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Yves Pinguilly

1 février 2000


Ricochet : Pour commencer, quelques mots pour vous présenter…


Je suis né à Brest, j’ai grandi à Nantes et c’est la ville de Nantes qui a fait de moi un poète, un poète qui un jour allait écrire toutes sortes de livres pour les enfants… pour les enfants et pour les raffinés comme disait Max Jacob !


J’ai 57 ans, je suis marié depuis longtemps… ainsi j’ai été un jeune grand-père.


J’ai deux enfants et aujourd’hui, pour l’instant, j’ai deux petits enfants. Je cultive avec plaisir l’art d’être grand-père, même si je continue à avoir une vie de voyageur qui m’éloigne souvent de ceux que j’aime ici pour aller vers ceux que j’aime là-bas à l’est, à l’ouest ou au coeur de l’Afrique ; dans les îles de l’Océan Indien ; ou encore en Belgique (Bruxelles est si exotique !) ou ailleurs… vers les îles Loyauté ou le Yukon, ou…

Ricochet : Les petits garçons rêvent souvent de devenir pompier ou astronaute, et vous, à quoi rêviez-vous ?


Enfant, je n’ai pas rêvé d’être écrivain. Je n’ai pas rêvé de conduire un train ou d’être pompier. J’étais un enfant simple et pauvre, habitant un baraquement dans le quartier ouvrier de Chantenay, à Nantes. Enfant, comme tous les garçons de ma classe je pensais faire un jour le métier de mon père. Il été ouvrier dans la métallurgie. C’est donc très simplement que je suis rentré au Chantiers de La Loire, comme apprenti, à quatorze ans, après avoir obtenu mon certificat d’études.

A ce moment là, le grand hasard qui n’existe pas, a fait basculer ma vie, vers des horizons qui n’étaient pas prévus ! Dans les bistrots de Nantes, j’ai rencontré des jeunes gens fous de poésie. Avec eux j’ai avalé des mots et en quelques mois, Rimbaud, Baudelaire, Néruda, Maïakovski, Blake, Cendrars, Apollinaire, Cadou et beaucoup d’autres étaient mes alliés.

Alors, à quatorze ans et demi, j’ai décidé de devenir poète ! Oui, poète, rien de moins.

Après avoir lu Cendrars, je me suis embarqué. Je n’avais pas quinze ans encore et je suis devenu marin, -pilotin tout d’abord-, dans la marine marchande. Mon premier embarquement m’a fait faire le tour du monde en dix neuf mois. Parti de Marseille, je suis revenu au Havre.

J’avais commencé à métisser mes mots, j’allais métisser mon corps ici et là dans le monde. J’allais rencontrer aussi pour la première fois l’extrême misère, celle qui fait mourir. J’allais pour la première fois être en première ligne avec la mort des enfants : les garçons de dix ans docker sans assez de force et les petites filles qui se prostituent dans les bordels des ports ou sur les bateaux même, pour un bol de riz.

C’était l’époque où Ho Chi Minh ville s’appelait encore Saïgon, où Maputo s’appelait Lourenço Marquez, l’époque où à Diégo Suarez comme à Bâton-Rouge, les ports avaient des odeurs : les marchandises étaient chargées et déchargées en vrac… les containers c’était de la science fiction !




Ricochet : Avez-vous suivi des études littéraires ?


Alors, non. je n’ai pas fait de vraies études littéraires, je n’ai pas fait mes humanités. Souvent je dis aux enfants qui m’interrogent que l’on peut être pour partie le résultats de l’école et que c’est bien, mais que l’on peut être le résultat de ses amitiés et de ses amours. Moi je suis le résultat de mes amitiés et de mes amours.

Ricochet : Quel a été votre parcours professionnel avant de devenir écrivain pour la jeunesse ?

Ricochet : Quel a été le déclic qui vous a donné envie d'écrire ?


