Muriel Bloch
Ricochet : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots :
Muriel Bloch : Non, c’est difficile.
Ricochet : Comment est née votre vocation ?
Muriel Bloch : Par hasard.
Ricochet : Certains livres de votre enfance ont-ils influencé votre choix d’être conteuse ?
Muriel Bloch : Oui, j’aimais beaucoup un conte que ma mère me lisait « Jean tout petit ». C’était un livre de cuir rouge.
Il y avait aussi « Contes et Légendes » chez Nathan.
Ricochet : Quel parcours professionnel avez-vous eu avant d’être conteuse, et influence-t-il aujourd’hui votre travail ?
Muriel Bloch : Oui, j’ai travaillé au Centre Pompidou, j’accueillais le public et je racontais des histoires autour de l’Art moderne.
Ricochet : Comment choisissez-vous vos contes ?
Muriel Bloch : Ca dépend, ça peut être un sujet qui me touche suivant mes préoccupations. Les contes sont des porte-paroles liés aux moments de ma vie.
J’aime les contes ouverts. J’ai une prédilection pour des destins féminins forts.
Je garde toujours en mémoire les paroles d’une femme qui est venue me trouver après une séance de contes et m’a fait deux remarques : « Quand vous racontez vous gonflez » et « il n’y a que des hommes dans vos histoires ».
Ricochet : Vous êtes auteur de plusieurs ouvrages illustrés. Votre démarche écrite est-elle la même pour le métier d’écrivain que pour le métier de conteuse ?
Muriel Bloch : Je ne suis pas écrivain. Je donne un style aux contes. Le fait d’avoir la chance de pouvoir raconter donne à l’écrit un certain rythme. Une fois que c’est écrit, je m’emprunte de le conter différemment. L’écrit est une étape. C’est l’oralité qui permet de travailler l’écrit.
Ricochet : Travaillez-vous en collaboration avec vos illustrateurs ? Quelle importance a pour vous l’illustration dans vos ouvrages ?
Muriel Bloch : Ca dépend. En général, je ne choisis pas les illustrateurs. Les illustrations peuvent donner un contresens au conte ou au contraire des surprises. Elles apportent un plus.
Ricochet : Vous rappelez-vous vos premières interventions de conteuse ?
Muriel Bloch : Avec le temps, il y a des choses que l’on ne fait plus, la liberté avec la langue et le corps est plus grande.
Ricochet : Y a-t-il des thèmes que vous ne pourriez pas aborder ?
Muriel Bloch : Des contes misogynes, racistes mais qui correspondent à des problématiques.
Je n’ai pas de sujets tabous, je parle de tout mais pas n’importe comment.
Il y a des cultures qui me sont plus étrangères que d’autres.
Ricochet : Utilisez-vous l’improvisation ?
Muriel Bloch : L’improvisation, c’est la vie même. L’improvisation va avec le conteur, c’est le choix du conteur. Il tient compte de l’auditoire.
Ricochet : Avez-vous un conte préféré ?
Muriel Bloch : Ca dépend des moments de la vie.
Ricochet : Pour quel genre de public préférez-vous conter ?
Muriel Bloch : Je n’ai pas de préférence. Pour les tout-petits c’est très difficile, il faut être très précis. Avec les personnes agées, il peut y avoir des problèmes d’oreille ou d’incompréhension. J’adore le public mélangé.
Ricochet : A votre avis, pourquoi y a-t-il actuellement un tel engouement du public pour les conteurs ?
Muriel Bloch : Il y a un besoin de communication au moment où on est surinformé. Le conte, c’est vivant et indispensable.
Il y a une série de facteurs sociologiques et politiques.
Ricochet : Sur quel projet, travaillez-vous actuellement ?
Muriel Bloch : J’ai plusieurs projets : un trio avec une danseuse et un musicien, un projet en décembre avec un artiste sénégalais Ali Patrix, un livre chez Gallimard et un livre théorique sur l’état du conte.