire dans un lycée de Strasbourg, Philippe Lechermeier fait ses premiers pas dans l’écriture après la naissance de ses deux filles en rédigeant de courtes histoires pour leur raconter le soir. C’est en 1998 que sort chez Didier Jeunesse son premier album, « La valise ». Cinq ans plus tard, il signe « Quand j’étais loup », illustré par Sacha Poliakova (Gautier Languereau) et publie depuis 3 à 4 titres par an principalement aux éditions Gautier-Langereau et Thierry Magnier. Il est notamment l’auteur de l’album « Princesses oubliées ou inconnues », illustré par Rébécca Dautremer qui connaît un énorme succès. C’est l’invité de Ricochet de cette quinzaine.
A Michel Strogoff. A 14 ans, il se bat contre un ours, il remonte à la nage les fleuves à contre-courant, il résiste aux coups de knout et peut rester dix nuits sans dormir. Et puis Gavroche aussi, la gouaille et l’irrévérence sous les balles...
- Quelle utopie seriez-vous prêt(e) à défendre ?
Celle d’un monde plus juste dans lequel les richesses et le savoir seraient plus équitablement partagés. Un monde dans lequel la morale et la sagesse ne seraient pas induites par la peur du diable ou l’espoir d’un paradis.
- A part être écrivain ou illustrateur, que rêveriez-vous d'être ?
Faussaire.
- Où écrivez-vous ? Quel est le lieu qui vous inspire le plus ?
J’aime travailler tôt le matin, quand le monde tourne encore au ralenti, avec ce sentiment de « dérober » un morceau de temps à la journée à venir. J’aime aussi écrire dans le train, être entre deux endroits, avec une sensation de légèreté et d’oubli, de détachement...
- Quel est le sentiment qui vous habite le plus souvent ?
J’ai gardé de mon adolescence une tendance à la révolte, mais moins revendicative et plus désillusionnée peut-être....
- Quel (s) genre(s) de livre(s) vous tombe(nt) des mains ?
Ceux qui manquent d’humilité.
Ceux dans lesquels le style excède ou fait défaut.
- Que redoutiez-vous enfant ?
La fermière chez qui j’allais chercher le lait quand j’étais chez ma grand-mère et qui me disait à chaque fois « bonjour mademoiselle ».
- Vous arrive-t-il de côtoyer des êtres imaginaires ?
Non, mais certains de mes proches sont tellement atypiques que l’on pourrait parfois douter de leur réalité.
- Que feriez-vous ou diriez-vous à un ogre s'il vous arrivait d'en croiser un ?
Je veux bien être mangé à condition d’avoir mariné avant dans un bon Mercurey.
- Qu'avez-vous conservé de l'enfance ?
Une fossette sur chaque joue.
- Selon vous, qu'est-ce qui fait vendre un livre ?
De mauvaises et de bonnes raisons parfois.
- Quel qualificatif vous colle à la peau ?
Impatient.
- Quelle est la meilleure phrase qu'un enfant vous ait dite ?
« Tu reviens quand ? »
- Quelle est votre définition du bonheur ?
Se réjouir du jour qui vient.
- Si vous aviez la possibilité de recommencer, que changeriez-vous ?
L’endroit où est placé l’escalier dans mon appartement.
- Enfant, quel genre de lecteur étiez-vous ?
J’étais un lecteur ardent. Et comme il n’y avait pas encore le choix et la diversité qui existent aujourd’hui, parfois je lisais tout ce qui me tombait sous la main, même si ce n’était pas de mon âge, même si je ne comprenais rien.
- Vis-à-vis de quoi vous sentez-vous impuissant ?
La bêtise et la mauvaise foi, le triomphe de l’inculture et de l’ignorance.
Puis aussi le décalage entre l’image que l’on se fait de vous et la personne que vous êtes réellement.
- Quel est l'animal auquel vous ressemblez le plus ? Pourquoi ?
