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Qu'est-ce que la "littérature en couleurs" ?

Janine Despinette - François Ruy-Vidal
1 janvier 1990





Ce qu'elle n'est pas,
ce qu'elle est... (J. Despinette)

Expressément employés par Janine Despinette (1967), lors d'une réunion du comité de rédaction de Loisirs
Jeunes
Informations Hebdomadaires, les mots littérature en couleurs
sont repris à l'occasion d'une exposition sur les productions éditoriales
(200 albums en 20 ans) du concepteur François Ruy-Vidal, éditeur
(au Musée des enfants - Musée d'art moderne de la ville de Paris). Un ''catalogue
manifeste'' permit un dialogue entre Janine Despinette et celui-ci. (La
Littérature en couleurs
)

Enfin dans le numéro 1 des feuillets de L'OCTOGONAL,
le professeur Olivier Maradan convie à l'étude approfondie de cette nouvelle
réalité éditoriale désormais massive...

Ce qu'elle n'est pas...

Les mots littérature en couleurs sont opposés par
J. Despinette à:

  • "grands livres (ou livres) illustrés" qui
    s'appliquent aux créations littéraires, illustrées. Ces ''beaux livres''
    qui donnent - au mieux aux enfants, l'occasion de quelques rencontres avec
    de grands artistes - tels Gustave Doré, Grandville,
    Bertall, Froelich, Yann
    Dargent
    .
    ..
  • aux créations éditoriales qui ont assuré l'évolution
    qui conduisit l'illustration des livres d'enfants et d'adolescents vers
    une certaine autonomie ; livres signés Christophe,
    Benjamin Rabier, JP Pinchon, Boutet
    de Monvel
    , Jean de Brunhoff, Samivel...
    Hergé
    .
  • Etant rappelé le nom du Père
    Castor
    , François Faucher qui, lui, avait mis au point, dès 1930,
    l'album pédagogique: petits livres où des imagiers assuraient aux enfants
    dès leur plus jeune âge d'heureux premiers contacts avec le livre, avec
    l'écrit...

    Ce qu'elle est :

    En 1946 Gallimard avait fait événement en rapatriant
    le Petit prince - un iconotexte - de Saint
    Exupéry
    , auteur illustrateur en la circonstance, d'abord publié en
    1943 à New York.

    Mais ce n'est qu'en 1958 que par ses mises en page
    on vit Laurent Tisné essayer de transformer dans
    ses créations éditoriales notre attitude visuelle de lecteur.

      "Mais il est venu trop tôt pour que sa démarche
      fut comprise et que ses livres d'authentique littérature en couleurs connaissent
      alors une réussite commerciale".

    Editeur d'art, Robert Delpire
    dès 1955 - mais surtout avec sa collection Dix sur Dix - un peu plus tard
    -, affirme qu'il y a de grands artistes prêts à créer le meilleur pour
    les enfants dans des albums de littérature en couleurs.

    Traitées d'avant gardiste ses créations n'obtinrent
    alors - elles aussi - qu'un succès d'estime artistique. Toutefois reprises
    par Jean Fabre à l'Ecole des Loisirs
    et par Pierre Marchand à Gallimard Jeunesse,
    par la suite, elles sont maintenant admises dans notre tradition.

    En vingt ans, de 1964 à 1984 ce qui n'était au départ
    que phénomène isolé devint un fait de civilisation: la littérature en couleurs
    était là, s'imposant peu à peu puis massivement, mobilisant de très nombreux
    artistes et les éditions jeunesse, provoquant de la part de la critique
    et des revues spécialisées les propos les plus divers... de la réserve
    absolue à l'adhésion enthousiaste, en passant par l'incompréhension de
    la démarche elle-même ; ce qui est encore aujourd'hui assez fréquent.

    LA LITTERATURE EN COULEURS
    et les nouveaux supports

    Et voici que les livres de la littérature en couleurs
    sont devenus l'espoir des nouveaux industriels de la communication et de
    l'expression sur CD-ROMs et cyberspace...

    Le 1er Milia (voir l'Octogonal
    n° 4
    ) n'a t il pas convoqué et réuni à Cannes en début de l'année
    1994 les éditeurs jeunesse riches de millions d'images narratives sur support
    papier...

    Les éditeurs électroniques ont le plus urgent besoin
    de cette littérature là pour leurs propres supports encore pour l'heure
    sans contenus probants...

    LA LITTERATURE EN COULEURS selon
    François Ruy-Vidal

    "La littérature en couleurs qui fait appel à
    la réflexion et au sens critique de son lecteur suscite en lui le braille
    de l'âme. Cette conception nouvelle de l'écriture pour l'enfant ou l'adolescent
    requérant ses facultés intellectuelles et affectives dans un perpétuel
    aller et retour, va et vient des lectures du texte et de l'image (affrontés/conjoints
    par ses créateurs), est ce qui permet à l'enfant de lire entre les lignes
    et derrière les images le message de l'humain".

    "1964-1984 période historique précise fut celle
    au cours de laquelle se sont libéralisées et banalisées tant de réformes
    concernant nos coutumes traditions et moeurs... succédant à une période
    plus triste celle de l'après guerre qui n'était que la lente remise en
    état de fonctionnement d'un pays blessé et appauvri avec pour distraction
    bientôt envahissante : l'apparition de la souveraine télévision - inscrite
    dans presque tous les foyers - et une société où l'information par l'image
    allait prendre le pas sur celles écrite et radiophonique qu'avaient connues
    nos parents".

    "Ce n'est qu'à partir des années 60 que les pouvoirs
    de l'image ceux du conditionnement et de ses contraires : humour, dérision,
    prise de conscience, réflexion... allaient devenir évidents pour s'établir,
    s'incruster dans une véritable civilisation nouvelle ; bénéficiant industriellement
    de découvertes techniques surprenantes : cinéma télévision vidéo et de
    moyens de divulgations par de nouveaux procédés de duplication - impression
    offset, photocopie... puis aujourd'hui l'informatique technologique qui
    ne manqueront pas de bouleverser la plupart de nos habitudes et conformismes
    et qui nous permettent de constater sans risque d'être démenti que le langage
    des images est le média informatif et distractif préférentiel de la majorité
    des humains".