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Pierre-Dominique Burgaud & Cyril Houplain

1 décembre 2006

26 ans après le succès d’Emilie Jolie de Philippe Chatel dans lequel il incarnait un raton laveur, Louis Chedid a créé le conte musical «Le soldat rose » pour petits et grands. Ecrit à quatre mains avec Pierre-Dominique Burgaud, cette histoire narre la rencontre entre Joseph, un enfant qui se laisse enfermer dans un grand magasin, et des jouets. Des poupées, un soldat rose bien sûr, un conducteur de train, un Roi et une Reine, un chimiste, une panthère noire en peluche et d’autres personnages viendront lui confier leurs joies et leurs peines. Et leur monde n’est pas aussi rose qu’il n’y paraît. M, Souchon, Cabrel, Vanessa Paradis, Benabar, Jeanne Cherhal et d’autres… Louis Chedid s’est entouré d’un casting exceptionnel pour donner corps et voix à ces personnages. Après une unique représentation au mois de novembre au Grand Rex à Paris, un passage à la télévision le soir du 24 décembre sur France 2, ce spectacle connaît aussi des déclinaisons à travers un cd et un grand album paru aux éditions Hachette jeunesse. Nous avons posé quelques questions à l’auteur Pierre-Dominique Burgaud et l’illustrateur Cyril Houplain.





- Le soldat rose est un genre d’anti-héros. Vous êtes-vous inspiré de personnages de la littérature de jeunesse ? Avez-vous volontairement choisi des attributs pour qu'il puisse rejoindre le goût des petites filles et des petits garçons...

Pierre-Dominique Burgaud :
Non. Je ne connais pas spécialement les personnages de la littérature jeunesse. Il me semblait intéressant de créer un héros qui a des failles, des doutes, du mal être. Très tôt, les petits garçons veulent être les plus forts, les petites filles les plus belles : le Soldat Rose, c’est une façon de leur montrer que la fragilité n’est pas une tare, qu’il ne faut pas à tout prix vouloir être « le plus », qu’un héros peut être différent, timide, mal dans sa peau et qu’il n’enest pas moins attachant.

Si le soldat rose a tout pour plaire aux filles (il est rose) et aux garçons (c’est un soldat), il faut quand même remarquer qu’il a également tout pour leur déplaire ! Quelle fille voudrait d’un soldat, et quel garçon voudrait d’un jouet rose ? Il n’y a donc pas de recherche d’universalité. Le soldat rose, c’est un paradoxe. C’est à la fois l’amour et la guerre, la dentelle des ballerines et l’armure des soldats. Le personnage du soldat rose pose une question, le conte essaie d’y répondre.


- C'est un voyage initiatique, entre imaginaire et réel, entre poésie et réalisme. L'histoire d'une rencontre aussi... Comment donneriez-vous l'eau à la bouche des enfants et des adultes qui pourront découvrir ce spectacle la veille de Noël...

Pierre-Dominique Burgaud :
 Un grand magasin, c’est l’endroit le moins merveilleux monde. Des produits, des étiquettes, du commerce. Nous vivons tous dans un grand magasin. Entourés de marques, prisonniers de l’argent qu’on a ou qu’on n’a pas. Le Soldat rose, c’est un conte qui se passe là où nous vivons, pas une sur une planète imaginaire. Ça le rend très proche de nous, très actuel. Pour intéresser les enfants (et aussi un peu pour être provocateur !), je dirais que le Soldat Rose c’est de la télé-réalité bourrée d’imaginaire !


- Où va mener ce voyage initiatique ? Aviez-vous l'intention de donner une portée éducative à ce spectacle...

Pierre-Dominique Burgaud :
Comme tout voyage initiatique, le Soldat Rose conduit à nous. Toutes les solutions sont en nous, pas ailleurs.
Quant à la portée éducative du spectacle, je ne suis pas sûr que ce soit aux auteurs de la décider. Ce concert est une base, un tremplin. Nous serions évidemment très touchés que les véritables professionnels de l’éducation (éducateurs, enseignants) décident de prendre cette base pour mener une réflexion plus approfondie avec les enfants.


- Aviez-vous déjà travaillé sur d'autres textes pour enfants ? Aimez-vous vous adresser à un tel public ?