Je trouve que l’animal auquel je ressemble le plus, c’est le renard même la comparaison est peu flatteuse. Que ce soit dans la littérature ou dans la vie, il est mal aimé et craint sans pour autant avoir la dimension mythique du loup. C’est un solitaire prudent dont tout le monde se méfie. A tort ?
- Quel est le mot que vous préférez dans la langue française ?
Libellule.
- Que souhaiteriez-vous que l'on retienne de vous ?
Quelques mots, des phrases que des enfants se répèteraient de génération en génération sans savoir d’où elles viennent, un peu comme les comptines bricolées des cours de récré.
Vos livres
- Quelle est votre dernière sortie pour la jeunesse ?
Le Cavalier bleu, publié chez Thierry Magnier avec des illustrations belles et fortes de Delphine Jacquot. Pas un best-seller mais un livre qui s’échange et se conseille et qui, feuille portée par le vent, trouve peu à peu ses lecteurs.
- Le(s) livre(s) dans votre production dont vous êtes particulièrement fier ou qui vous laisse(nt) un souvenir particulier
Princesses oubliées ou inconnues, forcément, Graine de Cabanes, également.
Mes contes, Ce qu’il y avait sur l’image, La Promesse aux étoiles.
Mon recueil de nouvelles, Petites Frictions et autres histoires courtes, chez Milan, pour sa cruauté légère et son ironie.
Et mes premiers textes, Quand j’étais loup et Dans le cheval de Troie.
- Quel est le thème que vous aimez davantage traiter ?
C’est variable. En ce moment, la faim. La faim qui vous dévore...
- D'où est né votre premier livre/ illustration ?
Le hasard de retrouvailles. Il y a une quinzaine d’années, j’ai croisé l’illustrateur Christian Voltz que j’avais connu dans mon adolescence. Il était encore aux arts décoratifs et moi à l’université. De là est né un livre un peu maladroit peut-être, mais important pour moi : La Valise.
- Quel livre en littérature de jeunesse auriez-vous voulu écrire ou réaliser à la place d'un autre ?
Le Petit Poucet.
- Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?
Un texte important est actuellement entre les mains de Rébecca Dautremer et j’attends le résultat avec impatience.
Je travaille aussi sur un album avec Aurélia Fronty.
Puis, encore en germination, un projet complètement insensé.
- Où et comment vous voyez-vous dans 10 ans ?
Avec un peu moins de cheveux et des livres en plus.
Littérature de jeunesse
- Un livre pour la jeunesse qui vous a marqué petit ?
Un conte, La Reine des Neiges d’Andersen.
- Quels sont vos auteurs-illustrateurs de référence ou qui pour vous développent une approche intéressante ?
En vrac, Magasin Zinzin de Frédéric Clément, Les Mystères de Harris Burdick de Chris Van Allsburg, Les étonnants animaux que le fils de Noé a sauvés, par Alain Serres et Martin Jarrie...
- Quels sont vos livres "coups de cœur", les "incontournables" en littérature de jeunesse ?
Max und Moritz de Wilhelm Busch et pour la langue comme pour les histoires, Les Contes du Chat perché de Marcel Aymé et Marie et le chat sauvage de Jacques Chessex.
Culture
- Un film, une photo/illustration qui vous touche ?
La Nuit du Chasseur de Charles Laughton.
- Un musicien
Deux : Syd Barrett et Jean Sébastien Bach
- Un lieu où vous aimeriez vivre
Sur une presqu’île, entre la baie et l’océan...
- Une phrase (une devise) qui vous guide
« Soyez résolus de ne servir plus et vous voilà libres »
Actualité
- Vos dernières (bonnes) lectures ?
Les Anneaux de Saturne de W.G. Sebald.
La Promesse de Dürrenmatt
La Route de Cormac Mc Carthy
- Un site (sur les techniques graphiques, un auteur-illustrateur, une approche particulière du texte, de la littérature...) que vous souhaitez recommander ?
Un dictionnaire de synonymes que j’utilise fréquemment, proposé par le Crisco (Centre de recherche inter-langues sur la signification en contextes)
http://elsap1.unicaen.fr/cgi-bin/cherches.cgi
http://www.philippelechermeier.fr/