Vers vingt ans, j’ai posé mon sac à Paris et j’ai commencé à publier de la poésie (une douzaine de recueils) et je me suis marié. J’ai multiplié les petits boulots avant d’apprendre le métier de bibliothécaire (auquel on avait accès à l’époque quand on était un rien du tout ! ) . J’ai passé le CAFB. Certificat d’Aptitude aux Fonctions de Bibliothécaire.

Et puis j’ai quitté les bibliothèques de la banlieue parisienne pour être un agitateur culturel ici et là, et surtout au Havre où j’ai eu des responsabilités à la Maison de la Culture, la première de France. Quand Malraux l’avait inaugurée, il voulait en implanter une dans chaque département français… Le Havre fut ma dernière grande (et belle) étape avant de choisir en 1982 de n’être plus que écrivain.

Pendant tout ces temps les voyages s’étaient multipliés, les livres aussi et j’intervenais régulièrement comme expert, comme consultant, pour des organisations internationales, en Afrique, dans les domaines de la bibliothéconomie, des littératures, et des langues.

Ricochet : Que pensez-vous, avec le recul, de vos premières publications ?


Que dire aujourd’hui de mes premières publications ?

Si je m’en tiens aux livres publiés dans des collections jeunesse, je ne les renie pas ! Mon premier roman, publié dans la Bibliothèque de l’Amitié des éditions Rageot a été L’été des confidences et des confitures. Il a été sans cesse réimprimé de 1975 a l’an 2000. Il vient de sortir du catalogue Cascade et j’espère bien qu’un éditeur le republiera ( avis aux amateurs !). Avant que ne sorte ce roman j’avais signé avec les éditions de l’Ecole des Loisirs , pour un recueil de poèmes qui est paru dans la défunte collection Chanterimes. Raconte mois. Ce recueil a ensuite été repris par les éditions Hachette en 1989 et est paru en grand album et en poche. Plusieurs des textes sont rentrés dans des livres scolaires. J’espère là encore, qu’un éditeur un peu fou, osera republier ce recueil de poèmes, même si la poésie se vend mal.

Mon écriture a changé depuis ces temps. Elle est encore plus baroque, plus libre, et derrière elle il y a sans doute plus d’indicible. Mais, j’aime croire que mes anciens textes restent encore lisibles !




Ricochet : Vous offrez un large choix de textes, du roman policier en passant par le recueil de poésies ou le roman d'amour, mais dans quel domaine vous sentez-vous le plus à l'aise ?


J’écris de la poésie, oui et du roman d’amour et du roman policier et du roman d’aventure. Je ne mets pas de barbelés entre les genre. J’ECRIS, c’est tout. Pour moi, c’est avant tout l’écriture qui compte. Un livre qui manque d’écriture manque de tout. Après, bien sûr j’aime les histoires. J’aime créer des personnages que j’aurais aimé rencontrer.

Et puis certains genres voyous, longtemps marginalisés en France, me vont bien. Si la biographie traverse un peu l’écriture, alors il faut convenir que pour moi écrire des romans d’Aventure ou des romans policiers, soit écrire la mer ou la savane, écrire la banlieue, la marge… ça me va à priori comme un gant.

Idem pour le roman d’amour. En fait, dans presque chaque livre je parle d’amour.

Je suis à l’aise dans chaque catégorie, mais en fait je ne classe pas vraiment mes écrits par catégorie.

Ricochet : Vous rencontrez souvent vos lecteurs lors d'animations dans des classes, comment y abordez-vous la poésie, thème pas forcément très en vogue chez les jeunes ?


Quand je rencontre mes lecteurs en classe, le plus difficile est d’approcher la poésie. Pour le roman, on peut se « contenter » d’anecdotes, du thème, de l’histoire… mais la poésie, c’est le langage même.

