Alice racontée aux petits

Raconter Alice au pays des merveilles, aux petits est-ce bien nécessaire ? Les auteurs s’autorisent de Lewis Carroll lui-même qui le souhaitait et pour cela, Maxime Rovere et Annelore Parot offrent aux jeunes lecteurs un grand album animé. On retrouve tous les épisodes du voyage d’Alice endormie sous un arbre et qui suit dans son périple un lapin blanc pressé. On la voit grandir ou rapetisser en fonction des potions qu’elle boit ou de ce qu’elle mange. Elle rencontre des animaux étranges comme le dodo, la tortue, le Griffon et bien sûr le chat du Cheshire. Elle joue au croquet dans le jardin de la Reine et se réveille lorsqu’elle est jugée coupable et condamnée à avoir la tête tranchée. La fidélité aux aventures d’Alice est rendue lisible de bout en bout par les interpellations directes au lecteur « veux-tu savoir de quoi elle rêva ? ». Le traducteur / adaptateur accompagne chaque enfant dans la quête d’Alice et du lecteur. L’illustratrice quant à elle, explicite par les animations les transformations qui inquiètent la petite fille. Des tirettes miment la course des animaux ; des pages pliées, dépliées, visualisent les transformations de taille et superbes, les jurés tombent vraiment comme un château de cartes ! Le sourire du chat du Cheshire est énigmatique à souhait…

Tous ces procédés sont efficaces et susceptibles de parler aux enfants jeunes. Le style de l’illustration paraît toutefois un peu fade et sucrée à l’image de certains manga et rend mal l’angoisse qui s’empare d’Alice. En conclusion, les auteurs réussissent le pari de raconter Alice aux petits, c’est un livre animé réussi. Est-ce pour autant nécessaire ? On peut préférer attendre un peu et s’amuser du jabberwocky et autres délires qui manquent ici.