Abécédaire d'Anna et Ben

Selon la pratique fréquente des écoles maternelles, cet Abécédaire d’Anna et Ben utilise les prénoms d’enfants pour une découverte de l’alphabet.

Dans cet album, les différentes entrées de l’alphabet  sont mises  en valeur par des histoires ouvertes entre les personnages, Anna, Ben, Claire, Dora, à chaque lettre un prénom. Lili, Roger, Xavier, Yseult et tous les autres s’expriment dans des dialogues où alternent différents tons (parfois ironiques) et des niveaux de langue variés.

De façon surprenante, leurs échanges comportent des allusions qui outrepassent les connaissances des enfants auxquels s’adresse cet abécédaire. Par exemple, en F, les prénoms disponibles sont Fleur, Fanette… « Félicie aussi ! », dit la fillette assise sous la fourche du F. Page suivante, hilare, une autre fille déclare : « et puis, et puis, et puis,… il y a Frida ». Les références aux chansons populaires de Fernandel ou même Brel sont hors de portée et devront faire appel aux connaissances d’un adulte pour être appréciées, peut-être.

Les jeux de mots jouent sur la relation entre oral et écrit : à la lettre N comme Ninon, la fillette propose de jouer à « je te tiens par la barbichette » et le garçon répond « (Nathan) pas trop pour la tapette ! »  (« N’attends pas »…). Il y a une certaine richesse aussi bien dans les jeux que dans l’illustration très vivement colorée, mais cet abécédaire ne se prêtera pas à une lecture ni à une découverte autonomes.  Ces dialogues sont complétés par de courtes listes de mots qui introduisent les lettres. Soleil, sauterelle, singe figurent en colonne sur la page du S ; le prénom associé est Sacha. La mise en scène du son s’exprime ainsi Sacha…maille, Sacha...vire, Sacha…grine et représente un chahut entre les deux enfants. Cette réelle richesse des pistes ouvertes, jeux de mots, références littéraires, dynamisme des illustrations, ne parvient pas complètement à convaincre en raison de son inadéquation avec le public destinataire.