Souvent je dis des textes que j’aime. Je n’hésite pas à dire des textes qui m’habitent et qui sont obligatoirement un peu loin des jeunes enfants (la poésie d’Yves Bonnefoy, par exemple). J’essaie de montrer aux enfants mon expérience dans le texte et les émotions que les textes me donnent. Je n’hésite pas, même avec les plus jeunes à parler des émotions que donne le langage ; à dire que ce sont les émotions qui nous font grandir, qui nous maintiennent en vie souvent et nous font croire que l’on ne mourra jamais.

Oui, quand on sort de l’enfance et que donc on sait que l’on mourra un jour, il y a dans l’art et la littérature les émotions qui permettent d’avoir l’utopie de croire que l’on ne mourra quand même pas. La littérature (et donc la littérature de jeunesse) peut faire croire cela, elle peut faire les jeunes lecteurs dériver dans le plaisir de lire, autant que dans une folie amoureuse. Je rêve de voir mes lecteurs se plonger dans mes textes comme ils plongeront dans le corps de l’autre ; de les voir suer sang et eau, gémir et tourner la page !

Oui, je crois au plaisir de lire !


(Mais, est-ce que je sors du sujet… tout à coup, je crains en répondant aux questions de parler d’autre chose. C’est vrai que je parle toujours d’autres choses.)


Ricochet : L'Afrique est omniprésente dans la plupart de vos ouvrages, comment vous est venue cette passion pour ce continent ?


Ma passion pour l’Afrique m’est venue simplement.

j’ai été invité au Togo, il y a plus de trente ans. J’y ai encadré deux stages de formation pour des enseignants. j’ai parlé de littérature (la poésie de Tchicaya U Tam Si et celle d’Edouard Glissant). Là je suis tombé amoureux du continent. Depuis j’y ai fait plus de cent voyages, comme expert souvent, comme formateur et depuis quelques années comme écrivain parlant de ses livres.

Chaque année je voyage au moins deux ou trois fois sur le continent. Chaque jour ou presque je travaille une à deux heures « sur » l’Afrique. Je suis devenu un connaisseur du continent. Mon cœur est éparpillé de Conakry à Djibouti… de Pointe Noire à Zanzibar.

Ricochet : Vous avez participé à de nombreuses actions en faveur du développement de bibliothèques en Afrique, quelles ont été les conséquences de ces missions ?



Pendant presque quinze ans, je suis intervenu en Afrique dans une vingtaine de pays pour la mise en place de réseaux de bibliothèques en milieu rural (pour l’Agence de la francophonie). Cela a eu pour conséquence de me faire connaître et aimer l’Afrique réelle, celle qui reste souvent invisible pour le voyageur pressé. J’ai parcouru des milliers de kilomètres sur des pistes, j’ai vécu dans des villages isolés, sans eau potable et sans électricité. J’ai écouté les paroles du soir contée en kabié, en fon, en wolof, en poular, en malinké, en afar, en swahili, en lingala etc…

Outre la connaissance de certains lieux, de certaines pratiques culturelles, je me suis définitivement métissé, assez pour devenir un étranger professionnel. C’est un peu comme si l’Afrique avait changé ma peau. On renaît sans cesse par le langage, en partie parce qu’il nous métisse. L’Afrique m’a métissé de même, pour me faire encore renaître, je crois.

…Mes écritures africaines montrent souvent l’homme au masque noir que je suis devenu.


Ricochet : Vous avez été pendant de nombreuses années rédacteur en chef de la revue "Griffon", vous avez contribué à la naissance de la Charte des Auteurs et Illustrateurs de Jeunesse, vous parcourez le monde et plus particulièrement l'Afrique dans le but de développer les bibliothèques, vous êtes un fervent défenseur de la littérature de jeunesse, vous participez à de nombreux ateliers avec vos jeunes lecteurs… Mais comment avez-vous trouvé le temps d'écrire plus d'une centaine de livres ?


