Alim le Tanneur, tome 2 : Le vent de l’exil

Fait-il bon vivre dans l’empire de Jesameth, le « saint homme » dont les paroles sont assenées dans le crâne de ses disciples ou de ses futurs disciples à coups de hache s’il le faut ou d’épée au travers des corps récalcitrants ? La capitale, Brahmalen, est une véritable théocratie où les dirigeants sont bien à l’abri derrière leurs remparts et leurs guerriers. La société, dans l’empire et surtout dans la cité impériale, est très clivée. Les hors caste n’ont pas d’avenir, ils se taisent, travaillent et meurent. Alim le Tanneur est de ceux-là. Il est affecté au recyclage des corps des redoutables silènes tueuses vivant dans les montagnes, terribles prédatrices qui poussent parfois jusqu’aux portes de la ville. Pourtant son destin bascule lorsqu’il trouve au bord de l’océan une relique qui aurait pu appartenir au dieu Jesameth. Détenteur d’un secret extrêmement dangereux, Alim est contraint de fuir avec sa famille et ils trouvent asile dans un village d’éleveurs à l’écart des routes et des luttes de pouvoir. La vie y est douce, Alim découvre que l’on peut tout simplement vivre en harmonie avec les autres, mêmes différents. Hélas, ce bonheur ne dure pas car l’armée dirigée par le sanguinaire Torq Djihid est en route pour convertir les confins de l’empire à la religion officielle et pour trouver Alim qui constitue une menace pour le pouvoir en pleine déliquescence dans la capitale.

On s’embarque avec grand plaisir dans cette aventure au souffle épique, et dont le sujet central, la religion à quel prix et pour quoi faire, a une résonance toute particulière dans notre XXIème siècle, même si l’histoire se déroule dans un univers de fantasy, aux tonalités orientales : architectures, vêtements en particulier. Saluons, outre l’intérêt du propos et la force des personnages, le dessin particulièrement beau de Virginie Augustin, précis, élégant, expressif et la mise en couleurs qu’elle a réalisée avec Geneviève Penloup, contribuant grandement à créer des atmosphères légères et paisibles dans le village d’accueil d’Alim, contrastant avec la pesanteur qui règne en ville. De la belle ouvrage en vérité, que les adolescents ne devraient pas bouder.