Ados animaux

Sans nuages, la cohabitation avec un adolescent ? Certainement pas ! Léonie constate la métamorphose de son frère aîné : depuis que Léonard a fêté ses treize ans, il n’est plus le même. Un duvet ingrat lui pousse au-dessus de la lèvre, des boutons décorent son visage encadré d’une sempiternelle capuche. De plus, entre lui et les parents, l’orage gronde. Lorsque la classe de Léonie doit rendre un travail d’observation sur les animaux domestiques, la jeune fille décide qu’à défaut d’un chien ou d’une gerbille, son frère et son lot de comportements bizarres feront l’affaire. Zone géographique, pelage, interactions sociales, prédateurs et alimentation : tous les aspects du Leonardus Adolescentus seront minutieusement répertoriés par la scientifique en herbe.

Avec la collection Mouche dédiée aux enfants qui s’initient à la lecture autonome, L’École des loisirs fait bel et bien mouche. L’humour taquin de ce nouveau titre s’insère parfaitement dans la ligne éditoriale. Narré par l’héroïne, le récit est entrecoupé de ses notes et ses esquisses de terrain. La mollesse aiguë qui s’inverse avec une rapidité surprenante en présence d’une jolie fille, les vocalisations parasitées par la voix qui mue, l’irrésistible appel du mélange sucre-gras, l’attraction hypnotique des écrans et l’hygiène douteuse : tout enfant (et parent !) côtoyant les affres déstabilisantes de l’adolescence reconnaîtra la perspicacité des observations de Léonie. En représentant les différents comportements de Léonard sous les traits d’un animal (singe, paresseux, porc-épic...), les vignettes rigolotes viennent renforcer une comparaison zoologique pas si éloignée de la vérité...  

Ados animaux s’avère une chouette lecture pour comprendre et dédramatiser les bouleversements de l’adolescence. Au-delà du regard original et drôle, l’histoire met en avant les grands-parents comme relais intéressant lorsque les parents peinent à insérer des temps de légèreté dans une relation conflictuelle avec leur ado. De plus, même si son frère fait le gros lourdaud, l’affection que Léonie lui porte est indéniable. Une affection que Léonard lui rend bien, même s’il la dissimule scrupuleusement au milieu de grognements d’ours mal léché.