C’est vrai que si l’on énumère comme vous le faites, mes activités passées et actuelles on peut se demander où j’ai réussi à prendre le temps d’écrire, d’autant que j’ai eu comme tout le monde des activités privées. En fait, il n’y a pas de secret, je travaille sans cesse. Mes loisirs depuis longtemps sont liés à l’écriture et aux voyages. Mes dimanches et jours fériés sont des jours de travail et les moments d’écriture sont des moments de bonheur. C’est vrai que j’ai dû cesser quelques activités. Il n’était plus possible que je dirige Griffon, j’étais trop souvent trop loin et aujourd’hui je ne milite plus beaucoup à la Charte même si j’en reste membre.

Dans quelques jours je pars à Belle-île en Mer où deux classes de Paris viennent en atelier d’écriture avec moi. J’emporte pour ces dix jours là, une caisse avec beaucoup de livres pour moi et un programme de travail personnel, pour chaque soir. Je commencerai sérieusement la préparation d’un nouveau contes et légendes d’Afrique, pour Nathan. Cette fois ce sera la Corne de l’Afrique.

Ricochet : Comment naissent les histoires que vous imaginez ? D'une rencontre, d'un événement, de votre simple imagination ?


Mes histoires naissent tout autant de mon imagination, sans qu’il y ait eu un déclencheur particulier, que d’un fait divers, d’une rencontre… J’ai toujours quelques histoires en tête !




Ricochet : Quelles sont vos méthodes d'écriture ?


Je n’ai pas de grande méthode scientifique pour écrire mes romans. Il y a longtemps, quand j’étais un jeune auteur, je faisais une sorte de plan. C’était rassurant. Aujourd’hui quand je commence, j’ai des notes qui tiennent en général sur une simple feuille. L’écriture de la première page me prend beaucoup de temps… un jour ou une semaine. Après, je suis sur les rails et je tente de travailler régulièrement, chaque jour. Le roman suis une idée de départ, mais il se génère lui même et je me fais quelques surprises. Ces jours derniers j’ai pensé qu’il pourrait être intéressant dans un stage, de décortiquer mon dernier roman écrit (non encore paru). Il est copieux et il s’y passe mille choses qui m’étaient imprévues.

Je n’écris vraiment que chez moi, dans mon « coin », jamais en voyage.

J’écris plus lentement qu’avant. Aujourd’hui je me sers de l’ordinateur après avoir longtemps écrit à la main, à l’encre bleue sur du papier blanc, comme le faisait Colette.


Ricochet : Quels sont les auteurs que vous admirez le plus aujourd'hui ?


Je reste très attaché aux écrivains que j’ai découvert dans l’adolescence. Les poètes encore et toujours. Je lis chaque jours un ou deux poèmes au moins et en marchant, en conduisant ma voiture, en faisant mes courses, ou en repassant mes chemises je me dis des poèmes.

J’aime beaucoup quelques grands classiques, citons en vrac Lewis Carroll ou Stevenson ou Swift et Jules Verne. J’aime la Comtesse de Ségur (Voir les postfaces que j’ai écrites pour Nathan) même si cette ultramontaine est bien loin de moi idéologiquement !

Et puis je garde en moi tout autant Faulkner que Dostoïevski, John Fante que Louis Calaferte, Georges Darien que Mac Orlan et pour ceux d’aujourd’hui tout autant Le Clézio que Mickaël Connelly ou Jérôme Charyn et chez les africains, tout autant Kourouma que Abdourhaman Wabéri ou Tierno Monénembo.

Je lis diverses choses donc, mais toujours de la poésie.


Parmi les livres jeunesse récents, j’ai été épaté par le livre de Brisou Pellen Un cheval de rêve et par le livre de Jean Marc Ligny Les démons de Mamyvonne. J’ai aussi beaucoup apprécié le livre d’Hervé Jaouen Singes d’hommes.

Bien sûr, je devrais citer quelques dizaines de titres et d’auteurs !

