Stian Hole
- Quelle est l'origine de l'ouvrage « L'été de Garmann » paru en français en 2007 aux éditions Albin Michel Jeunesse ?
Le livre est né de l'observation de mon plus vieux garçon. Lorsque mon fils devait commencer en CP, j'ai vu qu'il avait peur, j'ai reconnu cette peur et cela a été le début de cette aventure de Garmann.
- « L'été de Garmann » aborde biens des thèmes qui vont au-delà de celle de la peur. Il parle aussi de la vieillesse, de la mort, évoque les grandes questions ou encore les relations intergénérationnelles...
Il n'y a pas que ce thème que la peur, en effet. « L'été de Garmann » se compose de différents motifs liés les uns aux autres et qui forment l'album tel que les lecteurs le découvrent. Vous avez raison de souligner que cet album parle de la mort. J'ai d'ailleurs constaté que les enfants sont très directs et se pose beaucoup de questions. La peur que nous pouvons éprouver par rapport à ces interrogations-là ne sont pas celles qu'éprouvent les enfants. Pour moi et c'est très important, un album illustré est un livre qui se lit à deux. L'adulte lit pour les enfants. Si l'un des deux peut amener ou peut dériver le récit vers une discussion, alors je suis le plus heureux des hommes !
- Cet album a reçu le « Prix du Meilleur Album » à la Foire Internationale de Bologne ? Que représente cette distinction pour vous ?
Aujourd'hui, quand je jette un regard introspectif sur l'ampleur de cet ouvrage, je n'aurais pas à l'idée que cela prendrait une telle dimension. Cette reconnaissance me fait énormément plaisir et du bien. Elle est survenue à Bologne et elle est aussi intervenue en Norvège. Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas cela qui me pousse à faire d'autres livres sur Garmann...
Dans le premier tome, Garmann cherchait des réponses avec ses trois vieilles tantes. Dans « La rue de Garmann », ce rapport entre les générations est aussi présent, avec la rencontre de Garmann et l'Homme-aux-timbres…
Beaucoup comme vous le faîtes ont montré les liens intergénérationnels qui lient ces personnages. Dans tous mes livres, il y a un lien intergénérationnel. J'ai tendance à penser que Garman et l'Homme-aux-Timbres ne sont en fait qu'une seule et même personne. L'un se situe au début de la vie, le second en fin de vie. Cela représente pour moi les deux faces d'une même pièce.
- Voici déjà deux tomes autour de Garmann. Allez-vous le convoquer pour un troisième tome ? Il va avoir un troisième et dernier livre avec Garmann. Je suis au tout début du travail. Je travaille énormément sur le récit. Dans cette phase, je suis seul et Je préfère ne pas vous en parler. Il faut que vous compreniez que quand j'écris, je suis en voyage et je ne sais pas où l'histoire va me pousser, où ce voyage va m'emmener.
- Ce qui marque d'emblée, c'est votre extraordinaire technique et ces images à mi-chemin entre le réel et l'imaginaire. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Je travaille avec le numérique. C'est un travail de photomontage. Je pars de photographies que j'emprunte un peu partout et que je retravaille et par un jeu de superpositions et de dessins, j'arrive à ce résultat. Chaque image est donc une superposition de couches ou de calques.
Je peux en avoir jusque 30 pour une seule image !
- Quelles sont vos influences et vos sources d'inspiration ? Quels sont les artistes contemporains dont vous admirez le travail ?
L'inspiration est multiple. Elle vient de la photographie, de l'art, de l'illustration, de la musique et de la littérature. J'ai beaucoup de références. On peut retrouver comme de petites cartes postales ou des bonjours que j'adresserais aux personnes que j'admire que ce soit dans le texte ou dans l'illustration. Pour l'art, vous avez par exemple Magritte ou encore Popper, mais il y en a d'autres. Il faut que cela ne reste que des bonjours en passant, mais il n'est pas important que les enfants les comprennent et il n'en ont pas besoin pour avancer dans l'histoire.
Concernant les artistes que j'admire, la liste serait trop longue. Demain je vais participer à un entretien avec Beatrice Alemagna et c'est quelqu'un que j'admire beaucoup.
Traduction réalisée par Jean-Baptiste Coursaud que nous tenons à remercier vivement.
Propos recueillis par Charlotte Javaux
Lors du Salon du Livre de jeunesse de Montreuil 2008