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Date

Rencontre avec Moka

Ricochet
30 mai 2005



"Mon boulot consiste à vous faire croire que je sais ! "




Moka, Elvire Murail de son vrai nom, était la seconde invitée aux rencontres avec des auteurs de l'Ecole des loisirs, initiées cette année par la Bibliothèque Municipale de Reims. C'est dans l'auditorium de la Médiathèque de Reims que s'est tenu ce vendredi 13 mai cet échange entre Moka et des professionnels du livre. Son métier d'écrivain a été au centre du débat. En voici quelques échos ...







" Je suis une raconteuse d'histoires, je ne fais pas de la littérature et je n'ai pas cette prétention. Par contre, je sais que je sais raconter des histoires et j'aime en raconter aux autres". Inventer des histoires, Moka le fait depuis qu'elle est petite. A l'âge de sept ans, elle se souvient avoir commencé à écrire " parce que ma soeur Marie-Aude écrivait pour moi, explique-t-elle. Elle avait créé un journal et j'ai fait pareil ". Un père poète, imprimeur, peintre et éditeur, une mère journaliste et écrivain, un grand-frère compositeur et deux autres (Lorris et Marie-Aude), eux-aussi écrivains, Moka était en quelque sorte dans le bain. Quand c'est devenu son métier, la chose n'a donc pas étonné dans cette famille d'artiste. " C'était normal chez nous, raconte-t-elle, on était plutôt encouragé dans ces voix-là, surtout par ma mère ".



Diplômée de l'université de Cambridge, Moka a commencé par écrire des romans pour les adultes ( son premier roman "Escalier C" fut un grand succès et fut adapté au cinéma), a travaillé comme scénariste et dialoguiste pour le cinéma et la télévision et se consacre à la littérature pour la jeunesse depuis 1989. Aujourd'hui, elle est l'auteur d'une soixantaine d'ouvrages dans des genres variés (polar, aventure, policier, fantastique,...) et abordant de nombreux thèmes ( comme le racisme, la maladie, les relations familiales, le handicap, la solitude des enfants, la perversion pour n'en citer que quelques-uns). Mais d'où naissent toutes ces histoires ? " Quand j'écris, c'est que cela m'est passé par la tête, c'est tout ", nous confie-t-elle. " J'adore commencer n'importe quoi et puis voir ce qui se passe. Je peux me mettre dans la peau de n'importe quel personnage et je cherche comme eux les solutions. Je peux alors tout me permettre ". Pour son roman " Jeu Mortel" paru en 2003 à l'Ecole des loisirs qui met en scène une adolescente issue d'un milieu riche, Moka avoue n'avoir rien prévu jusqu'aux trois-quarts du livre. Même scénario pour "Golem", une série co-signée à 6 mains -totalement Murail- réalisée avec son frère et sa sœur. Pour créer les 5 tomes de cette série sortie chez Pocket jeunesse, la famille a travaillé deux années entières. Partis d'une situation de départ rapidement esquissée, ils se sont alors complètement laissés mener et ce fût la surprise. " Tout le côté souterrain de cette histoire, par exemple, n'avait pas du tout été planifié ". Moka n'est pas non plus du genre à se balader constamment avec son carnet. " Si j'oublie l'idée, c'est qu'elle était mauvaise. L'idée est la chose la plus facile au monde et les idées passent en permanence. L'écriture, ce n'est pas d'avoir des idées mais de mettre des mots sur l'idée".






Moka écrit pour son plaisir et pour sa distraction. " On se raconte d'abord des histoires à soi-même ", aime-telle répéter. En moyenne, elle écrit deux heures par jour, mais cela peut varier et la création est difficilement quantifiable. " Tout se passe dans ma tête, il y a une part d'inconscient dans la création et puis il y a toute la part de la recherche". Cette recherche de documentation fait partie intégrante de son travail et elle adore cela, mais là-aussi rien n'est systématique et tout dépend des livres et des sujets. La recherche ne doit d'ailleurs pas se voir, " Mon boulot consiste à vous faire croire que je sais ! ". Sûre d'elle Moka ? Assurément. Ajoutons : opiniâtre et tenace, croyant au travail autant qu'à la paresse ( une qualité totalement nécessaire pour les écrivains, selon Moka, puisqu'elle permet le rêve ! ) et pratiquant l'autocritique. Cette dernière s'apprend avec le métier, nous explique-t-elle et puis " quand quelque chose ne va pas, on sent directement que cela cloche ! " Côté lecture, Moka aime dire qu'elle n'est pas une grande lectrice. Surtout pas de la " Littérature ", ses lectures plaisirs sont avant tout des livres scientifiques et elle se plonge très souvent dans la revue "Science". C'est d'ailleurs un article sur le syndrome de William qui est à l'origine de son livre "William et Nous".







Avec elle, ce vendredi à Reims, Moka avait aussi emporté les couvertures des différentes adaptations étrangères de ses livres, mais aussi ses dessins ! L'auteur adore dessiner et elle s'y consacre par amusement. Pour le moment, aucun éditeur n'a encore publié ses dessins ( excepté dans la biographie " Mon écrivain préféré " qui lui est consacrée à l'Ecole des Loisirs), mais un jour peut-être... Moka va aussi à la rencontre de son public, dans les classes où " je fais oeuvre utile ", comme elle aime dire. " Cela déclenche parfois des choses chez les enfants. On a un impact extrêmement important ! " A la Charte des auteurs et des illustrateurs pour la jeunesse, Moka assure aussi la fonction de trésorière depuis six ans maintenant. Moka a rappelé toute l'importance de ces interventions avec le public qui garantissent la liberté et la qualité de la création, tout en permettant aux auteurs de vivre !