Ricochet : Dites-nous quelques mots sur votre prochain livre…


Mon prochain livre ? Non celui à paraître mais celui que je vais écrire, ce sera donc comme je le disais plus haut un livre de contes et légendes. Quel travail ! Sans doute est-ce pour moi cinq à six fois plus de travail que d’écrire un roman en me laissant aller… je vais écrire des contes et légendes qui vont couvrir l’Ethiopie, la Somalie, Djibouti, l’Erythrée et bien sûr, la côte avec la mer Rouge, le golfe d’Aden et un peu l’Océan Indien. Je parlerai de la reine de Saba, qui fut éthiopienne et non Yéménite… pour elle j’ai relu le livre des rois et le cantique des cantiques. Je vais écrire aussi la légende qui nous dit comment sont nés les boutres, ces bateaux de la mer Rouge, la légende du café, celle du khat et une dizaine de contes dont plusieurs contes d’animaux. Je souhaite que l’éditeur sous titre ce contes et légendes d’Afrique :

la corne d’Afrique

ses paroles de soie et ses semelles de vent

Hum… c’est bien long pour un sous titre, je le sais . On verra…


Tout en travaillant sur ce livre, je picore ici et là des textes pour une anthologie des poètes du vingtième siècle, une sorte de suite à mon livre Jeux Jongleries Rimes, paru aux éditions d’art Somogy en Juin dernier.

Ricochet : Lorsque quelqu'un vous dit que vous êtes un auteur "engagé"", que répondez-vous à cela ?


Aujourd’hui, si l’on me dit que je suis un auteur « engagé » je n’ai plus envie de répondre ! Il y a des combats qui ont bien vieilli je crois, et celui qui résume une oeuvre à ce qu’il y voit d’engagement social ou politique, la réduit tant qu’il ne permet plus qu’elle soit réellement lue. Montherlant était engagé… à droite, Aragon à gauche ; Bernanos à droite comme Céline. Je pourrais citer d’autres noms. Ceux là déjà sont d’immenses écrivains et leur grand talent ne se réduit pas à leurs mensonges, leurs tromperies, voire leurs crimes.

Il y a longtemps que l’on sait que la littérature ne se résume pas à l’idéologie, mais il est vrai que bien des critiques de littérature de jeunesse se sont conduits comme Staline qui ne souhaitait pas que le réalisme socialiste dise autre chose que la pensée unique du stalinisme. Ces critiques qui écrivaient dans des journaux officiellement de droite ou de gauche ont voulu que des textes soit éloignés des jeunes lecteurs. J’ai eu ma part de staliniens de gauche et de droite contre moi !

C’est vrai que je n’écris pas pour. J’écris peut-être contre…


Je suis un auteur engagé dans l’écriture, c’est tout.

Si mes livres plaisent aux enfants tant mieux pour eux et pour moi. Si mes livres ne leur plaisent pas tant pis pour eux et pour moi.

Et puis, c’est vrai que je suis un citoyen qui rêve d’un autre monde où le bonheur serait partagé, où le Dieu des hommes ne serait pas à la bourse. Oui, je veux que le monde change ! Je n’ai pas la bêtise de croire que la littérature peut à elle seule éteindre la mèche nucléaire, ou faire qu’ici ou là l’homme ne soit plus un loup pour l’homme, faire que l’esclavage soit enfin aboli.


Ricochet : Pensez-vous que l'on puise tout dire et donc tout écrire ?


Oui, je pense que l’on peut tout écrire, en général. En ce qui concerne les enfants, je ne me donne qu’un interdit : je n’écrirai jamais de perversions sexuelles.

Ricochet : Avez vous été déjà touché par la censure ?


Oui, j’ai été touché par la censure, à une autre époque. Marie Claude Monchaux m’avait mis à l’index dans son livre relayé par Pauwels dans le Figaro. Des élus de la ville de Paris avaient demandé que mes livres ne figurent pas dans les bibliothèques, cela en plein conseil municipal. C’est de l’histoire ancienne.

Heureusement il n’y a plus de censure de ce genre, sauf accident.