Pierre-Dominique Burgaud : Oui, j’ai participé à la rédaction de livres pour enfants chez l’éditeur Mango. Des petites histoires toutes simples, avec des photos et non pas des illustrations. Ce qui est agréable quand on s’adresse aux enfants, c’est que la naïveté est permise. Souvent, avec les adultes, la naïveté passe pour de la mièvrerie (Prévert et Vian sont des exceptions, Souchon aussi en chanson). Dans un univers enfantin, chercher « la colle-à-cœur-brisé » relève de la poésie. Dans le monde des adultes, ce serait ridicule.

L’autre versant intéressant du monde des enfants, c’est qu’il est totalement imprévisible. On peut aujourd’hui mettre dans une histoire tous les ingrédients pour qu’elle plaise aux adultes, et –très souvent- elle leur plaira. Mais vouloir séduire à coup-sûr les enfants, c’est une autre paire de manches ! Pourquoi soudain s’enthousiasment-ils pour un personnage ? Mystère. Mais quand ils aiment, ils aiment ! Et alors là, quel bonheur !


- A Noël, ce moment privilégié où apparaissent les jouets dans les magasins, vouliez-vous faire passer un message fort concernant l’attitude consumériste ?

Pierre-Dominique Burgaud : Non. Chacun fait ce qu’il veut. Je sais qu’il est de bon ton de mépriser la société de consommation, mais de quel droit ? Personnellement, je consomme très peu. J’ai presque envie d’ajouter : « et je le regrette ». Je ne peux pas m’empêcher de trouver réjouissant les gens qui, quand ils ont le blues, courent s’acheter des chaussures, des vêtements, des disques, et hop, ça va mieux !

Finalement, consommer, c’est transformer de l’argent en autre chose. Ce n’est pas plus vulgaire que de garder son argent sur un compte d’épargne. Les choses, l’argent, tout ça est fait pour circuler ; et la circulation crée les rencontres.

Bien évidemment, il y a des façons plus ou moins stupides de consommer. Tout comme finalement il y a des façons plus ou moins stupides de dessiner des immeubles ou de conduire une voiture.

La société de consommation est l’arrière-plan du Soldat Rose, parce que le Soldat Rose se passe dans notre monde. Mais elle n’est en aucun cas la cible directe du conte. La conclusion à faire passer serait plutôt celle-ci : si la poésie est présente dans un grand magasin, alors elle est présente partout. À vous de la trouver !


Questions à Cyril Houplain :


- Quel est votre parcours ? Pourriez-vous vous présenter en quelques mots...

Cyril Houplain :
J’ai arrêté l’école en 3e puis travaillé et peint avant de reprendre des études supérieures en graphisme. J’ai démarré ma vie professionnelle dans l’illustration la peinture et en autodidacte dans le spectacle en co-créant le personnage et l’univers visuel de -M- avec Matthieu Chedid.

- Qu'est-ce qui vous a séduit dans ce conte pour enfants ? Aviez-vous carte blanche pour illustrer ce conte ?

Cyril Houplain :
J’ai toujours aimé la musique de Louis et une fois encore elle m’a plu. De plus, cela ne parle pas aux enfants de manière niaiseuse et le sujet est contemporain, il laisse beaucoup de place à la créativité. Une fois que l’on était d’accord sur un état d’esprit, un style visuel, chose que l’on a trouvé très rapidement, la suite est venue très naturellement. Les mots « liberté », « simplicité » et « confiance » correspondent parfaitement à ce projet.

- L'univers musical vous inspire-t-il particulièrement ?

Cyril Houplain : Oui, car j’ai une vraie passion pour la musique et notamment la chanson française. Il y a pour moi un rapport direct entre l’image et le son. C’est un travail très intuitif, mais qui devient de plus en plus précis et concret au fur et à mesure que les projets aboutissent. Le spectacle vivant ou la scène ont beaucoup de contraintes, il est assez plaisant de les tordre.


A visiter :
http://www.louischedid.net/
http://www.lesoldatrose.com/

Auteurs et illustrateurs en lien avec l'interview

Illustration d'auteur

Pierre-Dominique Burgaud

française