Julia Chausson
Jeune illustratrice sortie en 2000 de L'École des Arts Décoratifs de Paris, Julia Chausson a réalisé les illustrations de l'album " Le Grand secret de Tim " publié en mars 2005 chez Grasset jeunesse, dans la collection "Lecteurs en herbe". Ce conte poétique, qui aborde les thèmes de la mort, du passage et du renouveau, a été écrit par Jean Molla. Il narre le trajet et les réflexions d'un garçon, du nom de Tim, doté du pouvoir étrange, celui de donner la mort par la parole. L'illustratrice Julia Chausson était au Salon du Livre et de la Presse jeunesse de Montreuil pour une séance de dédicaces. Nous l'avons interrogée, elle nous parle de ses projets et nous livre ici son entrée dans l'édition jeunesse.
Ricochet - "Le grand Secret de Tim" édité chez Grasset jeunesse a été écrit par Jean Molla. Comment l'avez-vous rencontré ?
Julia Chausson - J'ai rencontré Jean Molla au salon de Brive-la-Gaillarde. Je signais à côté de lui et on s'est très bien entendu. Deux mois plus tard, il m'envoyait le manuscrit de Tim…
Ricochet - Ensuite comment cela s'est-t-il passé ? Aviez-vous des contacts avec Grasset jeunesse ?
Julia Chausson - Je leur avais simplement montré mes illustrations. Jean Molla en revanche, avait déjà édité plusieurs ouvrages chez Grasset. Nous avons préparé une petite maquette de quatre pages, qui leur a plue.. Le projet était lancé…
Ricochet - Qu'avez-vous apprécié dans le texte qu'il vous a proposé ?
Julia Chausson - Jean Molla a une très belle écriture, littéraire et ciselée. En tant qu'illustratrice, j'ai été très inspirée par son regard abstrait. Il n'y a presque aucune image, ni situation concrète. Ce sont des notions, des sentiments…Libre à moi de donner une lecture peut être plus accessible.
Ricochet - Comment avez-vous donc procédé pour trouver les illustrations ?
Julia Chausson - C'était un vrai défi pour moi ! C'est une histoire parsemée d'embûches pour l'illustrateur, ce qui m'a permis d'inventer pleins de solutions : Comment évoquer la mort soudaine d'un arbre ou représenter la renaissance du personnage de Tim ?
J'aime les images qui offrent plusieurs lectures : celle qui est donnée, celle que l'on découvre par hasard, celle que l'on interprète et toutes les autres…Avec ce livre, j'ai retravaillé les significations, les images qui font sens…tout en laissant libre court à mon imaginaire.
Ricochet - C'est donc une chance cette rencontre avec Jean Molla....
Julia Chausson - Oui, bien sûr…comme toutes les belles rencontres…
Ricochet - A Brive-la-Gaillarde, vous étiez là en signature...Pour quel projet ?
Julia Chausson - Je signais "Mon Poémier" chez Mango jeunesse, c'est le premier livre que j'ai réalisé. A la suite d'une rencontre avec ces éditions, ils m'ont contacté pour participer à cette petite anthologie.
Ricochet - Vous avez vite percé, semble-t-il. Avez-vous beaucoup démarché ? Quel a été votre parcours ?
Julia Chausson - J'ai fait de la scénographie à l'Ecole des Arts Décoratifs de Paris et parallèlement à cette formation, j'avais déjà commencé à dessiner des histoires. En sortant, je suis allée montrer mes dessins à certains éditeurs. J'ai publié des illustrations pour la presse féminine ( Figaro Madame, Questions de Femmes…). Actuellement je dessine pour les revues Astrapi et Filotéo. En 2003 est sorti Le Grand Livre des Princes, Princesses et Grenouilles, chez Albin Michel, pour lequel j'ai réalisé quelques doubles pages. Il y a aussi Le petit Marco et les maisons du monde édité chez Mitik, qui est un joli jeu de cartes pour les enfants de 4 à 12 ans. Avec un dessin plus documentaire. Et puis j'adore dessiner les couvertures de romans ado pour Grasset jeunesse, je sais que le lecteur y revient au cours de sa lecture, il faut donner à rêver…
Ricochet - Parlons technique. Quelles sont celles que vous utilisez ? Comment travaillez-vous ?
Julia Chausson - Je commence par crayonner sans réfléchir, j'ouvre des livres, puisant ça et là. Je triture ces premières esquisses noires et blanches pendant quelques jours. Quand je passe à la couleur, je connais enfin les personnages. J'adore bricoler la couleur et les matières. J'utilise des papiers colorés, sur lesquels je fais vibrer la gamme des pastels et autres crayons. J'ai beau mettre toute mon énergie dans ces premières planches, elles finissent la plupart du temps en mille morceaux, après leurs semaines de maturation ! Je récupère ces morceaux, que je retaille, découpe à l'envie. Ces étapes me sont indispensables. J'affine petit à petit mon regard sur le texte.
Ricochet - Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Julia Chausson - Avec Thierry Cazals, nous travaillons sur un album qui offre un regard philosophique sur le monde. Et Jean Molla m'a proposé un très beau texte. Une nouvelle couverture pour Grasset… Et demain, je passe la journée dans une école primaire, afin de réaliser à la fin de l'année une grande peinture murale avec les enfants. Cette fois-ci, nous travaillons sur des interprétations symboliques des fables de La Fontaine.
Ricochet - Quels sont les auteur-illustrateurs de "référence" ? Pourquoi ?
Julia Chausson - Je regarde souvent les peintures de Chagall (j'ai fait un clin d'œil dans Tim à l'une de ses gravures) mais aussi Vuillard, Matisse, Gauguin, Georges Grosz et d'autres…Parmi les dessinateurs, j'adore Quentin Black, Tomi Ungerer, Joan Sfar, dans un autre style Benoît Jacques, David B, Henrik Drescher... Chez les illustrateurs, je pense à Beatrice Alemagna, Kveta Pacovska, Hélène Riff, Wolf Erlbruch, Cécile Gambini ou Laurent Corvaisier…