Abdel Kahier

Abdel Kahier frappe un jour à la porte d’une ville fortifiée. Il est repoussé par le gardien qui lui demande ses papiers. Des papiers, Abdel Kahier n’en a pas, sauf les petits papiers de ses poches couverts de poèmes. Profitant de l’absence du gardien, le Petit Prince, malade, écoute la poésie d’Abdel Kahier et retrouve le sourire. Le gardien de retour persiste et réclame à cors et à cris, les papiers d’Alfred Kahier. Le Petit Prince intercède en sa faveur et depuis, les étrangers sont accueillis avec dignité dans la ville fortifiée.
Les références au Petit Prince et au contrôleur qui applique la consigne apparentent ce récit à une tradition morale ou philosophique. Toutefois, la transparence du message, la linéarité de l’action sans surprise, les rôles figés du Petit Prince de son père et du gardien, réduisent la poésie de l’album à un "prêche" sur l’hospitalité, nécessaire et pourtant si souvent démentie ! A ce malaise s’ajoute le fait qu’Abdel Kahier est porteur de « trésors ». Qu’en serait-il, s’il était arrivé les poches vides ? La même ambiguïté concerne l’illustration : très raffinée dans ses graphismes, un peu comme Benjamin Lacombe, elle esthétise le récit par ses teintes et le déréalise. Conte ou récit de notre temps, l’absence de temporalité laisse l’histoire en apesanteur et malgré des portraits de toute beauté, trop de bons sentiments nuisent au propos qui pourtant tellement actuel.