Mais, je ne confonds pas critique et censure comme cela se passe quelquefois. Un enseignant peut avoir ses bonnes raisons critiques de ne pas souhaiter que mon livre soit lu dans son école. Aujourd’hui ça n’arrive jamais, mais je respecterais ce choix critique tout en argumentant de mon côté si on me questionne.

J’aimerais beaucoup que les enseignants soient plus critiques et n’accueillent pas en classe n’importe quel livre et n’importe quel écrivain, n’importe quand, sous prétexte qu’il est programmé par la médiathèque du coin !


Ricochet : Vos écrits sont traduits en plusieurs langues, de l'anglais au coréen en passant par le polonais et bien d'autres encore, dans quels pays vos ouvrages remportent-ils le plus de succès, et à votre avis, quelles en sont les raisons ?


J’ai la chance d’avoir de nombreux titres traduits. Il m’est difficile de dire dans quel pays étranger mes livres sont le mieux lus, le plus lus. Presque toujours les livres traduits échappent totalement aux auteurs de littérature de jeunesse. De temps en temps j’ai des échos de lecteurs, mais c’est assez rare. De temps en temps j’ai des critiques qui m’arrivent, mais c’est assez rare.

En Novembre 1999 j’ai été invité au Japon où mon Delaunay la couleur à quatre mains, paru en France chez Casterman, a obtenu un grand prix. Là-bas, ça avait l’air de marcher. J’avais déjà un livre de traduit en japonais. Depuis, il n’y a eu aucune nouvelle traduction dans ce pays.

Ricochet : A quand un roman traduit en breton ?


C’est vrai qu’aucun de mes texte n’est traduit en Breton ! Moi qui suis un Breton pur beurre salé, et galette de blé noir ! Mais l’édition en langue bretonne est bien modeste. C’est une édition assistée par la région le plus souvent. Et puis, je ne suis pas un auteur régionaliste même si j’ai la force de mes racines… pour parcourir le monde.


Ricochet : Quels sont vos projets en ce début de siècle ?


J’ai des projets, oui.

Tout d’abord parler ici et là des livres qui viennent d’arriver ou qui arrivent en 2001. Deux nouveautés viennent de montrer le bout de leur nez : Pas d’pot pour les poules, chez Casterman et Manèges dans le désert chez Nathan. Arrive En sortant de l’école, chez Magnard, en mars

Et puis en septembre, chez Autrement un bel album (Merci à l’éditrice Sandrine Mini et à l’illustratrice Florence Koenig) La couleur des yeux. Un album plein de complicité entre l’écrivain, l’éditrice et l’illustratrice. Un album avec un vrai texte, pas avec une vague histoire prétexte.

Et puis et puis et puis grande nouveauté pour moi : j’ai deux albums qui sortent chez un éditeur africain. Les éditions guinéennes Ganndal publient en octobre prochain La fille de l’eau et le garçon qui mouillait les poules. L’un de ces albums aura un illustrateur Tchadien, l’autre ma complice Florence Koenig.




Mes autres projets : écrire une nouvelle aventure policière avec l’inspecteur Frolot ; un roman d’aventure avec le héros de mon dernier livre écrit, si les éditeurs accueillent bien mon manuscrit… et puis retrouver mes bulletins de paie des quarante dernières années, pour ma caisse de retraite ! Oui, je travaille depuis plus de quarante ans et la soixantaine pointe le bout de son nez… Mais après soixante ans je compte bien écrire et écrire encore.


J’oubliais… je vais aller m’acheter deux ou trois tee-shirt neufs, pour mes prochains voyages, puisqu’en Mai/Juin je serai aux Comores, en Septembre en Côtes d’Ivoire et en Novembre de nouveau en Guinée où j’irai dans le Fouta Djalon voir des mines d’or clandestines que l’on retrouvera peut-être dans un livre d’Aventure bientôt.

Auteurs et illustrateurs en lien avec l'interview

Illustration d'auteur

Yves Pinguilly

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